vendredi 19 avril 2013

UNE USINE À GAZ

(Chronique parue le 19 avril dans le Journal de Québec)

Dans l’ADN du Parti Québécois, il y a le gène de l’étatisme, ce qui se manifeste par la croyance que tout problème peut se résoudre par une intervention de l’État. C’est un gène qu’il partage avec toutes les composantes de la gauche : le NPD, Québec Solidaire, les grandes corporations syndicales, les groupes écolos et les organismes communautaires.

Donc, lorsque la gauche identifie et examine un problème, qu’il soit de nature sociétale, économique ou environnementale, une sorte de réflexe conditionné entre immédiatement en jeu et l’intervention de l’État est aussitôt ciblée comme la plus adéquate des solutions.

C’est ainsi que, dans sa plateforme électorale, le PQ met en évidence un problème économique d’une gravité évidente : le dépérissement du secteur manufacturier québécois qui, depuis 2003, «a perdu 138,000 emplois». Le PQ signale également que «les échanges internationaux sont en recul, le déficit commercial étant aujourd’hui de 25 milliards».

La conclusion d’un tel constat : «il faut sortir des sentiers battus et redonner à  nos entreprises les moyens pour réussir». Jusque là, tout va bien!

Passons donc aux solutions. La première consiste à «créer une banque de développement économique du Québec». Donc, le gène de l’étatisme qui s’active.

Et l’on apprend que la nouvelle banque d’État va intégrer les 17 bureaux régionaux d’Investissement Québec (500 emplois) et les 120 Comités Locaux de Développement (les CLD et leurs 1600 emplois) qui ont reçu en 10 ans près d’un milliard pour leur fonctionnement et les  subventions.

Cette dépense provenant du Trésor Public a-t-elle donné les fruits qu’on prévoyait? Peut-être que oui! Ou que non! Le sait-on? Pas sûr! Peu importe! La solution pour relancer l’économie, c’est la création d’une imposante superstructure étatique.

Les Français ont une expression pour désigner une créature de l’État de cette espèce. Ils appellent cela une «usine à gaz». Avez-vous déjà vu une usine à gaz? C’est un assemblage compliqué de tours, de tuyauteries, de réservoirs, de machineries. En administration publique, une «usine à gaz», c’est, par conséquent, une grosse patente hétéroclite avec beaucoup de salariés et un enchevêtrement d’itinéraires et de culs de sac. Donc, inefficace par nature. L’organigramme du Ministère de la Santé en est un beau spécimen.

Il se pourrait fort bien que la nouvelle banque d’état québécoise ressemble à … une «usine à gaz».

La plateforme du PQ affirme aussi qu’il faut «revoir la fiscalité des entreprises pour accroître les investissements privés». Excellente idée, me direz-vous! Mais, malheureusement, le gène de l’Étatisme ayant prévalu, c’est la création d’une «usine à gaz» qui sera privilégiée.

Pourtant, quand on jette un regard sur les pays (Europe du nord, Allemagne) qui ont réussi à ne pas sombrer dans un état de délabrement économique calamiteux, on constate qu’ils ont tous remodelé leur État-Providence et redressé, via la fiscalité, la compétitivité de leurs entreprises.

Dans cette perspective, pourquoi le PQ n’a-t-il pas privilégié la proposition de sa plateforme qui prévoit « de réviser la fiscalité des entreprises pour stimuler les investissements privés»? Pourquoi avoir choisi de créer une «usine à gaz» (une banque de développement)? Parce qu’il croit, à l’instar du Parti Socialiste Français, que l’interventionnisme étatique est la recette idéale pour faire naître la croissance et créer de la richesse. L’état lamentable de l’économie française devrait normalement le convaincre du contraire. À propos, le Gouvernement de François Hollande entend lui aussi mettre en place  une banque d’État. Ah! La génétique!

Jacques Brassard

 

 

 

 

5 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai déjà retiré mes billes d'investissement Québec pour les raisons mentionnées dans votre texte

PPL a dit…

Une usine à gaz.... Ha, ha.... Jacques Brassard nous étonnera toujours ! En passant, lisez son livre "Hérésies ". Un livre qui taille en pièces l'idéologie réchauffiste et l'étatisme québécois.

Anonyme a dit…

Baisser les taxes et les impôts des entreprises seraient beaucoup plus simple. On pourrait aussi alléger les règlements et la paperase ainsi que jeté aux poubelles la Formule Rand syndical qui empoisonne les entreprises.

On aurait beaucoup moins de fonctionnaires et ainsi plus de monde qui travaillent au privé à créer de la richesse.

Mais qu`est-ce vous voulez,ce sont des ignorants étatistes qui gouvernent.

Polémos a dit…

Juste par curiosité, je suis allé consulter sur Internet l'organigramme du ministère de la Santé du Québec qui regroupe la santé, les services sociaux et la responsabilité des aînés. Dès l'ouverture de la page Internet, j'ai éclaté de rire. Lors de ma prochaine visite en civière dans un couloir bondé d'un hôpital du Québec, je vais l'emporter avec moi pour le montrer au personnel. Je ne suis pas sûr que ça va faire accélérer le service afin que je me ramasse dans une chambre avec mon soluté et ma jaquette entrouverte qui me fait prendre l'air à mes fesses, mais qui ne tente rien n'a rien pas vrai?
Dans cet organigramme, je compte, en plus des instituts, comités,régie, office, bureaux commissariat, secrétariats, 8 sous-ministres, et tenez vous bien 65 directions!
Ministère engorgé égale urgences engorgées? Mais non voyons! C'est le modèle québécois on vous dit. Alors attendez votre tour!

Lorsque je suis allé m'inscrire à mon gym près de chez moi, au jeune homme qui m'interrogeait sur ma principale motivation à faire de l'exercice physique j'ai répondu : Éviter à tout prix et le plus longtemps possible le système de santé québécois!

Paul Stefanik a dit…

Bonjour M. Brassard,

Ce n’est pas seulement par la fiscalité, les prêts ou les subventions directes, qu’un gouvernement peut stimuler l’investissement.

Dans les années ‘90, très en avance sur son temps, M. Frank McKenna, le premier ministre du Nouveau Brunswick, avait investi massivement dans les infrastructures technologiques, dont les réseaux de fibre optique.
Le résultat : la migration spontanée des centres d’appel vers la province. Nos nationaleux avaient présenté cela comme une attaque contre Québec.

En contraste, M. Parizeau avait engagé la nationalisation de l’industrie d’amiante, il y a gaspillé environ 200 millions dans les années ‘80 et terni la réputation de probité du gouvernement en spoliant des petits investisseurs. En ce temps, l’amiante avait déjà amorcé son déclin vers l’agonie.
M. Landry voulait investir en l’an 2000 des milliards (2,600,000,000 $ pour Gouv’ts QC & Fédéral) dans l’établissement à Ste-Anne-de-Bellevue de la multinationale taïwanaise Mosel Vitelic, un fabricant de microprocesseurs. Le refus de Brian Tobin de participer avait prévenu une perte massive aux trésors publics car la “bulle spéculative d’internet” allait s’effondrer peu après. Mais, à l’époque, c’était un autre affront au Québec.

Le PQ oublie les années où le gouvernement québécois ne faisait pas que du dirigisme, mais carrément opérait des entreprises par l’entremise d’investissement direct majoritaire. Mon employeur perdait régulièrement des contrats de fourniture de machinerie lourde au profit d’un manufacturier détenu par REXFOR. Nous payions les impôts sur nos revenus, tandis que l’entreprise gouvernementale, notre concurrent, faisait éponger ses pertes à coups de millions.

Ceux qui veulent recommencer devraient revoir l’histoire de l’interventionnisme économique de l’état québécois, dont : Tricofil, Marine Industrie, Sidbec, SOGEFOR, centres récréatifs de Mont Tremblant et Mont-Ste-Anne avant la privatisation, Chantiers Davie (à répétition), etc., etc..
Presque toujours, des gouffres financiers et pour certaines de ces entreprises, le succès n’est venu qu’après le désistement du gouvernement.

Notre premier ministre, Mme Pauline Marois, était un témoin direct ou un participant actif à ces fiascos, alors elle dira certainement à son équipe qu’il faut apprendre des erreurs du passé.

Vous parlez plutôt d’une tare génétique au PQ donc, selon vous, il n’y aurait pas d’espoir pour nous, car le sujet pourrait avoir l’incapacité d’apprentissage cognitif.

Mes respects,
Paul Stefanik