vendredi 25 mai 2012

GASPILLAGES

(Chronique parue le 25 Mai dans le Journal de Québec)
                                                   

Tout ce qui va à l’encontre de la «bien-pensance» écolo ne fait guère la manchette. L’information discordante est vite passée à la trappe.

C’est ce qui est arrivé au rapport du Commissaire au Développement Durable. Allez! Vite! À la déchiqueteuse!

Il faut dire qu’il met à mal le mythe --échafaudé par un gouvernement qui s’affiche verdoyant pur jus et par des chamans écolos -- qui fait du Québec un chef de file en matière de climat et de développement durable. `

C’est ainsi que le Commissaire, Jean Cinq-Mars, affirme que la mise en œuvre du plan de lutte contre les changements climatiques (2006-2012) n’a pas permis d’atteindre les cibles fixées de réduction des gaz à effet de serre (surtout le CO2, bien sûr). L’objectif était d’atteindre 6% de baisse par rapport à 1990. Or, les niveaux sont demeurés stables à toutes fins pratiques.

Il est vrai que devant cette incapacité à réduire substantiellement les émissions de CO2 d’origine humaine, je dois vous faire un aveu que les inquisiteurs verts vont sans doute trouver grossier pour ne pas dire obscène : je ne suis guère soucieux…de mon empreinte carbone! Car, voyez-vous, ce n’est un secret pour personne, j’adhère à la position dite climato-sceptique défendue par d’éminents scientifiques (tout aussi respectables et crédibles que ceux qui croient au réchauffement d’origine anthropique), position qui ne reconnait pas le CO2 comme un facteur déterminant en matière de changement climatique.

Mais ce qui me scandalise au plus haut point, ce sont les coûts impliqués dans la mise en branle d’un tel plan : 1,5 milliard $ pour 2006-2012 et 2,7 milliard $ pour 2013-2020. C’est beaucoup d’argent! Et tout ça pour échouer lamentablement dans l’atteinte des cibles fixées. D’ailleurs, même si on les atteignait, cela n’aurait aucun effet sur la température. Il est en effet avéré que l’application stricte et rigoureuse de l’accord de Kyoto n’aurait eu qu’un effet infinitésimal sur la température de la Terre.

Donc, comment doit-on désigner une dépense de plusieurs milliards en vue de financer un plan dont la mise en œuvre ne permet pas d’atteindre les objectifs fixés et qui, même si on les atteignait, n’aurait qu’un effet indétectable sur le thermomètre? D’après vous? Est-ce que ça ne s’appellerait pas du gaspillage de fonds publics? À tout le moins, dans un contexte d’endettement et de périlleux déficits de l’État, c’est  certainement une très mauvaise allocation de ressources! Et personne ne s’indigne de cette dilapidation de vos impôts! Scandaleux!

Le pire c’est qu’il faut ajouter à ce plan ruineux et stérile bien d’autres politiques tout aussi néfastes. Il n’y a qu’à penser à ce parti-pris affiché en faveur de la filière éolienne. Une filière non seulement coûteuse (son prix dépasse les 11 cents le KWh) mais inefficace (une éolienne ne fonctionne guère plus que 20% du temps). Ces grands vire-vent sont les dispendieux totems des gourous écolos. Pourtant, partout dans le monde, les États surendettés coupent les subventions à ces énergies dites renouvelables. Et les faillites se multiplient.

Autre exemple : la multiplication des aires protégées en forêt boréale réduit tellement les approvisionnements que l’industrie forestière ne parvient pas à se dépêtrer d’une crise qui frappe durement plusieurs régions du Québec.

Toutes ces politiques soi-disant écologiques handicapent la création de richesse et l’empêchent de se déployer. La dérive écolo de la classe politique est  une calamité économique pour le Québec.

Jacques Brassard


vendredi 18 mai 2012

PAUVRE FRANCE!

(Chronique parue le 18 Mai dans le Journal de Québec)
                                                     

D’entrée de jeu, il faut signaler que Nicolas Sarkozy, l’ami de Paul Desmarais, est le premier artisan de sa défaite aux présidentielles françaises.

D’abord, il n’a pas été en mesure de respecter ses engagements proclamés lors de la campagne de 2007. Il n’a pas osé toucher aux 35 heures, cette aberration économique concoctée au temps de Mitterrand par Martine Aubry. Il s’est contenté d’une timide réforme des retraites.

Il n’a pas non plus amélioré la sécurité dans les nombreuses «zones sensibles» des grandes villes (euphémisme pour désigner des zones de non-droit livrées aux imams islamistes et aux trafiquants). Enfin, il n’a pas réussi à freiner l’islamisation de la France, l’islam radical prévalant au détriment d’un islam modéré introuvable.

D’autre part, il s’est sans doute bien démené pour combattre la crise économique, mais à la façon d’Obama, c’est-à-dire en gonflant les dépenses publiques et en accroissant de façon pernicieuse le niveau d’endettement. Ajoutons que son flirt avec la gauche (des ministres issus du parti socialiste) a désenchanté sa base électorale.

C’est un fait difficilement contestable : la France n’est pas en très bonne santé. Comme le révélait Le Point (12 avril), «certains pays européens ont une grosse dette, d’autres, un gros déficit, la France a les deux…» : une dette publique de 90% du PIB et un déficit de 5,2% du PIB. Et la Cour des Comptes cible l’effet «boule de neige» qui pourrait «faire monter la dette à 100% du PIB dès 2015 et à 122% en 2020».

Quant aux dépenses publiques, elles atteignent 54% du PIB, un championnat européen. La balance du commerce extérieur  est en chute libre : un déficit de 70 milliard d’euros (l’Allemagne a un excédent de 160 milliards). La croissance est à toutes fins pratiques à zéro.

Face à ce déclin accéléré de la France, quelle est la feuille de route du nouveau Président, soutenu (et plombé) par les communistes et les écolos : des impôts et des taxes. Plus la création de 60,000 postes au sein de la plus lourde bureaucratie du continent européen. Les riches («Je hais les riches!», a-t-il déclaré) et les classes moyennes déjà lourdement taxées vont encore écoper.

«Comment peut-on, au XXIe siècle, écrivent une vingtaine d’économistes français, après des décennies et siècles de réflexion et d’expérience, croire à des recettes qui relèvent plus de la magie incantatoire que de la science? Comment croire qu’un État peut promouvoir la croissance par le seul fait qu’il dépense plus, sans se rendre compte qu’il prélève par l’impôt ou par l’emprunt les ressources nécessaires à ses gaspillages et à ses dépenses démagogiques?». La politique socialiste de M. Hollande, concluaient-ils, «ne pourra produire que la stagnation économique, un chômage accru, un endettement publique insupportable».

Et concernant les vives inquiétudes des Français en matière d’islamisation et de sécurité, elles ne seront certes pas apaisées par François Hollande. Qu’il suffise de signaler que plus de 90% des musulmans ont voté socialiste et que, lors du festival de la gauche, place de la Bastille, les drapeaux marocains, algériens, syriens, palestiniens étaient plus nombreux que les drapeaux tricolores. Mauvais présage!

En 1981, l’application du programme socialo-communiste de Mitterrand a plongé la France dans la débâcle économique. Il a fallu vite recourir à la rigueur et  aux privatisations. Mais à la différence de 1981, pour François Hollande, la banqueroute est déjà là. Dans l’antichambre de l’Élysée!

Jacques Brassard

vendredi 11 mai 2012

MAUVAIS AUGURE

(Chronique parue le 11 mai dans le Journal de Québec)
                                                  

Le Québec tout entier aura basculé dans une crise socio politique qui dure et perdure pour une raison somme toute…banale : une hausse modérée et justifiée des frais de scolarité sur cinq ans (ramenée à sept ans).

Cette crise, que l’on se plait en certains milieux branchés à désigner pompeusement sous le vocable de «Printemps Québécois», est révélatrice de l’état de la société québécoise au moment même ou elle doit faire face à un sérieux effritement des fondations de l’État Providence, édifié au cours des 50 dernières années à des coûts dépassant largement nos moyens.

C’est ainsi que la fronde étudiante (mélange détonnant d’utopisme débridé, de vandalisme et d’intimidation) a pu compter sur l’appui de toutes les forces dites «progressistes», c’est-à-dire, essentiellement, l’ensemble des composantes de la gauche : les corporatismes syndicaux, un partie notable de la classe politique (PQ, Québec-Solidaire), la colonie artistique et une large proportion de l’intelligentsia (écrivains, universitaires, intellos).

De sorte qu’on peut dire que les rebelles étudiants apparaissent de plus en plus comme l’avant-garde des troupes des bénéficiaires syndiqués du coûteux «Modèle Québécois» qui s’apprêtent à monter l’assaut de tout gouvernement  qui osera entreprendre des réformes visant à rendre plus conformes à nos moyens  des pièces majeures de l’État providence.

La révolte étudiante, c’est la «bataille de Dieppe» précédant et préparant le «Grand Débarquement»!

Par ailleurs, ce que révèle cette crise, c’est l’état de déliquescence avancé de l’autorité à tous les niveaux de la société. Pour ce qui est de l’autorité parentale, on s’en doutait déjà. Mais ce qui inquiète au plus haut point, c’est la démission des autorités institutionnelles. Celles des universités et des cegeps se sont comportées dans ce foutoir comme des lopettes. Quant aux profs syndiqués, ce fut, de leur part, des prosternations obséquieuses et totalement irresponsables devant la «grandeur et la beauté» du combat révolutionnaire des étudiants. De plus, on a fait un «doigt d’honneur» aux tribunaux.

Tout cela est de très mauvais augure pour la suite des choses.

Si on a eu droit à tout ce tohu-bohu pour un trivial dégel des frais de scolarité, imaginez-vous ce qui va survenir lorsqu’un gouvernement courageux (est-ce un oxymore?) entreprendra une inévitable opération de reconfiguration de notre sacro-saint «Modèle Québécois»? Une guerre sociale? Une plongée dans l’anarchie? Une insurrection généralisée?

Vous voyez bien ce que je veux dire? Évoquons quelques exemples.

Un gouvernement courageux met en œuvre une nécessaire réforme en profondeur des services de garde pour en réduire les coûts exorbitants. Que se passe-t-il? Le chaos social? Une immense pagaille dans tout le Québec?

Un gouvernement courageux met en branle une révision de l’assurance parentale pour la rendre moins «chromée». Qu’advient-il? Une mutinerie universelle? Le Grand Bordel?

Un gouvernement courageux décide d’élargir la place du privé dans le système de santé. Quelle est la réaction? La «guerre nucléaire»?



Vous croyez que je suis pessimiste? Que j’exagère? Je ne crois pas. Toutes les sociétés occidentales, vivant depuis des décennies au-dessus de leurs moyens et donc surendettées, sont dans l’obligation de donner à leurs États Providence une taille plus modeste. Certaines ont réussi (Allemagne, Suède), d’autres ont sombré dans le désordre et l’émeute (Grèce).

Chez nous, je crains que le chahut estudiantin ne préfigure bien des tourmentes et bien des tumultes lorsqu’apparaitra un gouvernement courageux décidé d’agir. Nous aurons un gouvernement, ça c’est sûr, mais sera-t-il courageux?  Un doute m’assaille!

Jacques Brassard








vendredi 4 mai 2012

NOUVEAU CALENDRIER

(Chronique parue le 4 mai dans le Journal de Québec)
                                                

Le calendrier judéo-chrétien auquel je suis habitué depuis ma tendre enfance est en voie d’être remplacé par un nouveau, établi par l’ONU, avec le soutien énergique des escadrons gauchistes et de l’Église écolo.

C’est ainsi que nous avons droit à une «Journée sans Voiture», consacrée à la détestation de cette horrifique invention : l’automobile. Et à un  «Jour sans Achat», voué à l’exécration de l’odieuse société de consommation.

N’oublions pas «une Heure pour la Planète», le soir ou l’on se plonge une heure dans la noirceur pour bien exprimer notre dégoût de l’énergie électrique. Et le «Jour sans Viande», moment choisi pour étaler toute la répugnance qu’inspirent les infects carnivores. Et le «Jour sans Tabac»…

La liste est longue : Journées mondiales de l’Environnement, de la Biodiversité, de l’Océan, de l’Eau, de la Protection de la Couche d’Ozone. Et pour ajouter une dimension festive, on agrémente le tout avec la Journée de la Blague, celle de la Gentillesse et, enfin, celle des Câlins!

Et surtout, il y a l’équivalent de la Pâques chrétienne, la «Journée de la Terre»! Il y a deux semaines, le 22 avril, à Montréal, on a pu voir un immense défilé, une grande marche, une magnifique procession (comme celle de la Fête-Dieu d’autrefois), afin de rendre hommage à la Terre, la Mère Nature, la déesse Gaïa!

Cet évènement rassemblait toute la mouvance écolo, les zartistes engagés, toutes les composantes de la gauche, des communistes aux socio-démocrates en passant par les alter mondialistes, les bobos et les étudiants en rébellion, sans doute accompagnés de leurs profs syndiqués. Une grandiose liturgie célébrant la Terre Mère!

L’écologie est, écrit Pascal Bruckner, «la nouvelle religion séculière qui s’élève sur les décombres d’un monde incroyant». Les zartistes et les chamans Verts en sont les «prophètes et les pasteurs». Et on l’enseigne et la propage, cette nouvelle religion dont l’ONU est en quelque sorte le Vatican, dans les écoles.

Je cite de nouveau Pascal Bruckner. «L’écologie, écrit-il (Le Fanatisme de l’Apocalypse), est devenue une idéologie globale qui couvre l’intégralité de l’existence, les modes de production autant que les manières de vivre. On y retrouve tous les travers du marxisme appliqués à l’environnement : le scientisme omniprésent, les visions effroyables de l’Humanité, l’admonestation aux hommes coupables de ne pas comprendre ceux qui leur veulent du bien.»

C’est ainsi que l’un des thèmes du grand cérémonial du 22 avril était la nocivité et la malfaisance, à l’endroit de Gaïa, du mode de production capitaliste. Le développement économique, surtout celui portant sur les mines et les hydrocarbures, est l’objet d’une furieuse hostilité. On y rêve de croissance zéro et même de décroissance. On y conspue les barrages hydroélectriques. C’est tout juste si l’on n’accuse pas Harper de crime contre l’humanité pour avoir renié le Protocole de Kyoto. Sur cette thématique, les zartistes ont d’ailleurs fait une vidéo d’une insondable débilité.

Évidemment, toutes ces hordes d’apôtres zélés de la Terre Mère ne se soucient guère du fait que contrecarrer le développement économique et entraver la création de richesse se traduisent concrètement par plus de chômage, une baisse du niveau de vie et des rentrées fiscales amoindries. Le sauvetage de la Planète est à ce prix, n’est-ce pas?

L’humanité est une espèce nuisible, la société dite de consommation est un cancer, l’économie de marché est une gangrène, tels sont les dogmes de cette nouvelle religion de la Terre-Mère. Ça vous intéresse?

Jacques Brassard