vendredi 2 mars 2012

UN COMBAT PLANÉTAIRE?

(Chronique parue le 2 Mars dans le Journal de Québec)
                             

Au risque de revigorer l’hostilité (des appuis aussi?) que j’avais suscitée à mon égard à la suite d’un long billet (sur mon blogue) sur le conflit qui sévit depuis déjà 2 mois à l’usine de Rio Tinto Alcan d’Alma, je reviens sur le sujet. Après tout, «n’inspirer aucune antipathie, c’est jouir de la quiétude des insignifiants» (Pascal Bruckner).

Je vous rappelle que le litige entre les parties porte sur le plancher d’emplois et des restrictions à la sous-traitance. En d’autres termes, ce que revendique le syndicat, c’est de garantir de façon indéfinie les emplois actuels et d’ajouter des postes à ce plancher d’emplois en réduisant le champ d’action des sous-traitants.

L’entreprise, de son côté, tout en acceptant que les emplois actuels soient garantis jusqu’à la retraite, refuse de s’engager à «geler» le niveau d’emploi à tout jamais, ce qui constituerait, selon elle, une trop grande rigidité lorsque surviendrait, dans l’avenir, des changements technologiques lui permettant de réduire le nombre de postes de travail. D’autre part, limiter la sous-traitance au-delà d’un certain niveau, la placerait dans une position désavantageuse par rapport à ses concurrents dans un marché mondialisé.

Pour le moment rien ne bouge. Et lorsque les politiciens sont contraints d’émettre quelques sons articulés sur le sujet, ils fredonnent le refrain de circonstance sur le thème du «retour à la table de négociation». C’est sans doute mieux …qu’un silence embarrassé!

Ce fut le cas du Premier Ministre qui a jugé utile de rencontrer des délégués syndicaux la veille d’un discours sur le Plan Nord à Saguenay. En leur promettant de parler à la chef de direction de RTA, Jacynthe Côté, pour plaider en faveur, devinez quoi, d’un «retour à la table», il a calmé le jeu pour la manif syndical du lendemain sur le lieu de la conférence.

Entretemps, le syndicat déploie tous les rituels imposés en des telles circonstances : piquetage et manifs, il va de soi, mais aussi récolte d’appuis et de soutiens de tous les horizons, surtout de syndicats et de partis politiques (Québec Solidaire et NPD bien sûr).

Et voilà que les leaders syndicaux se sont lancés dans un combat planétaire. Ils se sont envolés jusqu’aux antipodes (Australie) pour y recueillir soutien et financement des syndicats dans les usines de RTA.

Questions : est-ce que ce déploiement «liturgique» aura des effets sur la négociation d’Alma? Est-ce que ces appuis de l’autre bout du monde vont modifier substantiellement le rapport de force en faveur du syndicat? Est-ce  que le soutien de tous les syndicats québécois de RTA va faire pencher la balance du côté syndical? Est-ce que RTA va être ébranlé et affaibli en sachant que des syndiqués du monde entier vont accorder un appui moral (et peut-être financier) aux travailleurs d’Alma?

Objectivement parlant, pas «pantoute»! Car tout ce tintamarre ne change pas d’un poil la nature du face-à-face ni le poids des antagonistes. Le syndicat d’Alma est toujours tout seul au front et il va le rester. Les autres syndicats lui manifestent sans doute une sympathie ostentatoire, mais leurs membres ne monteront pas aux créneaux. Ils continuent de travailler. Une pareille situation, ça s’appelle un cul-de-sac! Manifestement, les syndiqués d’Alma ont surestimé leurs forces.

Et n’allez pas croire que ça me réjouit. Une situation semblable n’engendre malheureusement que des dégâts moraux et financiers au sein de la communauté.

Jacques Brassard




15 commentaires:

Anonyme a dit…

M. Braasard. De toute façon, il vont déménager au Brésil.

Ne perdez pas votre temps là-dessus.

remidam a dit…

Le problème qui peut survenir pour les syndiqués d'Alma (Rio Tinto Alcan)est que la Chine développera énormément sa production électrique dans les 3 prochaines années. Elle pourra aussi fournir de l'électricité à bas prix en plus d'une main-d'oeuvre à bon marché. La Chine serait alors un concurrent sérieux aux usines québécoises d'aluminium.
Le syndicat qui veut faire marcher au pas la compagnie pourrrait de retrouver gros Jean comme devant.
Les combats supposés pour les générations futures n'ont rien de concret et conduisent à des fermetures d'usine.
Je suis québécois et je suis contre l'approche syndicale à l'usine d'aluminium d'Alma.

jean-luc a dit…

j'ai rencontré un ex-compagnon de travail la semaine pssée. Nous travaillions dans le "merveilleux!!!" monde du bois d'oeuvre. Maintenant celui-ci travaillent pour un méchant "sous-traitant" qui fait affaire avec Alcan. Il se considère très chanceux et gagne plus cher que son ancien emploi en scierie...et est heureux. Selon les critères d'embauche de RTA, il n'aurait jamais pû entrer pour RTA. Il me contait quelques anecdotes sur son travail: il n'avait aucun problème à entrer chez RTA de Lterrière et Vaudreuil....mais à Alma c'était les invectives, les doigts d'honneur etc...il ne peut même pas manger dans la c afétéria des syndicaleux de RTA. L'atmosphère est pourri. Il se sent comme un mexicain illégal au Texas. Pourtant il peut avec son salaire de "misère", s'acheter une maison et élever ses enfants convenablement et honnêtement . Faudrait pas oublié que les gens qui travaillent pour les sous-traitants de RTA ne sont pas des Marsiens, mais bien des frères, parents et voisins des travailleurs de RTA avec des historiques et formations différentes de ceux-ci.
Petite suggestion trop simpliste pour nos politiciens pour diminuer la longueur d'un conflit (grève ou lock-out): si chaque partie au conflit (syndicat et employeur) avait à payer un montant journalier à un fond de relance économique régional.... comme $300 par jour par travailleur...ça ferait un joli montant après un mois de conflit à Alma....on pourrait appeler cela une amende pour "Obscurantisme économique"

Anonyme a dit…

Ce qui m’écœure dans ce type d'emploi (industriel) c'est que se sont tous les Québécois qui subventionnent leurs conditions de travail démesurées. Les syndicats savent où téter pour créer le déséquilibre de marché. Je me demande bien à quelle école nos politiciens,financiers et certains économistes ont étudié pour faire avaler cette pilule à notre société. Personnellement de voir des travailleurs peu formé à ce salaire et un fonds de pension blindé sur le dos de la population me dépasse! Je me demande bien où est la plus-value.Il s'agît pourtant d'un nivellement par le bas. En terminant je souhaite que Rio Tinto ne cède d'aucune façon et que toutes les multinationales qui ont des avantages au Québec crées le plus possible de sous traitance. Car la santé économique passe par là. Des emplois rémunéré à la hauteur des efforts de spécialisation et d'instruction. De l'emploi pour tous SVP.

Anonyme a dit…

Bravo Monsieur Brassard et longue vie.

J'en ai plein les baskets de voir la mafia syndicale totalement déconnectée vouloir diriger nos sociétés.

Ils veulent gérer Rio Tinto de LEUR façon? Qu'ils l'achètent. Ils pourront bien en faire ce qu'ils veulent par la suite.

Anonyme a dit…

Fin de Cycle ou fin d'un peuple?

La réalité québécoise faisant abstraction de la question démographique est de la pure science-fiction. En terme comptable, la force d’un peuple est premièrement sa démographie...

http://www.cqv.qc.ca/fr/fin-de-cycle-ou-fin-dun-peuple

Anonyme a dit…

En 2003, Radio-Canada et La Presse donnaient une série de conférences sur le phénomène préoccupant de la dénatalité. Les propos alarmants sont des plus actuels 10 ans plus tard. Comment se fait-il qu’une telle prise de conscience soit demeurée sans suite? Comment se fait-il que l’on soit incapable de se parler clairement et avec authenticité au Québec? Comment se fait-il qu’il y ait une telle censure sur la question démographique? Lucien Bouchard se fit rabrouer par Daniel Johnson fils et le parti libéral pour avoir osé évoquer le faible taux de natalité des femmes de « race blanche » terme scientifique qui n’avait rien de raciste… Et le débat fut clos. Quel était ce débat?...

http://www.cqv.qc.ca/fr/fin-de-cycle-ou-fin-dun-peuple

PPL a dit…

Je suis persuadé que tous les travailleurs de la planète vont pleurer et s'émouvoir du sort des travailleurs de Rio Tinto du Québec. Car, après tout, ces travailleurs d'Alma sont parmi les plus exploités de la planète ! Rio Tinto ne pourra résister à la pression exercée par des millions de travailleurs de la planète en faveur des gars d'Alma !!! Oui, travailleurs de tous les pays, unissez-vous en faveur des exploités d'Alma qui vivent dans des conditions dignes du 17e siècle...
Plus sérieusement, ce conflit à Alma prouve à quel point le syndicalisme québécois est devenu déconnecté de la réalité.

Anonyme a dit…

C'est tout comme quand Wal-Mart a decide de s'implanter au saguenay originallement. Les syndicaleux pi la mafia de gogauche voulaient tous leur mot a dire et avaient leurs liste de demandes non-negociables face aux mechants imperialiste-exploiteurs yankees. Resultat: Wal-Mart a quitte ce nid socialiste anti-business a cause des syndicaleux tueurs d'emplois.
Deplorable pour une region souffrant de sous-emploi chronique...

Anonyme a dit…

Une mafia syndicale ? Au mieux une bande d’imbéciles. Au pire des lâches surpayés et planqués comme les communistes pouvaient l’être dans les usines soviétiques. Une idéologie de gauche déconnectée tient lieu de jugement à des imbéciles qui se prennent pour des syndicalistes, alors qu’ils ne sont tout au plus que des activistes qui n’osent pas s’afficher. Des dangereux pour n’importe laquelle collectivité. Et certainement parmi les plus dangereux pour les générations futures.

Rio T parti, ces imbéciles seraient capables de s’en féliciter. M. Brassard, lâchez-les pas.

Anonyme a dit…

Attention...le maire de Saguenay s'en mêle!!!

Ça promet:

http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/saguenay/archives/2012/03/20120306-121104.html

Présentera-t-il le crucifix aux syndilaleux???

Anonyme a dit…

Le monde change vite, mais pas les syndicats.

Ce que je veux dire est que l’adaptation des syndicats ne s’est pas produite. Dans les années début 70, le Front commun ( CSN, FTQ, CEQ ) se battaient essentiellement pour un salaire minimum de $100 par semaine dans la fonction publique. Ce fut le gros de leurs revendications.

Les années 80 ont consolidé les réformes de travail et de salaire des employés syndiqués. Comble de malheur, une grosse crise économique est venu bouleverser les plans des syndicats qui se sont mis à en demander plus, et plus.

Depuis les années 90, le monde syndical ne s’est pas adapté au renouveau de la future économie mondiale. Qu’elle soit bonne ou mauvaise. Ce que la majorité ignore est que de nombreuses conventions collectives se règlent maintenant avant l’échéance. Sans moyens de pression et sans grèves. On n’en parle pas parce que ça fera jamais les nouvelles. Il y a un phénomène qui se produit aussi actuellement : le lockout. Les deux parties ne veulent plus se parler. Journal de Montréal et Rio Tinto Alcan en sont les deux meilleurs exemples. Des salaires à faire saliver, des conditions de travail décentes, mais les syndiqués en veulent plus. Le patron, lui, reste sur ses positions et déclare un lockout. Maudite marde, c’est pas comme ça qu’on va s’entendre. Mais se sont les travailleurs syndiqués qui ont toujours la sellette, ils on l’air fou sur le piquetage. Et c’est pas les Australiens qui vont régler leur sort. C’est pas ceux qui klaxonnent dans leur auto qui vont régler leur sort. C’est eux autres qui vont régler leur sort. Ils sont aussi têtus que les patrons. Une vraie chicane de couple. Il y a aussi un autre phénomène : des ententes à la baisse de salaire pour prétendument sauver la compagnie et les emplois. Bon ou mauvais? Je ne sais pas.


Ces enfants gâtés qui pourrissent sur les lignes de piquetage ne me font pas couler une seule larme, de crocodile ou pas. Une vraie chicane de couple, je disais!


Robert Clarke

Anonyme a dit…

Le 8 mars. Condition féminine.

Explications sur l’Islam par Anne-Marie Delcambre

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=wVMx93zi45o#!

Conférence sur le vrai visage de l'Islam

http://www.youtube.com/watch?v=L6ooadO91rY&feature=related

Anonyme a dit…

«Présentera-t-il le crucifix aux syndilaleux???»

Pourquoi pas, cela les éloignerait sans doute de leurs lubies socialo-communistes qui ont donné de si bons résultats dans l'ex-URSS, vous vous rappelez? Mais que je suis donc naïve, les «syndicaleux» et leurs pareils «les journaleux et les politicailleux» trouveraient sans doute le tour d'en faire fi pour ne pas dire de le recevoir à coups de sacres, ce qui est plus que probable - la marque de commerce de nos «zumoristes« et certains «zartistes» en mal d'expression intelligente et auxquels tout ce beau monde s'abreuve, quoi - ?
Gigi

Anonyme a dit…

Je crois que ces syndiqués se sont mis eux-mêmes dans un sale pétrin en épousant une cause sur laquelle ils n'ont aucune influence. Ils se battent pour des emplois de qualité pour les générations futures alors que le but est de signer une convention de 5 ans. Ils devraient se contenter d'améliorer leurs propres conditions voir de sauver leur emploi avant de prendre la défense des générations futures. Le gouvernement a probablement eu certain manque, mais ce n'est pas au syndicat de se penser le robin des bois du peuple. En ce moment tout le monde souffre pour une idéologie syndicale stupide.