Les positions de la classe politique
québécoise sur le registre des armes à feu ne sont, en fait, inspirées que par
le besoin irrésistible d’exhiber compassion et empathie à l’égard des proches
des victimes et des citoyens horrifiés par des tueries perpétrées par des
déments saisis d’une rage meurtrière.
C’est une façon de proclamer : «
Voyez comment, nous, les politiciens, sommes pleins de douleur et de tristesse
devant ces massacres abominables! Et voyez comme nous sommes déterminés à
empêcher de pareilles horreurs! » Le registre des armes à feu a constitué la
concrétisation étatique de cette posture compassionnelle. Ce n’était cependant
pas une réaction rationnelle.
Il y a aussi un autre mobile à la
base de cette attitude de la classe politique québécoise et c’est qu’elle
entend bien, tous partis confondus, profiter de la diabolisation de Stephen
Harper au Québec. Exploiter cette image d’un Harper «froid et inhumain» peut
procurer à peu de frais un bénéfice politique.
Combinez ces deux pulsions et vous avez
un discours tout imprégné de démagogie, de mauvaise foi et d’hypocrisie.
Détruire les données du registre des armes de chasse, déclarent les politiciens,
la mine triste et indignée, c’est favoriser les crimes les plus violents et
c’est abolir un instrument qui permettrait d’arrêter les criminels avant qu’ils
passent à l’acte.
Ce discours est non seulement
grossièrement démagogique, il est faux.
D’abord, personne n’est en mesure
d’identifier un crime qui a pu être évité grâce au registre. D’autant plus que,
dans pratiquement tous les cas, les armes utilisées n’étaient pas enregistrées.
Ou c’était des armes illégales. Comment peut-on penser sérieusement qu’un
assassin fou, un braqueur ou un tueur à gage va prendre bien soin de s’assurer
que son arme est dûment enregistrée? À moins d’être un prodigieux crétin!
Par ailleurs affirmer, comme certaine
députés et certains groupes, qu’une fois le registre aboli, n’importe qui
pourra se procurer, sans le moindre contrôle, une arme d’épaule et s’en servir
pour commettre un crime, c’est, soit étaler une ignorance bien crasse, soit
manifester une affligeante mauvaise foi.
Car, voyez-vous, le chasseur (et j’en
suis un), perçu comme un criminel en puissance, doit, pour posséder et utiliser
des armes d’épaule (fusil et carabine), détenir deux permis. Le premier,
accordé par l’État québécois, atteste que son détenteur connait bien le
maniement sécuritaire des armes à feu. Le second, octroyé par le Fédéral,
appelé «Permis de Possession et d’Acquisition», est indispensable pour posséder
et acheter une arme d’épaule et pour se procurer des munitions.
Et avant d’obtenir ce dernier, il
faut fournir plein de renseignements personnels qui sont vérifiées afin de
s’assurer qu’il n’y a pas de menace pour la société.
Il existe donc deux registres de
permis qui permettent aux policiers de savoir qu’une personne, d’une part,
connait le maniement des armes et, d’autre part, possède des armes à feu.
Par conséquent, un registre des armes
d’épaules est parfaitement inutile. Ce n’est qu’une autre grosse patente
bureaucratique. Et les fanfaronnades et gesticulations judiciaires en vue de
récupérer les données ne visent qu’à se faire du capital politique sur le dos
de Harper, le «Malfaisant-et-satanique» PM fédéral.
Les chasseurs québécois sont
d’honnêtes citoyens qui se servent de leurs armes de façon très sécuritaire.
S’en servir comme boucs émissaires à des fins de basse politique est loin
d’être honorable. Arrêtez les frais!
Jacques Brassard