vendredi 11 janvier 2013

L'ENFER FISCAL

(Chronique parue le 11 décembre dans le Journal de Québec)
                                                     

Gérard Depardieu, monumentale figure du cinéma français, a décidé de quitter la France pour s’établir en Belgique parce qu’il juge que la fiscalité française est spoliatrice et confiscatoire. En imposant à 75% les revenus d’un million et plus, la France décourage et punit, selon l’acteur, le talent, l’effort et la création de richesse.

Cet exil volontaire a déclenché une polémique dégoulinante de fiel et de venin. La gauche socialo-communiste le conspue et le lynche. La droite le porte aux nues et salue son courage d’avoir ainsi mis en évidence l’enfer fiscal qu’est devenue la France.

Il faut signaler que Depardieu est loin d’être le seul français à fuir la France. Pleins d’entrepreneurs et de jeunes diplômés ont fait et s’apprêtent à faire la même chose.

Cet exode de talents et de forces vives a pour effet d’accentuer la débâcle de la France : absence de croissance, taux de chômage incompressible, chute des investissements, fermetures d’usines, déclin des exportations.

En fait le cas Depardieu n’est que le symptôme d’un mal profond qui gangrène la France depuis des décennies : un État-Providence hypertrophié combiné à une fiscalité étouffante.

Car, voyez-vous, le Président Hollande n’a fait, au fond, qu’appliquer dans toute sa démesure la vieille obsession gauchiste du Riche malfaisant qu’il est tout à fait légitime de détrousser sans vergogne et en toute moralité. Mais, sans tomber dans l’excès comme la France socialiste, cette opinion, faisant du Riche un être immonde qui doit rendre gorge jusqu’à son dernier sou, est très présente dans toute la gauche occidentale. Y compris forcément au Québec et dans les États-Unis d’Obama.

Souvenons-nous qu’au départ, le Gouvernement Marois s’était engagé, par exemple, à «faire payer les riches» pour remplacer la taxe santé du gouvernement précédent. Et il n’a reculé que parce qu’il était minoritaire. Rappelons-nous également de l’intention affichée du PQ de faire cracher les minières, perçues comme des bandes de pillards. Et n’allons pas oublier que la fiscalité québécoise est la plus lourde d’Amérique.

Aux États-Unis, par ailleurs, il est bien connu qu’Obama, issu de la gauche démocrate, est responsable de 60% de la dette globale de l’État fédéral (depuis la naissance du pays!!) et que, pour tenter de se sortir du bourbier budgétaire, il a choisi de «faire payer les riches», n’hésitant pas, pour justifier son idée fixe, à attiser la «lutte des classes».

Mais clouer les riches au pilori et leur faire les poches, est-ce vraiment la solution?

L’exemple de la France nous révèle que l’effet d’une telle approche, c’est l’aggravation du mal qu’on prétend guérir.

Il est utile de redire que les riches, dans une société démocratique, sont ceux qui paient le plus d’impôts. En général, 5% des contribuables (les plus hauts revenus) contribuent pour au minimum le tiers des impôts payés. Et il faut éviter de considérer toute la catégorie des revenus élevés comme un ramassis d’escrocs et de voleurs de grand chemin. Au contraire, ce sont d’abord et avant tout des gens utiles, des entrepreneurs qui investissent et qui créent de la richesse et des emplois.

Alors, si vous les spoliez par l’impôt, que vont-ils faire? Quitter le pays, comme en France, et ça se traduit par une régression économique. Ou alors ils cessent d’investir comme présentement aux États-Unis, ce qui est très dommageable pour le pays concerné.

N’oublions jamais qu’un citoyen fortuné qui décide de migrer dans un paradis fiscal… le fait pour quitter un enfer fiscal.

Jacques Brassard

 

4 commentaires:

Reynald Du Berger a dit…

Le philosophe et écrivain, membre de l'Académie française, Jean d'Ormesson propose un nouveau terme:

INAPTOCRATIE : un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d'un nombre de producteurs en diminution continuelle.

Cela décrit admirablement bien les société française et québécoise actuelles.


Anonyme a dit…

Manif à Paris hier.
Le million, le million !!! (la confirmation)
http://fr.gloria.tv/?media=384774

PPL a dit…

Dans une société qui valorise la médiocrité, comme le Québec, il faut s'attendre à ce qu'on frappe sur ceux qui réussissent. Le PQ étant un parti de fonctionnaires, il ne faut pas s'attendre à grand -chose de bon sur le plan économique.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.