(chronique parue le 2 Novembre 2012 dans le Journal de Québec)
L’élection québécoise de septembre a
manifestement porté les Verts au Pouvoir. Les ministères clés de
l’environnement et des ressources naturelles sont entre les mains de deux
écolos de stricte observance. Les deux sont animés d’une aversion, de nature
idéologique, à l’égard des hydrocarbures, ce qui risque fort d’entraver et même
de bloquer l’exploration et l’exploitation des ressources gazières et
pétrolières au Québec.
Il est vrai que, devant l’Association
Pétrolière et Gazière du Québec (présidée par Lucien Bouchard), la ministre
Martine Ouellet a exprimé son accord avec la production de pétrole au Québec.
Mme Marois aussi. On verra dans les mois qui viennent si un pareil engagement
va se traduire par des décisions et des actions concrètes. Et l’une de ces
décisions sera, de la part de la ministre, de lever le moratoire, officieux
sinon officiel, qui empêche d’exploiter le site prometteur d’Old Harry dans le golfe St-Laurent.
Prendra-t-elle cette décision? À voir!
Mais si elle la prend (ce qu’il faut souhaiter), elle devra affronter les
brigades «enverdeuses», c’est-à-dire, en somme, ses camarades de combat pendant
des années. Ce qui serait une rupture fort douloureuse.
Mais il faut faire diligence. Car, déjà,
Terre-Neuve s’active dans le secteur. D’ailleurs, la ministre n’a aucun motif
pour ne pas aller de l’avant puisque le gouvernement précédent a conclu un
accord avec le fédéral sur le partage des redevances. Nous verrons bientôt si
son engagement pris devant l’APGQ n’était qu’une gentillesse de circonstance.
Dans le cas des gaz de schiste, c’est
une toute autre histoire. Madame la ministre continue de proclamer qu’il n’y a
pas de technologies suffisamment sécuritaires pour lever le moratoire. Il
semblerait que le dossier est désormais entre les mains du ministre de
l’environnement. Ce qui n’est guère
rassurant. En fait, le dossier transite d’une ministre écolo vers un ministre
encore plus écolo.
Et, à cet égard, Lucien Bouchard a
bien raison de signaler que si le Québec «devait renoncer à développer son
potentiel gazier, il ferait curieusement figure à part au sein de l’entourage
continental de ses voisins». Est-il vraiment souhaitable de faire ainsi bande à
part?
Aux États-Unis, des milliers de puits
sont en production et il s’avère que la technologie utilisée et mise au point
depuis des décennies, la fracturation hydraulique, n’entraîne aucunement la
contamination de la nappe phréatique. Par conséquent, la Grande-Peur des
bien-pensants verdoyants, soit la pollution des aquifères, n’est nullement
fondée.
Dans une étude substantielle, le
New-York State Department of
Conservation écrit sans équivoque «qu’aucune occurrence de contamination des
eaux souterraines n’a été enregistrée suite à des forages horizontaux ou
l’emploi de fracturation hydraulique dans l’État de New-York».
Et le même constat a été fait par les
agences environnementales et locales pour les États de l’Alabama, Alaska,
Colorado, Indiana, Kentucky, Louisiane, Michigan, Oklahoma, Tennessee, Texas,
Dakota du Sud et Wyoming.
À moins de continuer de faire croire
aux citoyens que les États-Unis sont un État
du Tiers-Monde qui n’a aucune réglementation environnementale digne de
ce nom, je ne vois pas comment les Verts au Pouvoir à Québec peuvent persister
à cautionner la désinformation systématique qui sévit chez nous en matière de
gaz de schiste.
La France mise à part (Québec et
France : même aveuglement!), l’Europe aussi s’est lancée dans
l’exploitation de cette ressource. Y compris l’Allemagne, l’État sans doute le
plus vert au monde!
Jacques Brassard
3 commentaires:
bonjour Jacques toujours ton lecteur , il faut absolument que nous brassons ces gouvernement qui se suivent et toujours a commettre des erreurs&&&&&&&&&&&&&&&
Terrible et révoltant mensonge que le vôtre, Monsieur Brassard !
« Aux États-Unis, des milliers de puits sont en production et il s’avère que la technologie utilisée et mise au point depuis des décennies, la fracturation hydraulique, n’entraîne aucunement la contamination de la nappe phréatique. Par conséquent, la Grande-Peur des bien-pensants verdoyants, soit la pollution des aquifères, n’est nullement fondée. »
J’aimerais croire en votre bonne foi si vous vous donniez la peine de nourrir votre discours de sources scientifiques rigoureuses. Mais vous affirmez plutôt sans vergogne et sans justification que «la fracturation hydraulique n’entraîne aucunement la contamination de la nappe phréatique», en considérant avec mépris les « bien-pensants verdoyants ».
Comment un homme de votre formation en pédagogie et en histoire, ex-ministre des ressources naturelles, peut-il manifester tant d’ignorance des dossiers internationaux?
- Avez-vous seulement consulté le rapport du Comité américain sur l’énergie de la Chambre des représentants ? (Avril 2011 – [http://goo.gl/pZayy]) Il décline, en page 12 et annexes, la liste des 750 produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique dont 650 ont un potentiel cancérigène selon le Safe Drinking Water Act.
- Avez-vous seulement consulté le rapport du United States Geological Survey – USGS d’octobre 2012 – POLLUTION DE L’EAU POTABLE CONFIRMÉE À PROXIMITÉ D’EXPLOITATIONS DE GAZ DE SCHISTES
« …l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis (United States Geological Survey – USGS) a publié les résultats de l’analyse de sources d’eau potable à Pavillion, au Wyoming [http://pubs.usgs.gov/ds/718/], une région où opèrent de nombreuses exploitations de gaz de schistes. Les tests montrent la présence d’importantes concentrations de gaz comme l’éthane, le propane ou le diesel, dans une eau supposée être potable, ce qui a relancé le débat sur l’impact environnemental et sanitaire de la fracturation hydraulique. »
« Ces résultats viennent confirmer ceux obtenus par l’Agence de protection de l’environnement américaine (Environmental Protection Agency – EPA) lors d’une étude préliminaire publiée l’année dernière [http://1.usa.gov/QKWjui]. Cette étude établissait un lien entre les liquides utilisés pour la fracturation et la pollution des ressources d’eaux souterraines. Ces premiers résultats indiquaient déjà la présence de produits chimiques de synthèse, de benzène et de méthane, en concentration bien supérieures aux niveaux autorisés par la réglementation américaine (“Safe Drinking Water Act”).
« Ces travaux avaient été validés par une étude indépendante en avril dernier [http://bit.ly/SHLTIk], mais la confirmation des résultats par l’USGS est d’autant plus importante que l’administration de l’état du Wyoming et l’industrie du gaz et du pétrole, qui avaient critiqué la méthode utilisée par l’EPA, ont cette fois-ci participé à l’élaboration du protocole. »
Sources : – BE Etats-Unis numéro 305 (5/10/2012) – Ambassade de France aux Etats-Unis [http://bit.ly/SOSt05] + http://france-science.org/-Accueil-Francais-.html + No Fracking France [http://bit.ly/QA2Oyt]
- Avez-vous seulement consulté le rapport dévastateur : “Gas Patch Roulette – HOW SHALE GAS DEVELOPMENT RISKS PUBLIC HEALTH IN PENNSYLVANIA
OCTOBER 2012″ – http://bit.ly/Ue9Tcc – Shale Gas Extraction Brings Local Health Impacts – http://www.globalissues.org – WASHINGTON, Oct 18 (IPS) – Shale gas extraction is putting some U.S. communities at risk of health issues, new research released here Thursday warns.
[à suivre]
[suite et fin du commentaire de Louis Bélanger]
- Avez-vous seulement consulté le rapport de la Commission européenne sur l’énergie – 7 septembre 2012 – L’étude sur l’impact environnemental montre que l’extraction du gaz de schiste entraîne généralement une plus grande empreinte écologique plus importante que l’exploitation de gaz conventionnel. Des risques de contamination des sols et eaux souterraines, l’appauvrissement des ressources en eau, pollution de l’air et sonores, occupation des terres, perturbation de la biodiversité et impacts liés à la circulation sont jugés trop élevés dans le cas des projets cumulatifs. [http://goo.gl/p5tgs]
- Avez-vous seulement consulté le rapport du Ministère de l’environnement allemand ?
(UBA) – 6 septembre 2012 – Le rapport de l’UBA juge une partie des composants chimiques utilisés pour la fracturation “dangereux, toxiques et dommageables pour la santé et l’environnement”. Sa principale inquiétude réside dans la contamination des nappes d’eau potable. M. Altmaier [le ministre] a donc exclu l’extraction de ces gaz dans les zones contenant de telles nappes et des sources ; celles-ci représentent 14% du territoire allemand. Il n’envisage cependant pas l’interdiction de telles extractions en-dehors de ces zones, mais exige qu’elles aient lieu “sous des conditions strictes”. L’UBA préconise en outre la nécessité d’une évaluation formelle des impacts environnementaux associant les citoyens concernés. [http://goo.gl/0Zo4M]
Sur le site de LesNews [http://goo.gl/W96gA] qui reprenait votre article du 2 novembre, je vous ai soumis, le 6 novembre, une suggestion: l’émission à l’horaire de Grands reportages du mercredi, 7 novembre, RDI-20 h, qui portait sur la fracturation au Texas et au Dakota du Nord, documentée sur le terrain par le réseau ABC australien. Version française de “Meet the Frackers” qu’on a écourtée de 5 à 6 minutes sur RDI. Peut-être l’avez-vous visionné ? Il s’ajoute à de nombreux autres documents qui dénoncent les dérives de la fracturation.
Si le documentaire ne vous satisfait pas, revenez-nous alors sur votre blogue avec une revue de littérature qui tienne compte des objections sérieuses à la fracturation hydraulique telle que pratiquée aujourd’hui. Là seulement je verrai si j’ai erré dans mon appréciation de votre honnêteté intellectuelle.
Avec ma considération polie,
Louis Bélanger – 2012-11-14
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