samedi 6 mars 2010

SOUVERAINETÉ ET MULTICULTURALISME

Il est essentiel de ne jamais l’ignorer : le Canada est fondé depuis les années 80 sur le multiculturalisme. Ce qui signifie qu’il ne faut pas seulement reconnaître la diversité culturelle, mais qu’il convient aussi de soutenir le communautarisme (soit le maintien des communautés ethniques et culturelles ) et de promouvoir le pluralisme identitaire ( l’identité nationale québécoise n’en étant qu’une parmi d’autres ). Et la Cour Suprême a pour fonction de s’assurer que cette valeur fondamentale du Canada soit pleinement respectée.



C’est ce qui fait que toute politique visant une intégration assimilatrice à la majorité nationale est désormais perçue comme intolérante et xénophobe, pour ne pas dire raciste. Préserver l’identité des Sikhs ou des Musulmans de toutes obédiences, voilà qui est honorable et digne d’estime. Mais vouloir assurer la sauvegarde de l’identité nationale des Québécois, ça, vraiment, c’est un repli sur soi méprisable et une régression dans l’archaïsme.



« Pris de panique devant la déclaration de Jacques Parizeau le soir du 30 octobre 1995, écrit Mathieu Bock-Côté, les souverainistes auront compensé pendant une décennie dans la surenchère politiquement correcte en javellisant leur définition de l’identité québécoise pour la décentrer complètement de la majorité francophone. » Il fallait à tout prix gommer nos 400 ans de présence et d’enracinement en terre d’Amérique et amenuiser nos dissemblances identitaires pour ne pas outrager la religion multiculturelle d’État. Pourtant, il est évident qu’il existe un divorce entre, d’une part, la classe politique et l’élite intellectuelle qui adhère au multiculturalisme et au relativisme culturel, et, d’autre part, le peuple qui perçoit une menace réelle pour son identité (et les valeurs qui la constituent ) dans le refus ( s’appuyant sur la Charte ) de la part des communautés ethniques de s’intégrer véritablement à la majorité francophone.



Autrefois, l’assimilation à la société d’accueil était la règle. C’est ainsi que des centaines de milliers des nôtres sont devenus au siècle dernier des Américains « pur jus ». Nos intellectuels de l’époque, épouvantés par cette perte de substance, appelaient ce phénomène le « melting pot ». C’était aussi la règle au Canada et au Québec. Quelle horreur! N’est-ce pas? Des Irlandais, des Italiens, des Libanais devenaient des Québécois à part entière. Aujourd’hui, parler d’assimilation est considéré comme un blasphème infamant et un signe d’inculture.



Et avec l’implantation en Occident, au sein des communautés musulmanes, de l’islamisme à tendance jihadiste, on découvre de plus en plus un renforcement de ce que l’essayiste français Pierre-André Taguieff désigne comme étant les effets pervers du multiculturalisme :« la fragmentation conflictuelle de l’espace public, la généralisation normative des ségrégations, l’accroissement de la défiance entre les groupes séparés et, pour finir, la destruction de la vie civique, mettant en danger le régime démocratique ». Vous croyez que cet avenir radieux ne nous concerne pas? Détrompez-vous! Il est à nos portes.



Il n’y a qu’une seule façon pour la Nation québécoise de s’extirper de ce multiculturalisme mortifère, et c’est de devenir un pays souverain. Comme province du Canada, nous sommes assujettis à la religion d’État de la pluralité des identités égales et sacrées. Pour répondre à l’angoisse identitaire, parfaitement légitime, qui tenaille le peuple québécois, il nous faut revenir à l’origine du mouvement indépendantiste contemporain. Ce dernier est né et s’est développé avec comme objectif premier (je m’en souviens bien, j’y étais ) le maintien, la préservation et l’épanouissement des éléments constitutifs de notre fibre identitaire : langue, culture, héritage judéo-chrétien, patrimoine, histoire, institutions démocratiques, état de droit. Et j’ajouterais l’amour de la Patrie, cette portion de la Planète que nous avons façonnée « à notre image et à notre ressemblance » au fil des siècles. Les partis souverainistes auraient intérêt à faire un retour aux sources. Car, voyez-vous, les Québécois ne feront pas l’indépendance pour régler le déséquilibre fiscal mais, s’ils ont à la faire, ce sera pour assurer leur survie comme nation.



Jacques Brassard 

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est intéressant ce que vous dites M. Brassard.

2 commentaires:



1- N'oubliez pas qu'ils y a des gens au Canada (des conservateurs ? des progressistes ?) qui remettent en question le multicultiralisme d'État.

Il sont malheureusement timide pour l'instant.

Le ministre Jason Kenney (ministre de l'identité et sur la question du MULTICULTURALISME) doit revoir à mon avis le bubget, le rôle et la finalité de son ministère sur la question multiculturaliste... comme la France, l'Angleterre etc...

La pression est là j'en suis sûr.

Est-ce vraiment le rôle du GOUVERNEMENT CANADIEN de SUBVENTIONNER (à même nos taxes, et notre argent) le multiculturalisme, en cette période de FRAGMENTENTION SOCIALE ? NON.




Il n'est pas nécessaire M. Brassard de faire l'indépendance du Québec pour cela pour baliser cette épineuse question du multiculturalisme idéologique. On peut légiférer pour le revoir (en partie ou en entier).

Des fédéralistes et des indépendantistes au Québec peuvent faire front sur cette question délicate.

Je vous le concède, le Québec n'a pas ratifier la Constitution de Trudeau de 1982. (un bon point pour vous). Mais à l'époque les questions identitaires ne se posaient pas comme aujourd'hui.




Pierre Brassard
Montréal

Anonyme a dit…

*Hiver démographique* : l'ONU confirme

http://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2010/01/hiver-demographique-lonu-confirme.html

Essoufflement du « mini baby-boom » ?

http://pouruneecolelibre.blogspot.com/2010/03/essoufflement-du-baby-boom.html

Patrick Bégin a dit…

Concept intéressant, mais faut-il vraiment quitter le canada pour renverser le multiculturalsme?

Cependant, même si c'était la solution, jamais je vais adhérer au concept de souverainté tant qu'on ne me prouvera qu'on est meilleur (par une grand marge) économiquement que le reste du Canada. Blammer les autres pour nos problèmes économiques relève de la lâcheté et de l'incompétence...

Ah oui, un autre condition, il faudra aussi avoir des politiciens avec des culottes qui ne sont pas à la solde de tous les groupes de pression et qui gouverneront pour la majorité, pas les minorités.

Meilleur économiquement, politicien courageux et ensuite on pourra discuter du reste...