vendredi 17 février 2012

SALAMALECS ÉLECTORAUX

(Chronique parue le 17 Février dans le Journal de Québec)
                                              

Franz-Olivier Giesbert, éditorialiste au Point, décrit la campagne présidentielle française comme ne parvenant pas à «s’élever au-dessus de la salaméquisation », néologisme forgé à partir du mot «salamalec».Selon lui, les candidats se bornent à faire des révérences exagérées, des salutations flagorneuses et des prosternations populistes devant l’électorat. Des salamalecs, quoi! J’ai bien peur que la prochaine élection au Québec soit aussi «salaméquisée» que la française. Voyons voir!

Le PLQ d’abord! Comme il a échoué lamentablement à réduire la dette et les dépenses publiques, de même qu’à rendre plus efficient le système de santé, M. Charest a donc choisi de faire rêver le Bon Peuple en lui promettant un développement mirobolant du Nord avec des retombées en termes d’investissements et d’emplois tellement grandioses que le Québec va entrer dans une ère de prospérité paradisiaque.

Des investissements et des emplois, il y en aura assurément dans le Nord du Québec, mais il y a quand même un côté attrape-nigaud électoraliste dans tout ce gigantesque mirage nordique. Et ça permet, de plus, de détourner l’attention de l’électeur des graves défaillances du Modèle québécois. «Le peuple a faim d’utopie, proclame M. Charest, et je vais le rassasier!».

Et le PQ? Ah! Le PQ! Il flagorne l’électeur sans retenue! Il «salaméquise» à fond! Il a manifestement décidé de faire plaisir au peuple en esquintant les riches. C’est toujours d’un bon rapport électoral. Et ça lui permet de faire les yeux doux à l’électorat de Québec-Solidaire. Donc, premier engagement : on substitue à la taxe-santé une hausse d’impôts sur les plus riches.

On obtiendra ainsi un milliard qui tombera dans le tonneau sans fond du système de santé. Merveilleux! La vieille recette socialo-marxiste qui consiste à «faire payer les riches» est le plus ancien salamalec populiste de gauche. Et cela, en dépit du fait que dans toutes les sociétés occidentales, les 5% des citoyens les plus «riches» paient le tiers des impôts. Et alors? Un milliard de plus, c’est si peu! Et ça permet au PQ d’afficher son «progressisme», c’est-à-dire sa propension à poursuivre le gavage de l’État-nounou! Surveillez la suite!

Et la CAQ? François Legault, s’il veut maintenir intact sa coalition, qui n’est plus guère «arc-en-ciel», mais plutôt multicolore (une toile de Riopelle?), devra sans doute se cantonner dans le flou et le nébuleux quant aux changements qu’il souhaite mettre en œuvre. À la fois pour ne pas susciter de tensions dans son parti «courtepointe» et ne pas stresser les électeurs. Un exemple : les services de garde. Il s’est contenté d’évoquer une hausse du tarif quotidien. Pourtant, il doit surement savoir qu’il faut revoir de fond en comble le système de financement des services de garde et redonner aux parents leur pleine liberté de choisir le mode de garde pour leurs enfants.

Or s’engager dans cette voie, c’est déclencher les hostilités avec les corporatismes syndicaux. Il vient d’ouvrir un front en éducation. Il va sans doute hésiter à en ouvrir d’autres. N’est pas Maggy Thatcher qui veut! Alors? Des salamalecs?

Donc, j’ai bien peur que la prochaine élection québécoise qui vient sera largement imprégnée de ce que le rédacteur en chef du Point appelle la «salaméquisation». Les partis vont courtiser et cajoler l’électorat. Faire des salamalecs, quoi!

Malheureusement, l’inéluctable reconfiguration du modèle québécois devra encore attendre! Et notre addiction à la péréquation permettra de repousser l’échéance.

Jacques Brassard


12 commentaires:

Anonyme a dit…

Le résultat le plus déterminant de la prochaine élection sera le clivage franco-anglo. Les récents sondages le laissent entrevoir. Le déclin définitif du P.L.C. au Québec aura été le présage du déclin P.L.Q.
Vous avez raison quant aux salamalecs : ceux-ci seront d’autant plus amples que le déclin du P.L.Q. sera prononcé.

Le Québec se débloque lentement. Trop lentement à votre goût ? Sans doute.

PPL a dit…

Le slogan du PQ et du PLQ: "Faisons payer l'Alberta." Ça c'est du progressisme comme l'aime les journaleux du Devoir qui ce matin se lamentent de vivre sous le joug épouvantable de S. Harper ! Notre petite élite de journaleux s'ennui des libéraux corrompus de Chrétien.

Anonyme a dit…

Votre analyse de la situation politique est très juste et le recours à la salaméquisation est fort répandu. Elle dénote sans doute un manque de courage politique mais certainement aussi un réalisme certain.
On a beaucoup tendance à blamer le politicien mais il doit composer avec le citoyen. Si véritablement on a les dirigeants qu’on mérite, il faut peut-être commencer à s’interroger sur nous même. C’est à mon avis le problème essentiel. Un système démocratique attribue une responsabilité énorme au citoyen. Celui-ci doit aussi se montrer à la hauteur. Or, je pense que de plus en plus il se montre incapable d’exercer ses responsabilités. La dernière élection fédérale au Québec l’a illustrée dans plusieurs comtés, sinon la plupart. À quoi c’est dû? Comment y remédier? Ça amènerait une longue discussion. C’est pas le vote à 16 ans qui va améliorer les choses.

Réal Carbonneau

Anonyme a dit…

Je commence sérieusement à penser que la démocratie, ou je dirais plus la médiocratie va devenir le tombeau de l`occident. C`est sûr et certain que les électeurs votent pour ceux qui leurs promettent des cadeaux et la vie facile. C`est ça le gros problème partout en occident. Mais la vie, c`est loin d`être toujours facile, et sans danger.

Anonyme a dit…

AH! Que je suis en complet accord avec vous cette fois-ci.

La valse des promesses est déjà commencée. PLQ, CAQ, QS, et PQ. Ça fait beaucoup de Q. Le dénominateur commun de tous ces Q est les courbettes devant les électeurs. Mais les électeurs québécois, comme je l’ai déjà écrit, sont des ambidextres politiques. Ils ignorent les différences entre la gauche et la droite. Ils votent souvent pour ce qui leurs fera plaisir. Peu importe ce que l’avenir leur réservera et ce que ça coûtera. Les garderies à 7$, bientôt sûrement à 10$ ( là ça va chialer ), le Plan Nord ( encore très flou ), hausse des salaires de 20% des profs après une évaluation positive ( comment on va faire ça? Et combien de profs vont perdre leur travail?), le PQ qui fait les yeux doux à Québec Solidaire (batinsse ils sont fous ces péquistes ). Pendant ce temps on est assis sur des richesses énormes. Du pétrole en masse dans le Golfe Saint-Laurent. Du gaz naturel, les méchants gaz de schiste ( oh! combien méchants ), mines de métaux divers ( la table des éléments est présente dans tout le Québec ), mais dont les redevances ne sont pas encore très claires. Dire que Duplessis vendait le fer une cenne la tonne aux Américains. On dirait que le Québécois moyen a peur d’avoir de l’argent. Argent est un mot tabou, monstrueux. Maudite Église Catholique qui nous a mis ça dans la tête, pourtant elle est très riche encore cette Église. Pendant ce temps, l’Alberta se rempli les poches et paie la péréquation du Québec. Pour un pays souverain il faudra de l’argent et beaucoup d’argent. Nos richesses naturelles sont là. Faudra en profiter, les développer et les transformer. Tant qu’on restera en mode attente on ne pourra pas avoir un pays. Les entreprises d’exploration et d’exploitations ne partiront pas ailleurs parce que les redevances sont trop élevées. Ils en veulent des profits, de la matière et travailleront chez nous.

Les partis politiques fonctionnent selon les sondages. Souvent des questions biaisées qui ne laissent pas de place à la nuance, genre «très satisfaits, moyennement satisfaits, pas satisfaits». Le Québécois n’a plus de choix. Par contre il peut répondre n’importe quoi aux sondages. Ça fait parti des salamalecs. Et la valses des promesses est repartie. La campagne électorale à venir sera soporifique, dans le sens que les Québécois vont encore se laisser endormir par les promesses. Je m’ennuie de personnages comme Jean Lesage et René Lévesque. C’est une race éteinte. Je m’ennuie aussi, parfois, rarement, de gens comme Pierre Trudeau. Au moins avec lui on savait à quoi s’attendre. Au plus mauvais le plus souvent.

Robert Clarke

Anonyme a dit…

Robert Clarke
«pourtant elle est très riche encore cette Église».....

Quelques idées reçues
http://catholique-lille.cef.fr/diocese/denier/questions.htm

jean-luc a dit…

Les `journaleux` du Quebec s`évertuent à baliser les partis politiques en gauche et droite comme en Europe. Nous n`avons pas d`historique semblable de ce coté-ci de l`océan. En marchant, courant ou en auto...si je ne regarde qu`à gauche et droite, je vais frapper le mur en face. Ce qu`on a besoin maintenant c`est de se faire promettre `un bon gouvernement`comme l`a fait le PQ en `80. Mais dans la situation présente, il faut être réaliste et voir que sans le support du reste des provinces plus riches, nous serions dans une situation très semblable à la Grèce. Notre aveuglement politique est très semblable à notre aveuglement économique: on ne veut pas savoir ouvoir nos problèmes en face et accepter les sacrifices pour les résoudre: c`est comme vouloir garder son VTT, son Ski-Doo, son gros pick-up pour trainer le tout après avoir perdu son emploi...recommence à travailler pour te repayer tes bebelles.
Un parti politique qui dira la vérité n`aura pas de chance de se faire élire (comme l`ADQ) à la dernière élection: on veut garder toutes nos `bebelles`même lorsqu`on en a plus les moyens de les payer....on se dirige droit dans le mur d`en face....

Gilles Laplante a dit…

Si les politiciens savaient que les salamalecs ça ne marche pas, ils n'en feraient pas. Mais, en période électorale, il faut offrir au bon peuple ce qu'il veut, après c'est autre chose. Comme le bon peuple est généralement imbécile, d'une élection à l'autre, il se laisse prendre au jeu. De plus, quand un parti, le PCC, tient ses promesses on le démonise et le bon peuple applaudit.
Le PQ nous a mis dans la m.... jusqu'au cou, le PLQ ne nous en a pas sorti, sauf qu'il a réussi à sortir des syndicats le placement des travailleurs de la construction et qu'on peut espérer qu'il tiendra son bout face aux étudiants. La CAQ, dirigé par un péquiste défroqué, ressemble au PQ "sans" l'option souverainiste, gauchiste et étatiste.

Anonyme a dit…

@ Gilles Laplante

Je pense avec une presque certitude que les gens n'ont pas pris au sérieux les promesses des Conservateurs. Ils ont voté en masse pour eux, du moins dans le ROC, en se disant qu'ils n'iraient pas aussi loin.

Mais voilà... on a le résultat aujourd'hui. Harper est un fin renard qui a endormi le corbeau, mais en disant sa vérité.

Contrairement à M. Brassard, je n'ai aucune admiration pour Harper, mais je le considère comme un fin stratège politique. Il ne semble pas émotif et ne se laisse pas emporter par l'enthousiasme. De plus les sondages ne semblent pas diriger ses politiques. C'est ce que j'appellerais une politique aristotélicienne. Du moins dans la vision de Harper.

Anonyme a dit…

SVP M. Brassard, ce livre mérite qu'on le diffuse...

Jean-Michel ALCADER est l'auteur d'un remarquable ouvrage : « Le vrai visage de l'islam »

Les musulmans convertis

http://de.gloria.tv/?media=230968

Anonyme a dit…

Bonjour
Deuxieme visite au blog
Toujours excelent
Le moins pire Francois Legault
Au moins il veut changer quelque chose.
La question est: sera t il capable.
Le haute fontion publique et les syndicats
Vont tous faire pour l 'en empecher.
On fait deja courrir toutes sortes de rumeurs...
Michel

Gilles Laplante a dit…

@ l'anonyme qui m'a répondu,

S'il est exact que les gens n'ont pas pris au sérieux les promesses des Conservateurs, cela tend bien à démontrer que l'électeur moyen est un imbécile cart les Conservateurs lors de leur période minoritaire ont démontrés leur intentions de respecter leurs promesses. Seul les partis d'oppositions les en empèchaient. À Québec, on n'a pas voté Conservateur pour se venger de ce que les Conservateurs n'ont pas voulu gaspiller l'argent des contribuables dans le Colisée. Ça renforce encore la thèse du crétinisme de l'électorat.
Si Harper était aussi fin renard que vous semblez le penser, il y a plusieurs conneries qu'il n'aurait pas laissées faire comme fournir des voiles aux islamiques de Parc Canada. Cependant, force est de constater que plus ce gouvernement tente de nous faire plaisir, plus on se plait à le détester. C'est peut-être le trait qui fait que le québécois est unique...