dimanche 25 décembre 2011

EN VRAC


                                                      

LE MARCHÉ DU CARBONE

Le gouvernement Charest a manifestement décidé d’être le gouvernement le plus enverdeur  de la Planète. S’imagine-t-il que c’est la voie à suivre pour reconquérir l’électorat? Si c’est le cas, il risque d’être bien déçu.

Pense-t-il sérieusement qu’il va séduire le peuple en devenant le seul État (avec la Californie  qui est, comme chacun sait, un État en faillite) à mettre en place un marché carbone?

En Europe ce genre de marché est devenu une gigantesque arnaque! Une machine à fraudes!

Aux États-Unis, le marché de Chicago s’est effondré. Parce qu’il repose sur du vent… qu’on vend!

Et voilà que le Québec, lui, joue au matamore  verdoyant en faisant cavalier seul.

Évidemment, les entreprises du Québec sont estomaquées de voir qu’elles seront les seules à assumer les coûts d’une pareille charlatanerie. À l’exception de l’industrie de l’aluminium qui, avec une hypocrisie obséquieuse, salue l’initiative du gouvernement. Tartuferie! Quand on sait que l’énergie est le principal coût de production de cette industrie, tout le monde est au courant qu’elle a toujours développé des technologies lui permettant de produire plus avec le même volume d’énergie. Marché de carbone…où pas!



L’Opposition officielle, elle, n’a pas jugé bon de dire un seul mot. On le comprend. Le PQ qui rivalise avec le PLQ pour être le premier en matière de carcans et de servitudes écolos imposés aux contribuables et aux entreprises est pleinement d’accord avec cette emmerderie écolo-technocratique.

LES «MINOUNES»

C’est un vieux projet qui s’empoussiérait dans les caves du Ministère de l’Environnement. Les écolo-bureaucrates avaient tenté de le faire adopter par le gouvernement de Lucien Bouchard. Il fut vite expédié aux oubliettes.

Il aura fallu le verdoyant Premier Ministre actuel et son ineffable ministre vassalisé par les chamanes écolos pour faire avaler cette grosse couleuvre par le Conseil des Ministres et les députés libéraux.

Ce projet de loi, rappelons-le, obligera les propriétaires d’autos «vieilles» de 8 ans et plus à faire inspecter leurs véhicules, non pas pour des motifs de sécurité, mais pour examiner leur performance en matière de rejet de CO2. Hallucinant!

On s’apprête donc, encore et toujours, à molester les automobilistes et à les rançonner parce que, peut-être, ils auraient une «empreinte carbone» un peu trop forte. Encore une taxe déguisée de plus sur le dos des salopards d’automobilistes! Encore une structure bureaucratique de plus…pour notre bien à tous! Et, pour couronner le tout, un réseau de garages accrédités (oh! Les chanceux!)  dont on verra sans doute apparaître les noms des propriétaires sur la liste des donateurs du PLQ!

On aurait cru que l’Opposition officielle (le PQ en l’occurrence) se serait levée d’un bloc pour descendre en flammes cet OVNI malencontreux. Pas du tout! Silence total! Ce qui signifie, qui ne dit mot consent, que le PQ est en accord avec cette entourloupette sortie des sous-sols du Ministère de l’Environnement.

Ce qui n’est guère surprenant quand on sait que la politique environnementale du PQ est sous la gouverne de la député Martine Ouellet, une écolo pur jus.

Heureusement que l’ADQ et certains chroniqueurs du Journal de Québec ont cru bon de prendre la défense du troupeau mal-aimé des «moutons-automobilistes».

DÉMAGOGIE SENTIMENTALE

Sur l’abolition du registre des armes d’épaule, le Gouvernement du Québec et pratiquement toute la classe politique se sont englués dans un cloaque de démagogie, de mauvaise foi et de sentimentalisme. Rien de rationnel dans ces cajoleries et ces courbettes à l’endroit des groupes de pressions viscéralement hostiles aux armes à feu.

Laisser entendre qu’une tragédie comme celle de la Polytechnique aurait pu être évitée sir les armes de chasse avaient été enregistrées, c’est de la démagogie de bas étage. Dans tous ces drames horribles, ici ou ailleurs, ce sont des armes prohibées, donc illégales, donc n’étant pas inscrites dans un registre, qui sont utilisées.

Par ailleurs, affirmer, comme certains députés et certains groupes, qu’une fois le registre aboli, n’importe qui pourra se procurer une arme d’épaule et s’en servir pour commettre des crimes, c’est faire preuve soit d’ignorance, soit de mauvaise foi.

Je suis moi-même chasseur. Je possède des fusils et des carabines. Pour ce faire, je dois détenir deux permis : un en provenance du Gouvernement du Québec attestant que je connais le maniement des armes à feu, et un autre, accordé par le fédéral (un permis de possession et d’acquisition) que je dois absolument posséder si je veux acheter une arme à feu et me procurer des munitions. Et, avant d’obtenir ce dernier permis, je dois fournir plein de renseignements personnels (qui sont vérifiés) afin de s’assurer qu’en acquérant des armes à feu, je ne constitue pas une menace pour la société.

Ce registre des permis permet donc aux policiers de savoir si telle personne impliquée dans un acte criminel en train de se commettre est susceptible de posséder des armes à feu…légales. Si ce sont des armes prohibées, impossible de savoir, évidemment.

Exemple : un «forcené» (c’est comme ça que la presse les appelle tous) détient des otages. La police consulte le registre des permis. Elle constate que le «forcené» détient un permis de possession et d’acquisition. Donc, il a sûrement des armes entre les mains. Voilà l’information  essentielle! Que l’arme soit un calibre 12 à pompe ou une carabine 300 magnum est de peu d’importance. Il est armé et il est dangereux, voilà ce qui compte.

Pourquoi alors tout ce boucan pour récupérer les données du registre aboli? Pour faire plaisir aux groupes de pression qui voient les chasseurs comme des criminels en puissance!

Au lieu d’enquiquiner d’honnêtes citoyens qui se servent de leurs armes d’épaule et qui les entreposent de façon très sécuritaire, et au lieu de créer une patente bureaucratique parfaitement inutile, le Gouvernement et les corps de police feraient mieux de sévir efficacement contre le trafic d’armes prohibées concentré dans les réserves iroquoises. Ce serait là des opérations qui pourraient vraiment réduire les risques de tragédies comme celles de Polytechnique et de Dawson.

Et dans ce dossier, l’Opposition officielle, qui a toujours été d’accord (comme le Bloc) avec le registre, a choisi encore une fois de soutenir le Gouvernement.

Ma grand’mère avait une expression pour décrire un copinage semblable. Elle disait : «Deux culs dans la même chemise!».



PROCHAINE ÉLECTION

Lors de la prochaine élection générale, je vais évaluer les partis politiques en lice à partir du critère de crédibilité et de fiabilité suivant : les dépenses nouvelles qu’ils vont promettre.

Un parti qui annoncera des engagements de dépenses nouvelles dans quelque domaine que ce soit, verra sa cote de crédibilité et de fiabilité décroître. Quand les engagements atteindront le cap du milliard, la cote tombera à zéro.

 Vous comprenez bien qu’un parti qui aspire à gouverner un État surendetté, accablant les contribuables du fardeau fiscal le plus lourd d’Amérique, empruntant pour «payer l’épicerie», vivant au crochet de la péréquation, et qui prend quand même des engagements de dépenses nouvelles massives, ne mérite aucunement la confiance des citoyens et ne jouit d’aucune crédibilité puisqu’il sera dans l’incapacité de «livrer la marchandise».

Avec un tel critère, j’appréhende qu’il n’y ait aucun parti qui soit digne de gouverner. On n’est pas sorti du bois!

Jacques Brassard
















lundi 12 décembre 2011

JE VEUX MON PRIX FOSSILE!


                          

Les «prix Fossiles» sont décernés par un conglomérat de brigades vertes aux pays et États qui ne suivent pas docilement les dogmes et le credo réchauffistes.

Le Gouvernement Harper est vraiment choyé à cet égard. Il en a toute une collection. Il en a même déjà reçu trois à la fois. Ce qui, je l’avoue, me rend un tantinet jaloux. Je guerroie contre les impostures et les manipulations écolos depuis des années et je n’ai jamais reçu aucun prix Fossile. Je vous le dis, ça me vexe!

Je ne suis peut-être qu’un politicien à la retraite et un modeste blogueur de l’arrière-pays, mais il me semble que je mérite, moi aussi, ne serait-ce que pour ma persévérance au combat, ce prestigieux prix!

Je le crie donc haut et fort : je veux et j’exige mon prix Fossile!

Mais je suis quand même content pour Monsieur Harper. Ses efforts sont récompensés. À Copenhague, à Cancun et maintenant à Durban, il est vrai qu’il met tout en œuvre pour se retrouver sur le podium. Bravo et félicitations! Sa contribution à la mort de Kyoto devait être signalée et reconnue.

Admirons d’abord la logique de l’argumentation dont fait preuve M. Harper. Elle est imparable.

Faisons l’hypothèse, nous dit-il, que la théorie du réchauffement anthropique est irréfutable. Admettons donc comme prémisse que les émissions humaines de CO2 font grimper le thermomètre.

Par conséquent, s’il faut réduire les émissions de CO2 pour ne pas se retrouver dans la friture, il est indispensable que tous les États sans exception soient assujettis à des seuils contraignants de réduction.

 C’était loin d’être le cas avec le Protocole de Kyoto. Les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil et tous les pays en voie de développement n’étaient pas signataires du traité, ce qui représente plus de 70% des émissions d’origine humaine.

Et rappelons-nous que les pays signataires n’ont même pas été capables de respecter les objectifs fixés. Ce qui se comprend très bien, puisque restreindre le recours aux énergies fossiles, c’était freiner le développement économique.

Ce fut donc le Grand Bal des hypocrites. Les gouvernements claironnaient leur détermination d’atteindre les objectifs de réduction de CO2, tout en sachant qu’il était impossible de les respecter.

Or M. Harper a refusé de jouer de nouveau au Tartufe. Et il a annoncé la couleur. Si tous les pays, riches, émergents et pauvres, ne sont pas liés à Kyoto II, il ne faut rien faire devant l’agonie et la mort du Protocole. On l’enterre et on rentre chez soi.

On s’en souviendra comme d’un échec monumental et lamentable qui aura coûté des milliards sans faire bouger d’un poil le thermomètre.

Saluons donc la lucidité et le bon sens du PM du Canada.

Ceci étant dit, il aurait reçu aussi et sans le moindre doute un autre prix Fossile s’il avait exprimé le fond de sa pensée sur le RCA (Réchauffement Climatique Anthropique). Car je suis convaincu que M. Harper est un climato-sceptique, comme c’est d’ailleurs le cas d’une partie non négligeable de la communauté scientifique.

Dans 10, 15 ans, quand nous serons bien obligés de constater que nous sommes entrés dans une période froide (reconnaissant ainsi le rôle déterminant dans l’évolution du climat de la Terre des oscillations océaniques et du rayonnement cosmique), nous serons stupéfiés et gênés en nous rappelant avoir cru que le CO2 (0,03% de la composition de l’atmosphère de la Terre), mais surtout le CO2 produit par les humains (soit 1,25% de 0,03%) était à l’origine du réchauffement récent (1975-2000).

Je suis presque certain que M. Harper n’adhère pas à cette hystérie carbonique. Mais comme, pour mettre à mort le Protocole de Kyoto, il lui suffit de s’en tenir au raisonnement ci-énoncé (si c’est le CO2 émis par les humains qui gouverne le climat, TOUS les pays doivent être parties prenantes du nouveau traité), il n’a pas besoin de contester sur le plan scientifique les fondements du réchauffisme.

Je crois cependant qu’il devrait malgré tout le faire. Aux États-Unis, une large proportion de la classe politique et un grand nombre de scientifiques n’adhèrent pas au dogme du GIEC. Et c’est d’ailleurs pourquoi Obama n’est pas en mesure de donner son aval à Kyoto II et de mettre en place un marché du carbone.

Je pense donc que M. Harper devrait créer un forum au sein duquel un vrai débat scientifique sur l’orthodoxie climatique du GIEC devrait avoir lieu. Ce qui lui permettrait, le chanceux, d’ajouter quelques prix Fossiles à sa collection.

Par ailleurs, il lui aurait suffi de refuser de contribuer au Fonds Vert (créé à Cancun et destiné à aider les pays en voie de développement à réduire leurs émissions de CO2) pour qu’on lui décerne d’autres prix Fossiles. Il a plutôt annoncé une contribution de plus d’un milliard de dollars au Fonds Vert.

Quand on connait les graves problèmes vécues par les pays pauvres (manque d’eau potable; absence d’électricité pour des millions d’êtres humains; méfaits du protectionnisme agricole des pays développés; sida; malnutrition; graves carences en éducation; multiples défaillances dans la lutte contre les vraies pollutions, celles qui sont réellement nocives, et même toxiques), il nous faut conclure que consacrer des milliards pour réduire les émissions d’un gaz somme toute inoffensif (utile même à la vie) plutôt que d’aider à trouver des solutions à ces immenses problèmes, c’est à n’en pas douter une très mauvaise allocation de ressources, pour ne pas dire un gaspillage éhonté.

Le Gouvernement Harper aurait donc du refuser carrément de financer le Fonds Vert. Les pays développés traversent présentement une grave crise économique. Ils doivent s’assurer que leur aide aux pays en voie de développement soit la plus utile possible.

Ce n’est pas en finançant dans les pays pauvres des filières énergétiques (éolien, solaire) dont la vertu première n’est pas l’efficacité, mais le peu de CO2 qu’elles génèrent, qu’ils vont leur être vraiment bénéfiques.

Allez demander à la Chine, qui met en production deux centrales au charbon par semaine, si des filières coûteuses et inefficaces  comme celles-là  sont en mesure de combler les énormes besoins en électricité des dizaines de millions d’êtres humains qui n’y ont pas accès du tout.

Et en passant, avez-vous remarqué qu’Obama, pourtant aussi réfractaire que M. Harper à maintenir en vie Kyoto, n’a reçu, lui, aucun prix Fossile. Il faut croire qu’être de gauche constitue un apanage qui vous met à l’abri de toute critique de la part du clergé «enverdeur».

Kyoto ne sera donc pas renouvelé. Trois fois hourrah! Et félicitations à M. harper pour le rôle qu’il a joué dans cette extinction.

Les chamanes et les gourous verdoyants lui ont décerné plusieurs prix Fossiles. Mais je les trouve pingres, chiches, hautains, de ne pas daigner m’en accorder au moins un! Un petit bronze, tiens! Je suis choqué et mortifié! Le chamane Guilbeault que j’ai si souvent vilipendé et le chanoine Villeneuve devant qui je ne me suis jamais prosterné devraient faire un petit effort et intercéder en ma faveur.

JE VEUX MON PRIX FOSSILE!

Jacques Brassard

DERIÈRE HEURE :

Comme à Copenhague et comme à Cancun, la conférence de Durban a fini dans les bonnes intentions et la pensée magique. Les délégués en sont arrivés à un accord prévoyant…la poursuite des pourparlers!

On ne s’entend pas sur l’essentiel (c’est-à-dire sur un traité de nature contraignante s’appliquant à tous), mais tout le monde convient qu’il faut continuer de faire du Tourisme Climatique (n’oublions pas qu’ils étaient plusieurs milliers à Durban : activistes, politiciens, bureaucrates, journalistes). Le tout aux frais du contribuable. À la condition toutefois que ça se déroule dans un lieu de villégiature de luxe. Donc, plus jamais des villes nordiques comme Copenhague où l’on se gèle le c… et le cerveau!

J.B.
RÉPONSE

Vous trouverez à la section commentaires plusieurs messages résolument réchauffistes. Je les publie (malgré qu'ils ne soient pas bien gentils à mon égard) parce qu'ils illustrent à merveille combien les mantras de l'idéologie carbocentriste sont recrachés mécaniquement par les disciples.Cela fait penser au moulin à prières tibétain!
Pour se convaincre de la solidité de leur foi, ils en reviennent toujours à l'argument d'autorité. Pour eux, les scientifiques qui épousent et défendent la théorie du réchauffement anthropique sont automatiquement dotés d'une crédibilité hors de tout doute. Invoquer leurs noms suffit pour conférer à leurs théories et à leurs opinions le statut de «vérités scientifiques» indépassables. Le sectarisme se pointe ici le nez. Toutes les études provenant de scientifiques mettant en doute l'orthodoxie réchauffiste du GIEC sont «ontologiquement» nulles et non avenues. Comme dit le grand gourou Al Gore, «la science est établie».
L'autre dimension de l'argument d'autorité (l'argument le plus faible selon Aristote et St-Thomas d'Aquin) c'est de mettre en relief le nombre de scientifiques dans chacun des deux camps. Combien y-a-t-il de scientifiques climato-sceptiques, nous demandent-ils avec une petit air arrogant? 2, 3, 5, 10%? Ils sont minoritaires, donc ils sont dans l'erreur.
Depuis quand la vérité scientifique se détermine en fonction du nombre de savants qui y adhèrent. L'histoire de la science est pleine de théories qui, avant de s'avérer vraies, ont été contestées par pratiquement toute la communauté scientifique. Ce n'est donc pas parce que, maintenant, une majorité semble pencher du côté du RCA que cette théorie est vraie.
Le refus manifeste, tel qu'il apparait dans certains messages, d'examiner les théories contraires à l'orthodoxie, comme celles, par exemple, mettant en cause le rôle de notre étoile, montre bien qu'on ne peut pas faire boire un âne qui n'a pas soif!
Jacques Brassard























vendredi 2 décembre 2011

CONFUSION IDENTITAIRE


                                            

Pourquoi, à deux reprises, le peuple québécois s’est-il dit NON à lui-même? Pourquoi, à 15 ans d’intervalle, deux défaites référendaires portant sur la création d’un pays bien à nous? Qui doit porter la responsabilité de ces deux échecs? Pierre Elliott Trudeau? Jean Chrétien? Les «nouveaux citoyens»? Les Canadiens anglais? Ces questions nous hantent depuis 1980.

On peut bien cibler, comme Jacques Parizeau l’a fait au soir du référendum de 95, «l’argent et les votes ethniques», il n’en demeure pas moins que les vrais et seuls responsables de ces débâcles sur une question aussi fondamentale, c’est nous-mêmes. Et quand je dis «nous», je fais référence aux Québécois dits  de souche.

 Attention! Je ne prétends pas que M. Parizeau avait tort. Le Gouvernement fédéral a effectivement plongé à pleines mains dans le Trésor public pour financer une orgie de propagande et, de plus, les «usines de citoyenneté» ont fonctionné à plein régime pour ajouter des électeurs au camp du NON. Ce sont là des faits avérés et documentés.

Mais si les Québécois n’avaient pas été déboussolé sur le plan identitaire, s’ils n’avaient pas été plongés dans une sorte de chaos identitaire, ils auraient dit OUI, probablement dès le premier référendum, sûrement lors du second, et les deux évènements scandaleux dénoncés par M. Parizeau ne seraient que faits divers illustrant simplement la panique dans le camp du NON.

Non, nous avons perdu parce que les citoyens du Québec vivent depuis très longtemps dans la confusion identitaire. Ils sont écartelés entre deux appartenances identitaires, la canadienne et la québécoise.

Et ça ne date pas d’hier. Je viens de relire les Mémoires de l’abbé Lionel Groulx. Passionnant et éclairant tout à la fois.

On peut y suivre à la trace, au fil des décennies, les diverses péripéties  de l’affrontement entre deux nationalismes, le canadien, porté et incarné par Henri Bourassa et le canadien-français, défendu et personnifié par l’abbé Lionel Groulx.

On l’oublie trop souvent, Henri Bourassa était d’abord et avant tout un nationaliste canadien. Ses combats contre l’impérialisme britannique en témoignent. Lionel Groulx, lui, était un nationaliste canadien-français. Son attachement et sa fidélité étaient voués à ce «petit peuple» français et catholique qui vivait sur les rives du St-Laurent.

Cet attachement et cette fidélité, on la retrouve dans le fameux discours qu’il a prononcé lors du deuxième Congrès de la langue française en juin 1937. «Je suis de ceux qui espèrent, disait-il.  j’espère avec tous les ancêtres qui ont espéré; j’espère avec tous les espérants  d’aujourd’hui; j’espère par-dessus mon temps, par-dessus tous les découragés. Qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, notre État français, nous l’aurons jeune, fort, rayonnant et beau, foyer spirituel, pôle dynamique pour toute l’Amérique française. Nous aurons aussi un pays français, un pays qui portera son âme dans son visage. Les snobs, les bonne-ententistes, les défaitistes peuvent nous crier : « Vous êtes la dernière génération de Canadiens français!». Je leur réponds avec toute la jeunesse : « Nous sommes la génération des vivants. Vous êtes la dernière génération des morts! ». C’est très lyrique, j’en conviens, mais quelle péroraison magnifique et émouvante!

Au fil des ans, les confrontations Chapleau-Mercier (lors de l’affaire Riel), St-Laurent-Duplessis, Trudeau-Lévesque, Chrétien-Parizeau, Chrétien-Bouchard sont toutes de même nature que celle opposant Henri Bourassa à Lionel Groulx.

D’un côté, ceux dont l’appartenance au Canada prédomine lorsqu’il y un choix de nature identitaire à faire; de l’autre, ceux chez qui l’attachement au peuple québécois (ou canadien-français) prime sans conteste.

Or, depuis plus d’un siècle, cette ambivalence identitaire a prévalu au Québec. Et elle apparait dans tous les sondages que la firme Léger et Léger a fait sur ce sujet depuis qu’elle existe.

Vous connaissez la fameuse question :« Vous considérez-vous comme exclusivement Canadien, Canadien d’abord et avant tout, exclusivement Québécois, Québécois d’abord et avant tout, ou les deux, Canadien et Québécois, également?

En connaissez-vous beaucoup des peuples à qui on doit poser une question aussi biscornue et aussi saugrenue?  Il ne viendrait à personne l’idée de poser une telle question aux Finlandais, aux Polonais, aux Lithuaniens, ou encore aux Tamouls.

Nous, sur le plan identitaire, ne savons pas à quels saints nous vouer! Nous sommes «mêlés»! Déboussolés! Comme…Elvis Gratton!

Mais pourquoi? Essentiellement, parce que nous sommes, depuis la conquête, un peuple annexé. Cette notion «d’annexion» a été élaborée par l’historien Maurice Seguin dans ses cours sur les deux nationalismes au Canada. « Et surtout, écrivait-il, qu’on ne dise pas que le Canada-Français est en mauvaise posture parce que le pacte de 1867 n’a pas été respecté. C’est parce que le prétendu pacte de 1867 a été respecté dans ses grandes lignes et quant à son esprit que les Canadiens-Français sont annexés, limités, provincialisés, comme ils l’étaient déjà en 1841 et somme toute depuis la Conquête ».

Et c’est ce processus d’annexion qui, à la longue, a entraîné ce que Mathieu Bock-Côté a appelé (c’est d’ailleurs le titre de son livre) la «DÉNATIONALISATION TRANQUILLE». C’est-à-dire et en quelque sorte une perte de substance identitaire chez la nation annexée. Accompagnée aussi d’une transmutation identitaire chez une large fraction du peuple annexé.

Une telle réalité, fruit d’une longue annexion, donne, sur le plan identitaire, les résultats «elvis-gratonniens»  que l’on voit dans les sondages. Une dislocation identitaire!

Partant de là, on comprend bien pourquoi, dans un référendum qui a pour but de «sortir de l’annexion», toute la partie du peuple annexé qui a intériorisé l’identité de la nation «annexante» refusera d’adhérer à un tel objectif.

En clair, les souverainistes ont été défaits lors des deux référendums parce qu’il y avait trop, au sein de la nation annexée, de «Canadiens exclusivement» et de «Canadiens d’abord et avant tout». 

Car ce qui détermine l’issue d’une consultation aussi fondamentale c’est, je dirais, la solidité, la vigueur et l’étendu du sentiment identitaire chez la nation annexée. Si le substrat identitaire est trop fragilisé et diminué, c’est la défaite assurée. C’est ce qui nous est arrivé à deux reprises.

Lorsque l’on prend en compte cette donnée essentielle, on ne peut qu’observer l’inanité de l’explication voulant que l’adhésion à la souveraineté a plafonné et continue de plafonner tout simplement «parce qu’on n’en parle pas assez».



On aura beau en parler tant et plus, jusqu’à plus soif, si on ne revivifie pas, si on ne régénère pas le sentiment identitaire, l’adhésion au projet de «sortie de l’annexion» va continuer de stagner et, peut-être même, de régresser.

Et dieu sait que le temps presse.

Lorsqu’on fait les constats suivants :

Un seuil d’immigrant reçus beaucoup trop élevé;

De nombreux et inquiétants reculs du français, surtout à Montréal, suscitant, comme réactions de notre part, un méprisable avachissement mélangé à l’obséquieuse anglomanie d’autrefois;

L’oubli et le rejet de nos racines et de notre héritage judéo-chrétiens (ce qui entraîne, selon Jacques Grand’Maison, un appauvrissement de l’âme, de l’intériorité, un vide spirituel»);

Un enseignement de notre histoire atrophié et réduit à la portion congrue;

Un cours d’Éthique et de Culture Religieuse qui n’est, et je me cite, «qu’un  laboratoire de détraquement identitaire et de lessivage multiculturel»;

Une élite intello technocratique qui réprouve et méprise ce qu’elle appelle notre «suffisance» (Georges Leroulx) et notre «braquage identitaire» (Gérard Bouchard);

Une Fête Nationale qui n’est plus qu’une fiesta bien arrosée,

Quand donc on fait ces constats (et la liste est loin d’être exhaustive), on se doit de conclure qu’avant d’envisager un troisième référendum, il est impératif de déployer un vigoureux effort de redressement et de renforcement identitaires.

Il y a au Parti Québécois un embryon de plan d’affirmation identitaire (malheureusement, il est accompagné d’un programme lesté d’un coûteux interventionnisme étatique d’une autre époque).  Si on prend en compte les constats ci-haut mentionnés, il y a bien des carences. Malgré tout, pour le mettre en branle, il faudrait prendre le pouvoir. Or, avec la discorde qui sévit au sein du parti et les règlements de compte qui s’y déroulent, le pouvoir est devenu inatteignable. Félicitations aux dissidents pour leur beau programme!

Et comme les autres partis ne semblent guère se soucier du désarroi identitaire qui ébranle la nation québécoise, la situation en matière d’identité nationale ne cessera de se dégrader.

Au-je besoin d’ajouter que pour le vieux patriote que je suis (maintenant septuagénaire), le délitement identitaire qui nous affecte comme peuple me plonge dans le découragement et l’écoeurement.

Je ne peux m’empêcher de citer de nouveau l’abbé Groulx (je sais bien que ça fait ringard, mais je m’en fous), cet homme dont toute la vie fut un long combat pour que survive et que s’épanouisse la nation Canadienne française (on dirait aujourd’hui «québécoise»).

La citation est tirée d’un discours prononcé en 1940. Il nous avertit, en somme, que le destin d’un «petit peuple» comme le nôtre est toujours incertain et précaire. Le cimetière des peuples, ne l’oublions pas, est très encombré.

«Dans cinquante ans, dans cent ans, une race humaine habitera encore la terre que nous foulons. Ces hommes, on peut même le présumer, seront, par le sang, les fils de ceux qui aujourd’hui tiennent la place. Pourtant si cette race d’hommes a changé d’âme, trouvant la sienne trop lourde à porter; si plus rien ne la distingue de son entourage que la tragédie de son abdication, cette race d’hommes pourra compter pour dix à quinze millions d’âmes; elle pourra former un État politique puissant, regorger de richesses matérielles; elle n’empêchera point que ce pays n’ait la mélancolie d’un tombeau. Nous serons des Anglais, des Américains, que sais-je?, mais nous ne serons plus des Canadiens français; nous n’aurons plus de vie à nous, de culture à nous, d’âme à nous, de destin à nous. Une splendeur culturelle, une forme originale d’humanité seront perdues et mortes à jamais. Que les arrivistes ou les esprits légers tiennent ce dénouement pour peu de chose; que mourir de cette façon leur soit égal, pourvu que leur reste la graisse de ce monde, c’est leur affaire et c’est de leur niveau. Mais aussi longtemps que la hiérarchie des valeurs se fixera ici-bas selon les critères spirituels, les peuples qui pensent ainsi appartiendront à l’espèce inférieure. Et l’élite qui aura conduit ces peuples à de si basses façons de penser – car les peuples ne vont pas là d’eux-mêmes – cette élite d’intellectuels, de bourgeois ou de politiciens entrera dans l’histoire, mais avec les balayures».

Tel pourrait bien être notre destin. Et cela m’afflige. Mais en nous doit demeurer l’Espérance, cette «petite fille espérance, écrivait Péguy, qui n’a l’air de rien du tout». Et malgré tout, je suis comme l’abbé Groulx en 1937, je continue d’espérer «par-dessus mon temps, par-dessus tous les découragés».

Jacques Brassard