SUR L’AUTOROUTE DU PARC DES
LAURENTIDES
(Chronique parue dans le Journal de Québec le 27 septembre)
On inaugurait récemment la route à
quatre voies dans la Réserve Faunique des Laurentides (la 175). À cette
occasion, Russel (Aurore) Bouchard, historien devenu historienne, a fait une
virulente sortie contre le Parti Québécois, lui déniant toute paternité de
cette voie routière. La diatribe me visait aussi de même que Benoit Bouchard.
En ce qui me concerne, je lui donne
raison. On peut dire que je n’ai jamais été enthousiaste à l’égard du projet
autoroutier dans le parc des Laurentides. Je comprends alors très bien qu’on m’ait considéré comme
un «boulet» dans ce dossier, ayant fait obstacle à sa réalisation.
En fait, je n’ai jamais nié avoir eu
des réserves sur ce projet. Je les ai
exprimées sans détour. Et je les ai assumées. Et je les assume toujours.
En fait, je considérais que le projet
d’une autoroute dans le Parc était une solution inappropriée, tout en
reconnaissant la réalité du problème de sécurité routière.
En fait, il convient de dire que dès
le départ, ce rêve autoroutier est devenu un projet éminemment politique. Le
mouvement Accès-Bleuets en a fait une affaire essentiellement politique. Pour
Mme Larouche, la région avait le droit indiscutable d’avoir un quatre-voies
divisées dans le Parc des Laurentides. Toute autre solution, toute autre
approche étaient irrecevables.
À titre de Ministre des Transports,
de 1996 à 1998, selon Accès-Bleuets, je n’avais pas d’autre choix que de mettre
en branle illico ce projet. Sinon, je devenais un renégat, un traître à la
région.
Or, j’ai osé examiner cette
proposition de façon rationnelle. En ce sens que j’ai, en regard du problème,
tout à fait réel, de sécurité, analysé la pertinence de d’autres solutions,
moins coûteuses mais tout aussi efficace, que la construction d’un quatre-voies
divisées.
Et il convenait tout d’abord de tenir
compte du débit de circulation sur cette route. Il ne dépassait pas 5000
véhicules par jour. Ce qui est peu élevé. Partout dans le monde occidental, les
autorités n’envisagent pas d’autoroute avant
d’atteindre au moins 25,000 véhicules-jour.
Or, pour Accès-bleuets, le débit de
circulation n’était pas un élément à considérer. Le coût non plus. Il fallait
une autoroute, point final! On aurait pu
(on avait déjà commencé) continuer de corriger les courbes dangereuses et
multiplier les voies de dépassement et, ce faisant, je suis toujours convaincu
que nous aurions atteint l’objectif d’une meilleure sécurité routière. Rien à
faire! Fin de non-recevoir de la part d’Accès-Bleuets!
En matière de coût, j’osais avancer
que dépenser plus d’un milliard de
dollars pour 5000 véhicules par jour, ce n’était pas, en matière de gestion de
fonds publics, une allocation judicieuse de ressources. Et qu’avec le tiers de
cette somme, on pouvait rendre cette route tout à fait sécuritaire. Je me suis
fait traiter de sans-cœur!
Car, devant toute forme de réticence,
on évoquait avec indignation la «route de la mort» ou la «route la plus
meurtrière du Québec». À force de le répéter, c’était devenu un dogme
intouchable. Même si après le contournement de Stoneham, le nombre d’accidents
mortels ayant fortement diminué, la route du Parc a cessé alors d’être «la
route la plus meurtrière».
Par ailleurs, j’avais signalé que
dépenser plus d’un milliard dans un seul projet allait avoir des effets de
retardement (sinon d’enterrement) sur tous les autres projets routiers. Et
c’est ce qui est survenu.
J’étais invité à l’inauguration.
N’étant pas hypocrite et ne reniant pas les positions que j’ai prises à
l’époque, je suis resté chez moi. J’assume, quoi!
Jacques Brassard
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