Il y aura donc un gouvernement
minoritaire du Parti Québécois. Avec moins du tiers des suffrages exprimés et
un écart de moins de 1% avec le PLQ, sa légitimité sera fort modeste et sa marge
de manœuvre très mince. Voilà une victoire qui n’a rien d’un triomphe, c’est le
moins qu’on puisse dire.
Chroniqueurs, blogueurs, experts
vrais ou prétendus, éditorialistes ont tellement glosé sur cette élection qu’il
n’y a plus grand-chose à rajouter. Glosons malgré tout!
Je vous dirai d’abord que,
contrairement aux journalistes qui l’ont trouvée passionnante (sans doute parce
que la lutte était serrée), moi, j’ai trouvé cette campagne électorale
déprimante.
Car, voyez-vous, les partis
politiques québécois (notez que c’est partout pareil) ont tous mené le jeu électoral avec le même
vieux logiciel datant de la Révolution tranquille. Il s’agit d’empiler des
engagements ayant pour but, soit «d’enrichir» un programme étatique existant,
soit d’en créer d’autres. L’opération se soldant il va sans dire par des
augmentations de dépenses. Financées comment? Par la dette? Elle a depuis
longtemps dépassé les limites du raisonnable. Par l’impôt? Sacrebleu! Nous
sommes les plus taxés en Amérique du Nord!
Il y a là une sorte d’effet pervers du jeu démocratique : il semble
que ce soit inconvenant de solliciter le vote des électeurs sans leur promettre
de dépenser plus, toujours plus!
De sorte que quand je voyais les
partis politiques prendre l’engagement de multiples façons de poursuivre le
gavage de l’État-Providence pour qu’il devienne encore plus obèse, leur taux de
crédibilité s’affaissait sous mes yeux
et je décrochais, envahi par la déprime et la lassitude.
En fait, on pourrait changer de
logiciel, mais pour ce faire, il faudrait une forte dose de courage politique.
On est loin d’en être là!
En tous cas, ce n’est surement pas le
cas du parti qui est appelé à former un gouvernement minoritaire. Il a plutôt
opté pour la démagogie facile (gel des droits de scolarité et des tarifs de
garderie, sur taxation des riches), l’interventionnisme étatique (moratoire sur
les gaz de schiste, création d’une banque de développement économique, pressurer
les minières, nationaliser la filière éolienne)
et l’écologisme radical.
Bref, le PQ a décidé de se décaler
fortement à gauche et, ainsi, de se rapprocher de Québec Solidaire qui, lui,
est un parti résolument socialiste (pour ne pas dire franchement communiste).
Ce faisant, il a abandonné le centre,
le centre droit et la droite du prisme politique au PLQ et à la CAQ. Voilà
pourquoi il est minoritaire, avec moins du tiers des votes, ce qui constitue un
des pires résultats de ce parti depuis 1976.
Et n’allons surtout pas croire que ce
déportement vers la gauche est une erreur de parcours. Il est voulu et
délibéré. Il résulte du fait que le PQ a cessé d’être une «coalition
arc-en-ciel» depuis le départ de Lucien Bouchard. Mais si ce n’est pas une
erreur de parcours, c’est assurément une erreur d’évaluation des courants
politiques au Québec. C’était pourtant bien connu que la population du Québec
n’adhérait pas majoritairement au système de valeurs et aux schémas de pensée
de la gauche étatiste. Les résultats électoraux en sont la preuve. La gauche (PQ et Québec Solidaire) n’a récolté
que le tiers des voix seulement.
Avec le score qu’il a obtenu, le PQ
n’a manifestement pas assumé sa tâche de rassembleur de l’électorat
souverainiste. En fait, il l’a mis de côté.
À l’époque ou l’ADQ, après être
devenue l’Opposition officielle, avait, à l’élection suivante, perdu subitement
la confiance de la population, j’avais alors (avec d’autres dont Joseph Facal
et Mathieu Bock-côté) pressé le PQ à se recentrer et à se rapprocher de ces centaines de milliers
d’électeurs dépités.
On le sait, il ne l’a pas fait. Il
n’a pas voulu mécontenter son aile gauche et il a fait les yeux doux à Québec
Solidaire. Dès ce moment-là, les jeux étaient faits!
Et nous voilà avec un PQ minoritaire,
plombé par un programme écolo-gauchiste dont la nature populiste a déplu aux
deux tiers de l’électorat. Félicitations pour votre beau programme!
La suite sera navrante! Mme Marois ne
pourra pas mettre en œuvre son programme de gauche et ses promesses
irresponsables. C’est, d’une certaine façon, une chance pour nous!
Les Français, eux, sont moins
chanceux. Non seulement, ils ont élu l’Ahuri à l’Élysée, mais ils lui ont donné
une majorité à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Le désastre est en cours!
Chez nous, la Première Ministre devra
se résigner à des reculades et à des abandons douloureux. Ce qui ne sera pas
mauvais pour nous, mais ça risque de la placer dans des postures pas très
avantageuses et vulnérables devant son escadron écolo-gauchiste.
En fait, pour tout le monde,
l’horizon est brouillé.
Jacques Brassard