UN MORATOIRE, ÇA PRESSE!
(Chronique parue dans le Journal de Québec le 18 octobre)
Ça fait plus de dix ans que je
m’obstine à répéter sans cesse que la filière éolienne ne mérite pas la
dévotion et le soutien que la classe politique lui voue aveuglément. Je le redis
encore : c’est une énergie, non seulement coûteuse, mais dont la fiabilité
est beaucoup trop faible (25% d’utilisation).
Et voilà que l’Institut Économique de
Montréal et le journaliste d’enquête Michel Morin me font sentir moins seul.
L’étude de l’institut est sans
équivoque : l’énergie éolienne est la plus coûteuse des énergies, soit
14,14 cents du KWh, alors que l’électricité issue du bloc patrimonial (la
«vieille électricité») coûte 5,5 cents du KWh. Ce qui signifie que les
consommateurs québécois subventionnent généreusement l’énergie des gros vire-vent
d’un montant de près de 700 millions de dollars annuellement. C’est là une
facture scandaleusement salée afin de permettre à nos politiciens de revêtir la
soutane du clergé écolo et de se prosterner devant les totems de la religion
verte. Quel navrant spectacle!
Et malgré le fait qu’Hydro-Québec
patauge dans les surplus et doit oublier
les profits fabuleux à l’exportation (parce que les Américains, eux, ne lèvent
pas le nez sur les gaz de schiste et connaissent une véritable révolution
énergétique), le gouvernement persiste à lancer des appels d’offre pour de
l’énergie éolienne (800 MW, récemment).
Ce qui va se traduire par des hausses
de tarifs si substantielles que les Québécois vont perdre à tout jamais le seul
avantage qu’ils avaient en tant que consommateurs et contribuables, soit de bas
tarifs d’électricité. Cet heureux temps est terminé.
Le gouvernement devrait faire preuve
d’un minimum de lucidité et jeter un coup d’œil sur ce qui se passe en Europe
en matière d’énergies dites renouvelables. Il constaterait qu’en cette matière,
c’est la débâcle!
Depuis 2005, les États européens ont
dépensé (gaspillé) 600 milliards d’euros pour des énergies vertes. Et ce sont
les citoyens et les entreprises qui paient la note. Résultat : des tarifs
exorbitants. Cette énergie coûteuse et largement subventionnée met sérieusement
en péril la compétitivité des économies européennes qui peinent à se sortir de
la crise.
Plusieurs États réduisent et même
mettent fin aux régimes généreux de subventions. L’Allemagne est un beau cas
d’espèce. On y trouve l’électricité la plus chère d’Europe (26,8 centimes
d’euro le KWh). Dans le solaire on a dû réduire le tarif de rachat avec comme
conséquence des milliers d’entreprises qui ont fermé. Dans l’éolien aussi.
L’analyste en énergie, Benny Peiser, faisait
récemment le constat suivant : « L’Europe avait une stratégie fondée sur
deux craintes : tout d’abord, que le réchauffement global était une menace
qu’il fallait stopper de manière urgente quel qu’en soit le coût; et
deuxièmement, que le monde allait vers une pénurie de combustibles fossiles, ce
qui signifiait que le pétrole et le gaz deviendraient de plus en plus chers.
Les deux conjectures, malheureusement, se sont avérées fausses.»
Le fiasco européen en matière
d’énergies vertes devrait faire réfléchir la classe politique québécoise et
l’inciter à plus de clairvoyance. Et la simple prudence, dans de telles
circonstances (filières d’une performance
médiocre et hors de prix, surplus d’énergie) devrait se traduire par un
moratoire pur et simple sur l’énergie éolienne.
Avant d’aller trop loin et de
compromettre la santé économique du Québec, la classe politique devrait
impérieusement mettre un terme à ce dévergondage énergétique ruineux.
Jacques Brassard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire