vendredi 20 avril 2012

LA CHIENLIT!

(Chronique parue le 20 avril dans le Journal de Québec)
                                                      

La chienlit! C’est ce terme que De Gaulle a choisi pour désigner le charivari révolutionnaire des étudiants parisiens en 1968. La chienlit! Les soixante-huitards vénéraient Mao et sa Révolution Culturelle, semaient la pagaille dans tout Paris, vandalisaient, se bagarraient avec les flics, occupaient les facultés, humiliaient les profs et s’imaginaient qu’un Nouveau Monde surgirait des rues dépavées. Le Grand Déconnage!

Nous aussi, nous avons droit, depuis quelques semaines, à la chienlit. Version québécoise! Moins capotée que celle de Paris en 1968, sans doute! Mais la chienlit tout de même!

Chez nous, ça démarre par le refus d’une hausse des droits de scolarité étalée sur 5 ans. Donc, relativement modeste et, somme toute, raisonnable. La revendication est donc plutôt…prosaïque. On est bien loin de la «Révolution Culturelle» du Grand Timonier chinois!

Et malgré sa nature très terre-à-terre, les leaders étudiants gauchistes, les syndicalistes, les zartistes, les intellos nostalgiques du désordre soixante-huitard, les profs rongés par l’ennui ont réussi à la métamorphoser en «Cause». Le «gel des frais de scolarité» est devenu…la  «Cause»! Plutôt malingre comme «Cause». Peu importe, on se bat pour la «Cause»! On se sacrifie pour la «Cause»!

On tomba aussi dans le ridicule. Dans le Vieux-Québec, un chauffeur de bus excédé oblige les étudiants à libérer le passage. Soudain, l’un d’entre eux se dresse devant le véhicule, les bras en croix. Il se voyait héros comme le jeune Chinois devant un tank sur la place Tian’anmen! Parodie comique de l’histoire!

Ils ont d’ailleurs dû se rendre compte du peu de substance révolutionnaire de leur «Cause» puisque les chefs de file ont commencé à l’enrichir. On est passé du gel à la gratuité et on a intégré le tout dans la lutte contre le capitalisme et pour l’avènement d’une société socialiste. Avec les «Lendemains qui Chantent», la «Cause» prenait ainsi de la vigueur et de l’ampleur.

Mais, concurremment, la chienlit s’est amplifiée : vandalisme, intimidation, blocus, désordre sur la voie publique, démocratie bafouée, droits individuels violés. Le chaos…stérile!

Mais ce qui frappe dans ce chahut québécois, c’est, chez les leaders étudiants, la perte du sens des réalités. Il y a chez eux une forme malsaine d’autisme politique. Ils se sont enfermés dans un monde virtuel. Sinon, comment peuvent-ils s’imaginer qu’ils sont en mesure de terrasser le Gouvernement? Sinon, comment ne peuvent-ils pas constater qu’un recul du Gouvernement sur ce dossier entrainerait sa mort politique?

Il est vrai qu’auparavant, le Gouvernement libéral a souvent battu en retraite. Mais croire que, dans ce cas bien précis, il va aussi capituler, c’est faire une très mauvaise analyse de la situation politique. Le Gouvernement ne reculera pas. D’autant plus qu’il est appuyé par une solide majorité populaire, celle qui est toujours silencieuse et qui ne descend pas dans les rues. La «main tendue» de la Ministre n’est que de l’esbroufe pour la galerie.  

Le plus inquiétant, cependant, dans ce psychodrame, c’est que les étudiants ne sont pas les seuls à basculer dans l’utopie. Une bonne partie des élites intellectuelles, syndicales et artistiques, en quête de vivats, renoue avec les vieilles rengaines soixante-huitardes et le bric-à-brac idéologique de la gauche archaïque. Le PQ, lui, racole avec énergie.

Lors, quand viendra le temps (et ça viendra) de l’inéluctable remodelage de plusieurs pièces majeures de l’État-Providence, je crains fort que nous rivalisions avec les Grecs en matière de chienlit! On n’est pas sorti du bois …ou de la Rue!

Jacques Brassard

20 commentaires:

zarmagh a dit…

Les étudiants imitent les adultes. Ils veulent des services, mais ils ne veulent pas payer...

Marie-Lise a dit…

100% d'accord avec votre commentaire M. Brassard

Anonyme a dit…

Chose promise, chose due! Je me suis abonné au JdeQ.

PS aux gars d’Alma : la limonade s’en vient

Réal Carbonneau

honorable a dit…

Leur "logique' d'enfants-rois nombrilistes, solipsistes et capricieux semble être la suivante.

Ce n'est plus le "Je pense, donc je suis" de Descartes, mais:

Je suis en colère, donc on doit plier devant mon solipsisme jusqu'à ce que ma colère s'apaise.

Je laisse les psychologues nous dire l'âge mental que reflète une telle attitude dépourvue de toute empathie, de toute compassion et de tout souci pour son prochain.

"Ask not what your country can do for you; ask what you can do for your country", disait John Fitzgerald Kennedy. Les boycotteurs sont l'inverse de ce modèle qui a animé de nombreux baby boomers.

honorable a dit…

De plus, ils sont tellement ignares en morale et en religion qu'ils ignorent que la colère est un des 7 péchés capitaux. Etre en colère est aussi déplorable qu’être avare, paresseux ou gourmand.

Mais ces enfants-rois narcissiques semblent prendre leur sentiment de colère pour une mesure de la supposée justice de leurs revendications, alors qu'il s'agit bien évidemment d' un défaut personnel témoignant de leur immaturité.

Anonyme a dit…

"Mais ce qui frappe dans ce chahut québécois, c’est, chez les leaders étudiants, la perte du sens des réalités. Il y a chez eux une forme malsaine d’autisme politique. Ils se sont enfermés dans un monde virtuel."

Ils apprennent tout ça dans leur cours de science sôôôciale. La pire cochonnerie qui a pas. Comme l`autre dégénérée qui est allé donner son cours de révolution sur le trottoir avec ses élèves et qui fini en bataille avec la Police.

Qu`on ramène les cours de savoir vivre et même le Service Militaire, ça serait 100 plus utile que les sciences sôôôciales.

honorable a dit…

Rex Murphy sur le boycott étudiant: jouissif de rigueur, d'intelligence et de style. Rex Murphy n’est pas un journaliste comme n’importe quel autre. Il est un Rhodes scholar, par exemple. Pas exactement le CV d'un Lagacé ou d'une Ouimet.

http://www.cbc.ca/thenational/about/correspondents/rexmurphy/

Anonyme a dit…

Les étudiants grévistes ou boycotteurs sont en train de réaliser qu’il ne suffit pas de participer à la plus grande manifestation pour se gagner l’opinion publique. Ils réaliseront peut-être, mais trop tard pour la réussite de leur semestre, que leurs leaders et le gouvernement étaient complices pour laisser pourrir une situation.

Ce n’est pas d’abord la naiveté des étudiants qui est à être dénoncée, c’est le cynisme le plus lâche du gouvernement Charest qui est le plus condamnable.

Anonyme a dit…

M.Brassard, vous avez les deux pieds sur terre et la tête dans la Réalité.Quel plaisir de vous lire.

Gilbert Lacasse
Trois-Rivières

Anonyme a dit…

Merci pour cette chronique qui nous brosse une réalité de la situation. C’est une de vos
meilleures. Félicitations.
Moi, ce qui m’agace, c’est de voir tant de gens critiquer, chiâler et tout le monde a sa solution.
Les médias s’emparent à toute vitesse et amplifient ex. La farce de Jean Charest. On peut dire qu’il doit avoir la couenne dure pour supporter, tenir ferme et continuer.
C’est bien québécois : la chicane, la tyrannie, le déchirement, condamner et chercher des coupables. Cela nous ressemble.
Le pire c’est toute cette mascarade pour moins qu’un dollar par jour. Ridicule .

Anonyme a dit…

Très bon article. Depuis quelques jours je me dis "les leaders de ces manifestations veulent tout simplement créer un nouveau mai 68". Et je découvre ici que je ne suis pas seul à penser cela!

PPL a dit…

La chienlit communisto-anarcho-syndicalo-artistico-médiatique québécoise dans toute sa splendeur depuis 2 mois ! Le "printemps" québécois ! Ha, ha... Cette grève étudiante me fait penser à cette autre connerie gauchiste qu'a été "Occupons Montréal". Montréal est en train de devenir la ville de référence pour la chienlit. Montréal la rouge. Montréal la pauvre ! Montréal en faillite !

Anonyme a dit…

Le rouge n'est-il pas la couleur du communisme?

Donc l'anarchie et le communisme sont à nos portes. Nous devons nous méfier et dénoncer cette tangente dangereuse de toutes nos forces.

S'ils en ont contre le gouvernement Charest, qu'ils aillent donc voter. À ce que je sache on est encore dans une démocratie des plus libre de l'Occident. Encore plus libre que les USA qui prônent la liberté, mais au détriment des plus démunis.
Les USA qui prônent la liberté de posséder une arme à feu et d'en faire un jouet.

Le Québec et le Canada sont les sociétés les plus démocratiques et sociales au monde, n'en déplaise à ces petits anarchistes pro-communistes.

Robert Clarke

Gilles Laplante a dit…

Les étudiants, naïfs pour la plupart, vont découvrir que les dirigeants de leurs associations n'ont aucune préoccupation pour les plus démunis d'entre-eux. Si c'était le cas, ils manifesteraient pour un meilleur programme de bourse. Actuellement, on saccage pour permettre aux nantis de conserver leur prérogative à ne pas payer se qu'ils sont capables et doivent payer. Ces mêmes dirigeants, outils des dirigeants syndicaux qui veulent la tête du gouvernement, utilisent leur position pour se faire connaître en espérant pouvoir en tirer parti dans quelques années.
Actuellement ceux qui les appuient ne réalisent même pas que notre système de bas coût favorise les gens qui ont les moyens de payer, les autres sont toujours laissés pour compte comme dans tout système universel.

Isabelle LaPerriere a dit…

Le plan marketing des libéraux est super. Tout le monde pense que l'éducation est gratuite.

Mais on PAYE DÉJÀ POUR.

Très cher même, c'est pourquoi nos impôts sont à 50%, nos taxes élevées, entre autres. Nous avons compris avant que plus de diplômés dans une société l'enrichit, une donnée mathématique prouvée que la droite refuse de reconnaître.

Ceux qui sont pour la hausse sont ceux qui... payeraient leur facture au resto, et une fois sortis, la serveuse courerait après eux pour demander de payer une deuxième fois parce que le resto est mal géré. Ben ces gens-là...ils répondent OUI !!!! Le proprio est crampé raide.

Fascinant que des gens ordinaires, avec un salaires ordinaire, soient d'accord à ce que les moins bien nantis de la société (comme les monoparentales, les étudiants, la classe moyenne), payent, alors qu'un gros ménage de gestion s'impose.

Pendant ce temps, ironiquement, plusieurs entreprises multimillionnaires ne paient même pas d'impôts! Les étudiants ont démontré, études à l'appui, que de se prévaloir d'un système en dix palliers seraient non seulement profitable pour notre société, mais nous en dégagerions 1200 MILLIONS.

Il est temps qu'on se réveille. Cessons d'être des larbins : il faut arrêter de défendre une position qui nous nuit à NOUS-MÊMES.

Anonyme a dit…

La situation est pourtant simple: le Quebec est dans le trou. Nos programmes sociaux ne sont pas gratuits et les eco-fascistes et nos zartiss ne veulent pas que l'on exploite nos ricesses naturelles. Une dette publique doit etre payee par le public. Les frais d'etudes augmentent et les etudiants paient plus. Dans la vraie vie c'est comme ca.
Je peux seulement sourire en passant que tous les dommages causes par les manifesteux ont probablement depasses les couts de cette augmentation de scolarite de $1 par jour.

pasdedentier a dit…

Mauditement bien dit, bravo d'accord sur toute la ligne

LDRE2415 a dit…

Je fais partie de cette majorité silencieuse qui est 100% d'accord avec vous. Le PQ aurait eu une belle occasion de mettre ses culottes mais il ne l'a pas fait. Il a préféré se ranger du coté des étudiants et je pense qu'il vont payer le prix aux prochaines élections. En pensant j'ai un nouveau slogan pour eux autres. C'est tiré directement d'une campagne électorale des années '60.
Un certain Réal Caouette avait sorti cette perle et voici...

***Les libéraux nous ont amenés sur le bord du gouffre et nous vous ferons faire un pas en avant***

dumaclem a dit…

Quel esprit machiavélique se cache derrière les "cassettes fautives" de Gabriel Nadeau-Dubois et de Marc Maltais ? Ou s'agit-il tout simplement d'un excès d'orgueil et le besoin inassouvi d'un certain vedettariat de la part des deux !

Anonyme a dit…

je suis le père d'une étudiante en lock-out et je paiedes frais et un loyer pour rien , mais je paie surtout pour un détournement dÉcucation par des prof et autres universitaires complices incapables de responsabilités et valets de leurs syndicats ou allégeances corrompues.