samedi 22 juin 2013

LA VORACITÉ FISCALE N'A PAS DE LIMITES!

(Comme je suis en vacances en tant que chroniqueur, voici une dernière chronique que j'avais déjà écrite)
                    

Le projet de loi 25 a pour objectif de mettre fin au gel du tarif d’électricité dit patrimonial et le remplacer par une indexation annuelle.

Cette initiative du gouvernement québécois m’a soudainement ramené à mon passé politique puisque c’est moi qui, en 2001, a présenté, défendu et fait adopter (j’ai d’ailleurs dû recourir sans remord au bâillon à titre de leader du gouvernement) le projet de loi 16 qui, justement, introduisait dans notre législation ce concept, nouveau et original, de «tarif patrimonial» d’électricité.

Il m’apparait utile de se rappeler pourquoi et comment nous en sommes arrivés à ce mécanisme tarifaire tout à fait novateur.

Disons d’abord qu’à partir de la nationalisation de l’électricité en 1962, Hydro-Québec a massivement investi dans la filière hydroélectrique. Avec comme résultat, la formation d’un immense parc de centrales et de barrages (pensons à Manic et à La Grande) dont la quantité d’énergie produite se chiffrait à 165 terra watts heure.

C’est ce que Jean-François Bernard, expert en la matière de l’Université Laval, a appelé…la «vieille électricité».

Partant de là, nous nous sommes posé la question à mon sens fort pertinente : quel est le coût du kilowatt heure de cette «vieille électricité» produite par notre patrimoine hydroélectrique? Puisque ces barrages et centrales sont soit complètement, soit largement amorti, nous avons calculé le coût KWH à 2,79 cents.

Et il nous est apparu justifié que ce devait être le prix que paierait le consommateur québécois.

Et qu’il faudrait le fixer par voie législative. C’est ce prix (2,79 cents) que nous avons désigné du nom de «tarif patrimonial».

À l’époque, nous consommions 150 TWH. On prévoyait que nous atteindrions les 165 TWH en 2004.  À ce moment-là, la nouvelle énergie dont aurait besoin Hydro-Québec Distribution serait achetée sur la base d’un tarif déterminé par la Régie de l’Énergie. C’est d’ailleurs une procédure que nous connaissons bien depuis quelques années.

Et voilà que le gouvernement ne peut pas résister à la tentation de remettre en question les acquis de la nationalisation de l’électricité (tarifs uniformes et bas) à seule fin de siphonner des centaines de millions de dollars dans la besace du contribuable québécois.

La voracité fiscale de l’État n’a plus de limites!

Les Libéraux avaient annoncé leur intention de rouvrir la loi pour rehausser le tarif patrimonial. Voilà maintenant que les Péquistes s’engagent dans la même voie.

En indexant, chaque année, le tarif patrimonial, le gouvernement va engranger des millions qui vont s’ajouter aux millions résultant des hausses tarifaires autorisés par la Régie de l’Énergie. Pourquoi presser le citron une seule fois quand il est possible de le presser deux fois?

J’en reviens pas! Le contribuable québécois –c’est de notoriété universelle – est celui qui, au Canada et en Amérique du Nord, doit subir le plus lourd fardeau fiscal. «Globalement, selon l’Institut Économique de Montréal, tous impôts confondus, le citoyen québécois moyen cède au fisc plus de 40% de ce qu’il gagne.» De sorte que la journée d’affranchissement de l’impôt au Québec est la plus tardive au Canada (à part Terre-Neuve). Elle a lieu le 17 juin. Mais il reste quelques plumes au pigeon.

Comme contribuables et consommateurs, les Québécois ne jouissaient que d’un seul avantage, soit un tarif d’électricité le plus bas en Amérique. À cause d’un tarif patrimonial fixé dans une loi. L’Assemblée Nationale s’apprête à le lui retirer.

Et aucun parti politique ne daigne prendre leur défense.

Je trouve cela proprement scandaleux. Et honteux.

Jacques Brassard

 

 

 

 

vendredi 14 juin 2013

LE VILAIN MAL-PENSANT


  (Chronique parue le 14 juin dans le Journal de Québec. J'entre en vacances
de chroniqueur. Je reprendrai du service à l'automne. Mais, si le coeur m'en dit, je bloguerai à l'occasion.)
 

Quand le vilain mal-pensant que je suis ose insolemment traiter de changement climatique, vous ne pouvez vous imaginer la brouettée de vilenies que déversent sur ma tronche les enverdeurs sectaires du mandarinat réchauffiste.

Évidemment, n’étant pas maso, je censure en flushant les courriels haineux, car il ne faudrait pas que mes petits-enfants lisent de telles insanités sur leur grand-père.

Il faut dire que les environnementeurs patentés sont tellement habitués à se faire lécher les orteils (et d’autres parties du corps) par les politiciens, les scribes et les artistes, que dès qu’un trouble-fête dans mon genre se met à douter de leur catéchisme, alors, là, le clergé écolo s’étrangle d’indignation et se met à chanter pouilles à la mauvaise graine qui ne daigne pas se prosterner.

Je reviens donc sur la question, pas pour convaincre les zélotes du GIEC (entre autres, les salopards qui me traitent de grand-père indigne et la blogueuse de l’Actualité qui exige que Québécor me vire), mais pour montrer leur aveuglement idéologique.

 Toute cette fine fleur du réchauffisme qui m’agonit d’injures se refuse à reconnaître un fait indéniable et lourd de conséquences : le réchauffement s’est arrêté depuis 15 ans. C’est quand même pas banal! Même le président du GIEC le reconnait. Même James Hansen, le climatologue vénéré des partisans du catastrophisme climatique, a été en quelque sorte obligé de l’admettre. Depuis, il cherche fébrilement…la «chaleur perdue»!

Ce phénomène, je le répète, rend caducs, invalides, nuls et non avenus, les modèles informatiques sur lesquels on s’appuyait pour prédire des hausses de température terrifiantes dans le siècle à venir.

Tous ces escrologues continuent de nous annoncer des calamités comme si de rien n’était! «La Terre se réchauffe dangereusement!», prêchent-ils furieusement. Vous aurez beau leur hurler que le réchauffement s’est arrêté, ils ne vous entendront pas, ils sont dans leur bulle idéologique. C’est là un fait qui ne s’imbrique pas dans leur échafaudage doctrinaire. Alors, on l’écarte et on l’abolit!

Même constat concernant le CO2. On persiste à le considérer comme un gaz toxique, nuisible et dangereux. Sur ce sujet, je me permets de citer John R. Christy, docteur es sciences, climatologue de l’Université d’Alabama, lors d’un témoignage devant une commission sénatoriale américaine en août 2012.

«Lorsqu’on réfléchit au sujet d’une politique concernant le CO2, on ne peut ignorer  les immenses bénéfices résultant directement du CO2 ou, indirectement, via sa relation avec l’énergie à faible coût. Il est un fait élémentaire que le CO2 est la nourriture des plantes et que le monde autour de nous a évolué avec des niveaux de CO2 qui étaient cinq à dix fois plus élevés qu’aujourd’hui. Notre planète verte résulte du CO2 contenu dans l’atmosphère. Le CO2 supplémentaire que nous injectons dans l’atmosphère non seulement renforce la biosphère mais augmente aussi les rendements de nos récoltes pour l’alimentation.»

«Une concentration de CO2 en augmentation est aussi un indicateur du progrès de l’humanité en matière de santé, de bien-être et de sécurité que nous apporte une énergie à bas coût basée sur le carbone. En tant que personne ayant vécu dans un pays en voie de développement, je peux certifier que, sans énergie, la vie est cruelle et de courte durée. Et l’ONU estime qu’environ deux millions d’enfants meurent chaque année à cause des fumées toxiques résultant de la combustion du bois et de la bouse dans leurs maisons.»

Pour ces millions d’humains, le recours aux hydrocarbures serait  un progrès indéniable. Mais le dire est une monstrueuse hérésie.

Jacques Brassard

 

vendredi 7 juin 2013

LES PIÈGES DE L'IRRÉFLEXION


 (Chronique parue le 7 juin 2013 dans le Journal de Québec)

Récemment, la ministre de l’Immigration déclarait au journal Métro que «nous avons besoin d’immigrants» et qu’elle était même disposée à «accueillir un plus grand nombre d’immigrants, mais qu’il faut encore amenuiser les craintes face à la différence, qui barrent parfois le chemin aux nouveaux venus».

Comme je veux rester poli, je dirais que voilà une déclaration pour le moins irréfléchie. Et sans fondement.

 D’abord, l’affirmation voulant que «nous avons besoin d’immigrants» n’est pas validée par les faits et les études. La ministre aurait dû lire le livre de Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, intitulé Le Remède Imaginaire.

«Depuis 2007, écrivent-ils, sous l’activisme du gouvernement et des commentateurs, l’idée que l’immigration doit jouer un rôle essentiel pour contrer les effets négatifs du vieillissement de la population s’est répandue au Québec comme une traînée de poudre.»

«Elle l’a fait malgré la présence d’une importante littérature en démographie démontrant l’influence marginale de l’immigration sur la structure par âge de la population.»

«Elle l’a fait malgré une littérature économique démontrant l’impact négligeable de l’immigration sur des variables cruciales comme les salaires et le PIB par habitant.»

Coudon, est-ce que la classe politique et la technocratie sont analphabètes et donc incapables de lire un livre et de prendre connaissance des études pertinentes? Savoir lire leur épargnerait pourtant la honte de dire des âneries!

Ensuite, il y a, dans la déclaration de la ministre, une tendance manifeste à culpabiliser la société d’accueil. Nous serions réfractaires à la «différence», fermés aux autres, et voilà pourquoi l’intégration est en panne. Ce mauvais procès est indigne d’un membre du gouvernement québécois.

Mais il y a surtout, de la part de la ministre, cet aveu ahurissant que le Québec pourrait envisager «d’accueillir un plus grand nombre d’immigrants». Croire que l’on puisse sans danger relever encore le seuil d’immigration, est-ce de l’irréflexion ou de la rectitude politique? Ou les deux à la fois?

Seuls quelques rares députés ont osé affirmer que 55,000 immigrants par année, c’est nettement trop. Ce fut le cas de Pierre Curzi et de Mario Dumont. Rappelons qu’ils ont tous deux quitté la scène politique.

Cette loi du silence qui règne sur l’Assemblée Nationale démontre bien que nous sommes en face d’un tabou. Et la bien pensance politique commande de ne pas briser ce tabou. Si vous le faites (comme Curzi et Dumont), vous allez être traités de xénophobes, et même de racistes.

Cette idée de hausser une autre fois le seuil d’immigration (55,000 par année) est non seulement irresponsable, mais elle fait fi des lacunes majeures en matière d’intégration des nouveaux venus.

La question urgente que la classe politique devrait creuser est la suivante : combien d’immigrants sommes-nous en mesure d’intégrer adéquatement à la majorité québécoise? Quand on prend acte du triomphe du multiculturalisme partout en Occident (c’est-à-dire la fragmentation de la société en diverses communautés ayant le droit constitutionnel de conserver et de promouvoir leurs identités respectives), il saute aux yeux que ce n’est certainement pas 55,000!

Quel parti politique aura le courage et la clairvoyance de remettre en question le niveau actuel du seuil d’immigration, de le revoir substantiellement à la baisse et de proposer une politique d’intégration véritable qui ne reposera pas sur le multiculturalisme et, par conséquent, sur le communautarisme et la ghettoïsation?

Ce devrait être le PQ puisqu’il se veut le défenseur et le promoteur de l’identité québécoise. Ce ne semble pas être le cas.

Jacques Brassard