mardi 5 janvier 2010

Pour la liberté de choix

Lorsque j’étais, dans une vie antérieure, Ministre des Affaires Intergouvernementales, j’ai contribué, avec Pauline Marois et Stéphane Dion, à faire adopter par les deux Parlements un amendement constitutionnel qui avait pour effet de déconfessionnaliser les Commissions scolaires afin d’en faire des structures linguistiques. Lors des débats parlementaires, signalons toutefois que tout le monde insistait pour dire que la création de commissions scolaires linguistiques n’abolissait pas le droit à l’enseignement religieux garanti par la Charte des droits et libertés. Jusque là, tout va bien!



Mais quand le Ministère de l’Éducation a concocté et imposé à tous les jeunes de nos écoles ( primaire et secondaire ) un cours d’Éthique et de culture religieuse, quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que l’Assemblée Nationale avait, en juin 2005, modifié, à toute vapeur, sans vote nominal, à l’unanimité, la Charte des Droits pour y abolir, à toutes fins pratiques, la liberté de choix des parents en matière d’enseignement religieux et moral. J’avoue que je n’avais rien vu passer. Même l’ADQ qui, aujourd’hui, réclame un moratoire sur le nouveau cours, ne s’est pas opposé à l’amendement. Pourtant, on dit que la Charte des Droits et Libertés a plus de valeur et d’importance qu’une loi ordinaire. Et que, par conséquent, il faut lui toucher avec grande précaution et après un large débat permettant une décision éclairée. Ce ne fut évidemment pas le cas sur cette question délicate.



Il vaut la peine de lire le texte avant sa modification. « Les parents ont le droit d’exiger que , dans les établissements publics, leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, dans le cadre de programmes prévus par la loi. » Et c’est en vertu de cette disposition que les écoles publiques du Québec offraient le choix aux parents entre l’enseignement religieux et l’enseignement moral. Dans 80% des cas, c’était l’enseignement religieux qui était choisi.



Désormais, le nouvel article, tel que modifié, ne fait que reconnaître aux parents « le droit d’assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants ». Il n’est plus question cependant que ça se passe dans les « établissements publics ». Il s’agit là d’un changement majeur puisqu’il abolit la liberté de choix ( entre enseignement religieux ou moral ) des parents. Et tout cela s’est fait pratiquement en cachette et à toute vapeur. Une telle désinvolture en matière de droits et libertés est pour le moins offensante et méprisante à l’égard des parents du Québec.



Et le nouveau cours d’Éthique et de Culture religieuse est --je le dis sans ménagement -- une horreur, une macédoine indescriptible, qui oblige des enfants de 6 ans à « fréquenter » au moins six religions. Jésus, Allah, Bouddha, Vishnou, Ganesh, Jéovah, et le Grand Manitou, c’est toute une ribambelle de dieux qui vont se bousculer dans le cerveau des tout petits. Et l’effet recherché de ce cafouillis divin, c’est de relativiser ( cela s’appelle le relativisme éthique ) l’héritage judéo-chrétien des Québécois. Vous croyez que je divague? Voici ce qu’écrit le géniteur du cours, Fernand Ouellet : « Il ne suffit pas, nous avoue-t-il, d’éduquer à la reconnaissance et au respect de l’autre. Il faut aussi apprendre à ébranler la « suffisance identitaire » et à s’intéresser à l’autre par delà les divergences et les conflits de valeurs ». Plus loin, il ajoute qu’il faut « ébranler une identité trop massive et y introduire la divergence et la dissonance ». Pas mal, hein? Comprenez que l’héritage, les traditions, le patrimoine et l’éthique judéo-chrétiens forment un noyau trop dur, trop résistant, trop coriace, qu’il est essentiel de casser, de fractionner, afin de permettre à nos enfants et petits-enfants d’être propulsé dans le nirvana du multiculturalisme et de la surabondance divine.



Au moins, on ne peut pas reprocher à la Machine technocratique de l’Éducation de manquer de clarté et d’avoir des objectifs flous. Les Québécois, selon ces bonzes et ces mollahs du Ratatinement Identitaire, ont la fâcheuse propension à considérer que leur identité nationale ( 400 ans d’histoire en Amérique, une langue, une culture, une patrie, un patrimoine, un vieil héritage judéo-chrétien ) se doit d’être dominante et prépondérante au Québec. C’est d’un très mauvais goût! Il convient donc pour ces technocrates que l’immense majorité des parents réduisent leur « suffisance identitaire » , c’est-à-dire, selon le Petit Larousse, leur « satisfaction excessive de soi-même ». Et qu’ils cessent de faire preuve d’un attachement inconvenant et abusif à la dimension judéo-chrétien de notre identité nationale, ce qui se traduisaient auparavant par l’inscription massive de leurs enfants au cours d’enseignement religieux plutôt qu’à celui de morale. Voilà pourquoi, désormais, nos écoles ont recours à Bouddha, Allah, Vishnou et tout le panthéon planétaire pour désarticuler, chez des enfants de 6 ans, la part judéo-chrétienne de notre identité nationale.



Si l’on pouvait tenir un référendum ( comme dans la plupart des États américains ) sur cette question, une forte majorité obligerait sûrement les idéologues multiculturels à rétablir la liberté de choix des parents comme un droit fondamental.



Jacques Brassard -30-

12 commentaires:

Chose Binnes a dit…

Euh, je ne vois pas où la liberté de choix de l'enseignement religieux a été perdue. Les parents ont toujours le choix de cet enseignement sauf que cet enseignement ne relève plus de l'enseignement publique. Les parents doivent donc maintenant assumés cet enseignement mais ils ont toujours la liberté de ce choix. Dans cet amendement, je ne vois qu'un désengagement de l'État dans l'enseignement relgieux et moral.

Alain R.
Québec

Anonyme a dit…

Chose Binnes

Croyez-vous sérieusement que les parents occupés comme ils le sont auront l`énergie et le temps ou l`intéret d`envoyer leurs enfants au cours de religion catholique de leur paroisse apres l`école?

Les gens devraient réalisé que la religion c`est plus qu`une messe. Nous vivons depuis 400 ans dans une société chrétienne en Amérique. Nos lois, nos moeurs, nos valeurs, nos rapports communautaires sont teinté de christianisme. Par exemple - la vengeance est un acte criminel parceque les évangiles l`interdise. Pourtant dans certain pays musulmans la vengeance est vue comme licite comme l`ordonne le Coran. La polygamie entraine de nombreux problemes sociaux et familiaux et est interdites en Occident. Pourtant le Coran l`autorise et la religion musulmane aussi.

Tout n`est pas valable et acceptable et certaine religion apporte des valeurs incompatible avec notre héritage chrétien. C`est tout l`édifice de notre société qui s`effritera sur nos tete lentement si nous ne tenons pas a nos racine et notre religion chrétienne. Si le christianisme n`est pas plus important que l`islam, alors vous ne pouvez plus arretez la polygamie, la charia, la ségrégation homme-femme, le Jihad, ect parceque leur religion devient aussi valable que la notre - erreur catastrophique pour nos enfants!

La selection de l`immigration est un sujet trop délicat pour etre laissé a des idéologues avouons que c`est déja mal parti.

Anonyme a dit…

Bravo, M. Brassard, enfin quelqu'un qui appelle «un chat, un chat et un chien, un chien»!
Je pense exactement comme vous au sujet du cours Éthique et Culture religieuse!
Parbleu, M. Brassard, envoyez vos commentaires au Soleil, au Devoir, à La Presse, à la télé: TVA, SRC, CBC, etc. etc. On a besoin de plus de gens comme vous.

Anonyme a dit…

Les valeurs morales d'une 'culture de la vie' ne sont pas enseignés à l'école au Québec...

http://onemoresoul.com/news-commentary/412.html

Éric Michaud a dit…

une forte majorité obligerait sûrement les idéologues multiculturels à rétablir la liberté de choix des parents comme un droit fondamental
un droit fondamental... se faire enseigner une religion est un droit fondamental...

J'ai suivi les cours d'enseignements catholiques dans ma jeunesse, je crois que c'est une richesse que j'ai eu la chance d'avoir.
J'envi maintenant les jeunes qui ont la chance, eux, de connaître PLUSIEURS RICHESSES et ainsi avoir une compréhension beaucoup plus large de notre monde.

Anonyme a dit…

M. Brassard vous touchez le fond de la question, ,2 aspects notamment :

- on dénature la Charte québécoise en établissant que désormais elle peut être modifièe par une simple loi, sans plus aviser la population (belle protection que celle de la Charte !), la Charte devient une "garantie" qui ne garantit plus rien ...
- on se permet un tel putch, un tel acte totalitaire, pour le seul motif d'enlever aux parents le dernier mot sur les valeurs qui seront inculqués à leur propres enfants !!!

Ce n'est pas rien, mais on agit comme si ça devait passer comme une lettre à la poste !! On nous prend absolument pour un troupeau d'imbéciles.

Mais voilà, si je peux renchérir sur vos propos, ce n'est pas seulement le "nirvana multiculturel" qui nous attend, mais bien la dépersonnalisation complète, la mise en tutelle de la pensée individuelle.

Car pourquoi, dès le CPE, prendre le contrôle du système de valeurs transmis à l'enfant, sinon pour le modeler, l'orienter vers quelque chose. Et ici, le contenu de ECR est purement accessoire et quasi-bénin, car ce qui devrait nous faire peur et nous pousser à l'action, c'est que le niveau de contrôle que l'État s'est donné sur l'éducation des enfants, à tout point de vue, lui permet désormais de choisir et d'imposer les contenus qu'il voudra, quels qu'ils soient.

Que diriez-vous de Stephen Guilbeault comme premier ministre du Québec ...!?

Cette prise de pouvoir social est malhonnête et croire que ça se fait par inadvertance, c'est pire que de croire au Père Noël.

Nous direz-vous ce que vous en pensez vraiment, M. Brassard !!!

Anonyme a dit…

Pourquoi pas faire les choses simplement et laisser les parents enseigner leur croyances et leur héritage à leur enfants en dehors de l'école. Je suis sûr que les parents peuvent trouver le temps. Pendant ce temps, on pourrait abolir ce cours inutile (ça fait à peine deux ans que j'ai fini mon secondaire et ce cours m'a pas mal laissé indiférant) et le remplacer par un deuxième cours d'éducation physique. On n'arrête pas d'entendre que les jeunes sont pas assez en forme

Jérémie M.D.

J-P Chabot a dit…

À Anonyme,
Vous avez raison. En ce qui conderne la loi naturelle, les croyances sont laissées à la discrétion du parent. C'est aux parents d'enseigner les croyance religieuses à leurs enfants et non aux écoles publiques !

Monsieur Anonyme, il se peut aussi qu'il y ait parmis vous des enfants plus brilants que vous, qui veulent allez plus loin dans la réfelxion humaine. Pour ces gens plus intelligents, pourquoi ne pas leur donner accès à des connaissences plus pointues ? Moi même, j'ai des gros bras, mais j'ai aussi un gros cerveau et j'aime m'en servir ! Qu'en pensez-vous ?

Anonyme a dit…

@ JP Chabot

Pour ton information, j'ai fait parti du programme d'éducation internationale et quand j'ai passé les test de connaissances de l'armée canadienne, ils m'ont déclarés que mes résultats était suppérieurs à 93% des participants (j'ai passé ce test à 16 ans). En faisant des arts martiaux et par grâce à des profs d'éduc passionnés, j'ai acquis des connaissances physiques qui me permettent de travailler deux heures de plus à ma job( ce qui donne 12 heures par jours) en me fatigant encore moins qu'avant et avec moins d'heures de someil qu'avant. Tandis que les conaissances religieuses, 99.9% des jeunes s'en contre-crisse et les oublient rendu aux vacances d'été car ça leur est inutile en grosse partie. Faut juste respecter sans se laisser envahir.

P.S.
Je crois que tu confont entre gros et enflé

Jérémie M.D.

Anonyme a dit…

« Ils m'ont declaré».

« Tu confonds entre gros et enflé ».

Pour éviter de te donner le trouble de me reprendre.

J-P Chabot a dit…

@ Anonyme, Je crois que je me suis mal exprimé avec vous. Si je vous ai insulté, je m'en excuse.

Georges Jutras a dit…

GEOJUT
Bravo messieurs Brassard
Je rajouterais que la bible enseigne de la première pages a la dernière pages nous incite a nous Aimer les un les autres,c'est cela que nous avons perdu avec les cour ECR