vendredi 25 janvier 2013

VOIE SANS ISSUE

(Chronique parue le 25 janvier 2013 dans le Journal de Québec)
                                                                  

Dans les gènes et la culture du Parti Québécois, il y a une prédilection irrésistible pour le SOMMET, c’est-à-dire le rassemblement autour d’une table de tous les acteurs concernés par une question problématique afin de discerner des solutions consensuelles.

Depuis René Lévesque jusqu’à Pauline Marois, tous les Premiers Ministres du PQ ont eu recours à ce genre de forum. Avec, comme résultats, parfois des succès, parfois des compromis plus ou moins boiteux et parfois des échecs.

Des exemples? Le sommet sur le déficit zéro aboutit à compromis : oui à l’atteinte du déficit zéro, mais oui aussi à des services de garde centralisés, plus ou moins étatisés et syndicalisés mur à mur.

Quant au sommet sur l’éducation, mis en branle sous M. Parizeau, les orientations furent bien ciblées (dont, entre autres, le retour aux savoirs de base), mais la technocratie les a dénaturées et ce fut la Réforme que l’on sait.

 Or, voilà donc que le gouvernement Marois et le ministre de l’Enseignement Supérieur, fidèles à la culture du PQ, se lancent dans un sommet sur les universités.

Dès lors, la question se pose : les conditions du succès et du consensus sont-elles réunies? Et d’abord, quel est l’objectif? S’agit-il de régler le problème du sous-financement des universités ou de relever et valoriser la qualité de l’enseignement supérieur? D’après la nature des discussions lors des rencontres préparatoires, il s’avère que le financement est le sujet incontournable.

Dans ces conditions, les acteurs autour de la table se rejoignent-ils sur un consensus en cette matière? De toute évidence, c’est loin d’être le cas. Du côté des étudiants, ils ont déjà engrangé les gains : frais de scolarité gelés (revendication majeure du charivari printanier) et bonifications du régime de prêts-bourses maintenues. De sorte que les étudiants activistes n’auront qu’à pratiquer la tactique du blocage systématique (c’est déjà en cours) et l’échec est assuré.

Mais pour l’ASSÉ, les troupes de choc socialo-anarcho-révolutionnaires du mouvement étudiant, entraver le processus ne suffit pas, il faut plutôt le boycotter. Sinon, ce serait, (quelle horreur!), se mettre en «danger de compromis». Il faut même aller plus loin et exiger carrément la gratuité de l’éducation et le droit de grève.

En fait, il s’agit, en bons disciples de Lénine, de placer la barre tellement haute que le ministre, s’il tient à un accord, ne pourra faire autrement que de les cajoler et de tenter de les amadouer. En novembre 2012, il avait d’ailleurs quasiment capitulé sur le droit de grève pour les étudiants. Il trouvait que c’était somme toute une bonne idée.

D’ailleurs, il avait même déclaré que l’intervention des tribunaux en vue de ne pas empêcher les étudiants d’assister à leurs cours «n’a pas donné un climat favorable aux études»!!??

Pour le ministre, ce serait donc les étudiants qui tenaient à poursuivre leurs études qui étaient responsables du tohubohu printanier! Ahurissant! Et il a complété son agenouillement devant les factieux en n’excluant pas la gratuité.

Quant aux recteurs, le gouvernement, en leur imposant sans préavis des compressions de 124 millions, les a clairement discrédités. Leur voix est inaudible.

Bref, ce sommet est une voie sans issue. Comment peut-il réussir alors que le gouvernement dès le départ est paralysé par l’allégeance complaisante qu’il a accordée l’an dernier aux agitateurs et fauteurs de trouble de l’avant-garde révolutionnaire étudiante. Quand le maître du jeu d’un sommet est partial, l’échec est assuré.

Jacques Brassard

 

15 commentaires:

Pierre Bouchard a dit…

Et dire que ces ordures de péquistes veulent en plus obtenir les données du registre des armes d'épaule!

Anonyme a dit…

Éducation ou endoctrinement?

Reynald Du Berger a dit…

La première richesse d'une collectivité, ce sont ses cerveaux et ensuite ce sont ses ressources naturelles. Le Québec est donc bien mal engagé sur cette voie. Je serais curieux de savoir si on parle à ce sommet des rôles fondamentaux de production et diffusion du savoir, et aussi de planification sectorielle. Les programmes d'études répondent-ils aux impératifs d'une société moderne tournée vers l'avenir? A-t-on pour chaque établissement identifié des champs d'excellence à prioriser? Les investisseurs privés ont-ils leur place à l'université? Les étudiants québécois voient-ils leurs institutions de haut savoir comme les français voient les leurs, i.e. c'est l'affaire de l'État, on ne veut donc ni payer ni s'en mêler!

PPL a dit…

Le PQ a les mains liés par les syndicats , les socialistes,Radio-Canada,les écolos,les éditorialistes,les fonctionnaires...On ne peut rien attendre de ce gouvernement fantoche.Il gouverne pour tout le monde sauf le peuple.

Anonyme a dit…

M. Du Berger, vous y aller un peu fort. Mais où vous croyez vous? Vous allez bientôt nous dire qu`il faut regarder les réalités en face et abandonner notre beau modèle québécois qui fait l`envie de l`humanité. Non mais...

Réal Carbonneau

Anonyme a dit…

Réal,
"Notre BEAU modèle québécois"...je ne peux m'empêcher d'en rire...ahahah
BEAUCOUP de taxes, BEAUCOUP d'impôts, BEAUCOUP de rêves, BEAUCOUP de "maternage", BEAUCOUP de décisions insensées...mais PEU de services médicaux, PEU de possibilité d'avoir un médecin de famille, PEU de chance d'avoir un rendez-vous avec un médecin avant 6 à 12 mois...
Je pourrais continuer à énumérer plein de choses comme celles-là QUI FONT L'ENVIE DE L'HUMANITÉ.
Non mais, c'est qui cet humoriste?

Anonyme a dit…

@ Réal Carbonneau:

"L'envie de l'humanité le modèle québécois"???

Pouvez-vous nous citer un seul endroit au monde qui imite notre modèle qui est censé guider le monde vers la lumière?

Anonyme a dit…

Dans les gènes et la culture du Parti Québécois, il y a une prédilection irrésistible pour le SOMMET!

Justement, et nous avons tous remarqué que leurs foutus sommets sont toujours biaisés à gauche. Pour l'éducation, c'est rendu que ce sont les étudiants (bien sûr ceux au carré rouge) qui vont être écoutés et entendus religieusement!! Ce gouvernement avec une première ministre qui ne s'est pas gênée pour porter le carré rouge et pour jouer de la casserole va être en grande partie responsable du déséquilibre inquiétant qui s'annonce entre les générations - en fait il est là depuis longtemps mais avec le PQ il va en s'accélérant - et ce sont les plus vulnérables qui vont payer la note: les vieillards avec l'euthanasie à nos portes, trop chers les soins palliatifs adéquats!! Tandis que nos pauvres petits chéris - en fait bien plus riches que ce qu'on croit - doivent absolument continuer leur train de vie avec force gadgets, et tout le tralala. Il faut bien que jeunesse se passe!!!

Anonyme a dit…

à l`Anonyme de 04:52

et la République socialiste et (oh combien!)populaire de Corée alors? Vous croyez quand même pas qu'ils sont arrivés à cet avenir radieux par eux-mêmes!

Réal Carbonneau

Anonyme a dit…

A Réal Carbonneau
Un gouvernement issu d'une dictature qui s'est illustré par des atteintes aux droits de l'homme, une situation extrêmement tendue entre les 2 Corées et le Japon, des menaces d'attaques et de torpillage, l'instabilité politique forçant plusieurs sud-Coréens à émigrer aux États-Unies ou au Canada...QUEL AVENIR RADIEUX ils ont créé par eux-mêmes. J'en suis jaloux.

Gilles Laplante a dit…

"c’est-à-dire le rassemblement autour d’une table de tous les acteurs concernés par une question problématique". Ce n'est pas tout à fait vrai. Le CONtribuable n'y est jamais représenté.

pasdedentier a dit…

Il n'a jamais eu de problème au Québec pour lequel le PQ n'a réagit autrement que par un sommet ( gros problèmes insolubles), une commission, une régie, une étude, un office, le tout comportant toujours plus de bureaucratie et d'employés de l'état qui sont par définition syndiqués et leurs syndicats affiliés au PQ.

C'est étrange mais toutes les solutions péquistes comprennent toujours des avantages pour le PQ !

Paul S. a dit…

Les Grandes messes gouvernementales = embrouille et manipulation.
On réunit des groupes de pression, syndicats et parasites de tout acabit pour dégager des con sensus.
Après amplification par la presse SSS (syndicaliste, socialiste et séparatiste) on déclare des Grands consensus ou un Support unanime des québécois, que l’on met au rang des Acquis intouchables ou des Réclamations historiques. Donc, plus de discussion sur le sujet, à moins de faire fi de la rectitude politique ou être un renégat de la tribu. La pensée unique cristallisée au cours des Sommets est très doctrinaire.
Un absent notoire : la majorité silencieuse. Nous ne pouvons que quantifier le pourcentage de notre désaccord avec les grands consensus québécois sur le pouvoir syndical absolu,la formule Rand, l’omni présence du gouvernement, la gestion de l’offre au détriment du consommateur, la libre concurrence mise au ban, le gauchisme liséen, l’adoption de la fumisterie verte, la diabolisation de toute pensée dépourvue du label québécois (Mr. Harper) etc., etc., etc.
Récemment M. Pierre Duchesne s’est vanté de ne plus avoir des étudiants dans la rue. Si cette sorte de ‘’paix sociale’’ est le but absolu, alors bonne chance. Robert Bourassa avait la même hantise au grand plaisir des syndicats.
Après l’admission par Mme Marois de la possibilité de recourir au vote des adolescents pour gagner son neverendum, la générosité péquiste avec les carrés rouges s’inscrit au chapitre des Grandes Astuces.

Anonyme a dit…

Paul S. a dit...

Tellement bien dit, monsieur, vous résumez ma pensée!!

Fabrice a dit…

Excellent texte Monsieur Brassard... J'adore en particulier la référence à Léo Strauss. Vous le lisez depuis longtemps?