(Chronique parue le premier mars dans le Journal de Québec)
Le Ministre de Finances japonais a
été récemment d’une franchise brutale : « La problématique des dépenses
faramineuses en gériatrie ne sera résolue que si vous les incitez à se dépêcher
à mourir.» Plutôt brutal, j’en conviens. Mais que ce soit pour réduire les
dépenses de l’État ou pour soi-disant apporter «une aide médicale en fin de
vie», c’est d’euthanasie dont il s’agit.
Je suis bien mal à l’aise de voir les
auteurs du rapport «mourir dans la
dignité» et la ministre elle-même (Mme Hivon) nous faire des cachotteries et
finasser sur un sujet aussi grave. Car, voyez-vous, qu’est-ce au fond que
«mourir dans la dignité», où «l’aide médicale à mourir», où «l’aide médicale à
la fin de vie», qu’est-ce donc, sinon de l’euthanasie où un suicide assisté?
Pourquoi cette crainte pudibonde à
appeler un chat un chat? Serait-ce qu’ils espèrent ainsi obtenir l’appui de la
population en recourant à des euphémismes en vue de masquer, à tout le moins
d’atténuer, le sens et la portée réels de leur projet? Il faut dire qu’ils
savent aussi fort bien que les deux tiers des témoignages et mémoires qu’ils
ont entendus étaient clairement opposés à l’euthanasie et que seulement neuf
commissaires sur quinze ont signé le rapport.
Il est donc faux, comme le prétend la
ministre, de proclamer que le consensus est établi et que le débat est terminé.
Elle entend quand même faire adopter la loi à toute vapeur, ce qui est d’une
désinvolture inexcusable, s’agissant d’un sujet aussi grave que le suicide
assisté.
Dans de telles conditions, on
comprend pourquoi ils recourent systématiquement à des circonvolutions et des
paraphrases (genre : «mourir dans la dignité») pour désigner un changement
aussi radical en matière de valeurs fondamentales et de morale.
L’oncologue belge, Catherine Dopchie,
ne craint pas, elle, d’utiliser le terme «tuer» en parlant d’euthanasie et il
n’y a pas d’autre mots, selon elle, «pour définir cet acte qui dénature par
essence la relation entre le médecin et sont patient».
Elle affirme que « la mission du
médecin consiste précisément à prendre soin du malade, même dans les conditions
de vie les plus pénibles. La personne ne peut être réduite à sa souffrance. La
société humaine doit servir le plus démuni. C’est ce qui la différencie des
sociétés animales ou règne la sélection naturelle».
Lors du débat sur la peine de mort,
l’argument central était le suivant : la vie humaine est éminemment sacrée
et on ne peut l’enlever volontairement, même au pire des assassins.
Pourquoi alors, dans le cas des
malades en fin de vie, accablés par la souffrance, la vie perdrait-elle son
caractère sacrée et pourquoi la dignité de ces personnes vulnérables
serait-elle abolie par le seul fait qu’elles sont en fin de vie?
Le docteur Dopchie répond à ces
questions. «Proposer l’euthanasie comme solution aux difficultés des personnes
vulnérables, admettre qu’il est licite, voire recommandé, si l’on a du cœur, de
les supprimer, c’est dire que leur vie n’a qu’un prix relatif et que l’on n’a
pas en nous les capacités de faire mieux que de les soulager en les tuant.»
C’est d’ailleurs ce que nous dit
aussi un collectif de médecins québécois. Les soins palliatifs sont
suffisamment développés pour respecter jusqu’à leur dernier souffle la dignité
des personnes en fin de vie.
«Le suicide n’est pas une option»,
dit-on aux jeunes. Pourquoi en serait-il une pour les personnes en fin de vie?
Jacques Brassard
10 commentaires:
Bonjour,
Merci pour cette chronique réconfortante. Tout est dit et bien dit. Il y a encore du monde qui a du coeur et ose affirmer leur conviction profonde ouvertement.
Cela me fait du bien. Merci encore.
J'aime beaucoup votre article. Tout à fait vrai!
Merci M. Brassard pour la défense de la vie humaine. Non au suicide assisté. Non à l'euthanasie.
Oui au soins palliatifs.
Mourir dans la dignité?
A voir! Un classique.
Conférence du Dr François Primeau
http://fr.gloria.tv/?media=371117
La marche vers l'euthanasie au Québec: un exemple de malhonnêteté intellectuelle.
http://www.cqv.qc.ca/fr/la-marche-vers-leuthanasie-au-quebec-un-exemple-de-malhonnetete-intellectuelle
L’euthanasie et le suicide assisté : pourquoi pas ?
http://www.colf.ca/mamboshop/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=89&Itemid=196
Quebec in Danger of Radical Euthanasia.
http://www.nationalrighttolifenews.org/news/2012/03/quebec-in-danger-of-radical-euthanasia/
Quebec’s ‘cultural suicide’
http://www.lifesitenews.com/blog/quebecs-cultural-suicide
Mais là faut se brancher par exemple. Parce que s`il faut maintenir tout le monde en vie coûte que coûte par la société, c`est à dire les payeurs de taxes, on va être ruiné tantôt en tant que société. Les jeunes vont porter un poids bien trop lourd. Le vieillessement de la population n`est pas une lubbie, c`est une réalité. Moi je suis pour le libre choix, mais au frais du particulier, pas de l`état. Les systèmes étatiques mur à mur, c`est une erreur, ça ruine les sociétés. Mieux vaut qu`un type fasse faillite( dans ce cas là, meurt, parce qu`il est au bout de son argent) que la société au complet fasse faillite, surendettée.
Désoler d`être dur, mais c`est la réalité. La vie n`est pas égale.
Anonyme 16:57
La vie n'est pas égale c'est sûr.
Mais ce n'est pas une raison pour se débarrasser des personnes malades en les tuant. La ruine de la société est actuellement due aux gâteries données aux parents dont les enfants sont en garderie, aux étudiants qui ne payent qu'un petit montant pour se faire instruire mais qui veulent la gratuité pour traîner sur les bancs d'école pendant des années. Arrêtons les folies écologiques et utilisons nos ressources naturelles pour nous enrichir. Ainsi, tout le monde sera content sans être ruiné.
«La vie n`est pas égale.»
... c'est ce que Raskolnikov pensait...
Ce qui me désespère dans votre point de vue c'est le manque de respect pour l'individu qui veut mourir. On lui enlève le droit de décider de ce qui est bon lui. Ici, c'est la dignité de la société qu'on veut préserver au détriment de la dignité de l'individu. Ce n'est pas la souffrance ni être malade en fin de vie qui est indigne, c'est la perte de son libre choix et d'en être réduit à être prisonnier des décisions d'une société qui veut préserver sa dignité parce qu'elle considère le suicide comme étant un geste déshonorable. Par contre, même si je suis favorable à l'euthanasie, je ne suis pas d'accord pour la justifier par l'argument économique. La vie humaine doit demeurer sacrée, mais pas au point de l'imposer à celui qui n'en veut plus.
La vie n'a rien de sacrée. Qu'on soit en vie est un pur hasard de la nature. Le sacré et toutes les bondieuseries imaginables qui ont été enracinées dans le cerveau des êtres humains ne sont que des croyances de choses incomprises.
Donc, quand je serai en fin de vie et plein de souffrances physiques et mentales, je demande qu’on me cesse toute activité vitale, c’est-à-dire la mort. À quoi peut bien servir une prolongation de la vie lorsqu’on devient inapte à reconnaître tout et toutes personnes qui nous entourent, et/ ou que la souffrance devient si intolérable au point de perdre toutes notions et lucidité. Le testament biologique incluant le suicide assisté, ou simplement l’euthanasie, et pas seulement l’arrêt de traitements médicaux, qui aurait la même force que le testament légal, devrait être reconnu. Que le code criminel soit amendé pour légaliser cela. Mais de là à permettre et à décider qu’une personne soit éliminée seulement à cause de son âge avancé, NON! Un vieillard peut encore transmettre beaucoup d’expériences aux autres, que ce soit par des écrits ou la parole. Ses réflexions n’en sont que plus enrichissantes s’il est encore lucide. Il y a plein d’exemples de telles personnes. De là à permettre ou à imposer une gériocratie, NON PLUS!
Parce que comme les bébés , les vieux sont e
mbarrassants.
Québec — Taux de natalité en légère baisse pour la troisième année
http://www.pouruneécolelibre.com/2013/03/quebec-taux-de-natalite-en-legere.html
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