vendredi 21 décembre 2012

EN DIRECT D'UN VILLAGE-FANTÔME

(Chronique parue le 21 décembre dans le Journal de Québec)
                                 

Lorsque je suis devenu ministre de l’environnement à l’automne 94, il y  avait sur mon bureau un rapport du BAPE portant sur un projet de mini-centrale au pied de la chute de Val-Jalbert, site touristique bien connu, tout près de Roberval, ou l’on retrouve, en plus de la chute (qui est magnifique), les ruines d’un village déserté lorsque l’usine de pâte à papier qui s’y trouvait a fermé ses portes en 1927. C’est le village-fantôme.

Le rapport du BAPE était négatif et recommandait au ministre de ne pas autoriser le projet. Et s’il est vrai que  les recommandations du BAPE ne sont pas exécutoires, il n’en demeure pas moins qu’il faut de solides raisons pour ne pas en tenir compte. J’ai donc présenté un projet de décret au Conseil des Ministres donnant suite aux recommandations du BAPE. Il fut adopté et, lors d’une conférence de presse sur le site même de Val-Jalbert, j’ai annoncé que le projet était refusé.

Voilà pour la petite histoire.

Récemment, le même projet, concernant la même chute, est autorisé par le Gouvernement Marois sur la base d’un rapport du BAPE recommandant cette fois-ci sa réalisation. Le projet est piloté par une société communautaire regroupant MRC et Innus.

Les deux projets sont-ils semblables? À première vue, je crois. Mais comme je ne suis pas un écolo de choc, la concrétisation du projet ne perturbera pas mon sommeil. Quelques questions ont quand même surgi dans mon esprit.

Par exemple, je fus étonné de voir les écolos mettre de l’avant un argument de nature économique. Le coût de l’électricité produite, proclamaient-ils, est beaucoup trop élevé (13 cents le Kw) et il est scandaleux que l’on refile la facture aux usagers d’Hydro-Québec. Des écolos qui se soucient de la dimension économique d’un projet et qui se font de la bile pour les usagers, voilà qui est vraiment inusité!

Est-ce à dire que, désormais, ils vont examiner les coûts prohibitifs et l’inefficacité énergétique des grands vire-vent? Vont-ils désormais cesser de se prosterner devant ces gigantesques totems éoliens? À suivre!

D’autre part, j’ai appris de la bouche même de la Première Ministre que ce qui a fait pencher la balance en faveur du projet, c’est le partenariat avec les autochtones de Mashteuiatsh. Ah! Bon! Je n’ai rien contre l’implication des autochtones dans le développement économique mais il ne faudrait pas en faire une condition d’acceptabilité pour tout projet économique sur le territoire du Québec.

J’avoue que ça me chicote de voir, depuis des années, les autochtones s’attribuer une sorte de droit de veto sur les projets de développement économique dans d’immenses territoires dont ils revendiquent ni plus ni moins la propriété. Il s’agit là d’une pratique, devenue courante chez les Premières Nations, de maquignonnage à grande échelle où l’on troque des millions contre d’hypothétiques violations des droits autochtones.

Enfin, j’avoue que j’ai été plutôt estomaqué quand j’ai lu la réaction du député de Roberval, Denis Trottier. Il a déclaré qu’il aurait été contre si le promoteur avait été une entreprise privée. Voilà un cri du cœur qui fleure bon le socialisme. Le projet est communautaire, donc, il est ontologiquement vertueux. Étrange grille d’analyse!

J’en conclus que si le développement du Nord se fait dans un tel carcan «idéologique», il risque malheureusement de ne pas donner les fruits (investissements et création d’emplois) qu’on en attendait.

Jacques Brassard

 

 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Jacques,

Il est difficile de trouver ta position réelle face à ce projet, en lisant tes propos...

Oui, non, oui, non... En fait, tout le monde y passe... Ca peut être une façon de voir et d'exposer les choses, pas la mienne, c'est certain, mais à chacun son approche et sa position.

Ben oui, ça existe des écologistes qui parlent également d'économie, ca se peut... j'en ai rencontré... C'est possible, Jacques de se préoccuper de la nature, tout en sachant qu'il existe aussi une réalité économique, des besoins énergétiques, ça s'appelle le développement durable et c'est la voie de l'avenir... Faut essayer de concilier les deux, pour le mieux-être de cette planète, le nôtre et celui des générations futures.

Ce n'est pas la voie la plus facile, peut-être, à court terme, mais ce sera, sans aucun doute, la meilleure... Cependant, il est certain qu'entretenir des préjugés ne fera jamais évoluer les choses dans le bon sens...

Il me semble pourtant, que l'homme des bois, le chasseur que tu es, ou que tu as été, sait reconnaitre l'importance de se soucier de cette nature, faune, flore, que l'on cotoie, dont on profite, dont on jouie aussi de tellement de manières. Il faut, de façon urgente, développer autrement, de façon respectueuse et durable.

Pour en revenir à Val-Jalbert, je ne suis pas contre tout ce que tu en dis, mais de toute évidence, je ne peux pas être pour, non plus.

Ma position à moi est claire, ce projet ne doit pas plus se faire maintenan, qu'avant. On se bat depuis des mois pour empêcher ce massacre et nous y parviendrons!

Sur ce, je te salue, Jacques! Ca fait bien des années qu'on s'est pas vus. Mais ça m'étonnerait que tu te rappelles pas de la fille de Monique et Paul! Salut à toute la famille et joyeuses fêtes à vous!

Marie Néron, Roberval

Anonyme a dit…

«Il s’agit là d’une pratique, devenue courante chez les Premières Nations, de maquignonnage à grande échelle où l’on troque des millions contre d’hypothétiques violations des droits autochtones.»

Oui, et ils se comportent à peu près comme les femmes musulmanes au niqab qu'elles veulent maintenant garder à la Cour (sans doute commandité par leurs islamistes de machos et leurs regroupements). Comme s'il n'y avait pas de culture dominante par ici - une page blanche autrement dit - ! Nos parents, grands-parents et arrière grands-parents doivent se retourner dans leur tombe!! Eux qui se sont tués au travail pour faire ce foutu pays de neige! Je trouve ça très injuste!

Anonyme a dit…

Marie Néron
«Il me semble pourtant, que l'homme des bois, le chasseur que tu es, ou que tu as été, sait reconnaitre l'importance de se soucier de cette nature, faune, flore, que l'on cotoie, dont on profite, dont on jouie aussi de tellement de manières. Il faut, de façon urgente, développer autrement, de façon respectueuse et durable.»

Oui, mais qu'ils lâchent les études et les moratoires à n'en plus finir les Verdoyants parce qu'on va bientôt être le Cuba du Nord à la vitesse où on développe. Et comme si les investisseurs et prospecteurs pour les gaz de shiste et le pétrole étaient tous des abrutis qui veulent, sans vergogne, souiller le St-Laurent et l'île d'Anticosti! Non mais!!!!