Alignons quelques faits.
Fondation Rivières (et son gourou,
l’acteur Roy Dupuis) s’oppose à tout projet hydroélectrique, quelle que soit sa
dimension. Ses disciples sont montés aux barricades contre le projet de la
Romaine. Et nous apprenons qu’ils sont aussi partis en croisade contre le
projet d’une petite centrale à Val Jalbert au Lac St-Jean.
Dans le secteur des énergies
fossiles, vous connaissez l’opposition farouche qui s’est manifestée contre
toute exploitation des gaz de schiste dans la vallée du St-Laurent. Opposition
si forte que le Gouvernement a opté pour un moratoire. Pour ce qui est du
pétrole, il se fait bien un peu d’exploration, mais l’hostilité à des forages
dans le golfe St-Laurent est intense.
Dans le domaine minier, sitôt qu’on
envisage une expansion le moindrement d’envergure, la chorale des indignés,
face à ce qu’ils décrivent comme une «dilapidation de nos richesses naturelles»,
crie au scandale et réclame le gel des projets.
Dans le secteur forestier, la multiplication
des aires protégées en forêt boréale réduit substantiellement le volume des
approvisionnements en bois destinés aux entreprises, ce qui ne fait qu’aggraver
la crise forestière qui perdure. Le gouvernement agit, sous les pressions des
zélotes de Richard Desjardins, comme si, au Québec, il y avait déforestation,
c’est-à-dire destruction de la forêt. Ce qui n’est évidemment pas le cas :
la récolte de matière ligneuse, pas plus d’ailleurs que le feu ou les insectes,
ne change la vocation du territoire forestier. Après une récolte, aussi bien
qu’après un incendie, une nouvelle forêt surgit.
Je pourrais multiplier les exemples.
Mais ces quelques faits illustrent bien que la société québécoise toute entière
est gangrenée par une méfiance pathologique à l’égard du développement
économique et de l’entreprise privée qui en est le moteur.
Comment expliquer ce phénomène? Car
cette hostilité envers la croissance économique est bien davantage incrustée
dans les esprits au Québec qu’ailleurs en Amérique. Il apparait évident que le
Québec, depuis des décennies, subit un pilonnage intensif des cerveaux en
provenance d’une idéologie qu’on pourrait baptiser «écolo-socialo-étatisme».
C’est ainsi que les Verts toutes
catégories ont propagé le culte de Gaïa, la Mère-Nature violentée et martyrisée
par les «pilleurs de ressources». À chaque fois qu’un projet de développement
est mis de l’avant, c’est la ruée des écolos et leur credo anti-croissance est
si bien relayé par les médias complices que la classe politique s’affole et
capitule.
D’autre part, les socialo-étatistes,
hostiles par nature à l’économie de marché, trouvent aisément des tares à un
projet piloté par l’entreprise privée (la vilaine!) et ne confèrent des vertus
qu’à des sociétés d’État.
C’est en somme l’idéologie «Pastèque» :
Vert à l’extérieur (déification de la Nature) et Rouge à l’intérieur
(diabolisation du mode de production capitaliste).
Quand on observe la situation
économique du Québec, nous concluons très vite que la création de richesse est
anémique. C’est un thème de discours, mais dans la réalité, on s’évertue à
l’entraver.
Il est pourtant impératif de faire
sauter les verrous qui freinent le développement et la croissance
économiques : l’écologisme et le socialo-étatisme. Le nécessaire
remodelage de l’État-Providence doit absolument être couplé à une expansion
vigoureuse de la création de richesse.
C’est aussi la seule voie à suivre
pour se désintoxiquer de la péréquation. Et, à cet égard, les souverainistes
devraient comprendre que ce sevrage est une condition vitale à la réalisation
de leur projet.
Jacques Brassard