dimanche 1 août 2010

MATHÉMATIQUES RÉPUGNANTES

Gérald Larose est un personnage public bien connu. Il fut longtemps président de la CSN, la centrale syndicale la plus gauchiste de toutes. Il est depuis quelques années à la tête du Conseil pour la Souveraineté. Je l’ai connu et côtoyé lors des travaux de la Commission Bélanger-Campeau sur l’avenir du Québec, étant tous deux membres de cette instance. C’était une personne plutôt sympathique dans les relations interpersonnelles, mais il portait et il porte toujours la lourde défroque idéologique de la gauche.

On peut d’ailleurs le vérifier en lisant un billet odieusement antisioniste qu’il a écrit sur son blog et qu’un lecteur m’a signalé.

Je le cite : « Netanyahu, le premier ministre, est prêt a libérer 1000 personnes qu’Israël a kidnappées en Palestine pour une (le soldat Gilad Shalit) que le Hamas a kidnappée d’Israël! Comme j’avais été impressionné par les 1250 morts infligées aux Palestiniens dans la dernière intrusion d’Israël à Gaza par rapport aux 125 pertes de vie qu’il a lui-même subies sur le terrain lors de cette opération. Avec Israël, ce n’est jamais du simple au double, c’est du 10 pour un, du 100 pour un et même du 1000 pour un.»

Voilà un exercice mathématique plutôt pestilentiel! D’abord, le Camarade Larose, avec une malhonnêteté intellectuelle vraiment dégoûtante, s’efforce de nous faire croire que les Palestiniens qui sont incarcérés dans les prisons israéliennes ont été «kidnappés» au même titre que le soldat Gilad Shalit qui, lui, a été vraiment kidnappé par un commando terroriste sur le sol israélien. Cette insidieuse interprétation des faits est un grossier mensonge puisé dans le bric-à-brac nauséabond de la propagande palestinienne. Les Palestiniens qui sont emprisonnés en Israël le sont parce qu’ils ont commis des crimes --pour la plupart de nature terroriste --et qu’ils ont été reconnus coupables et donc condamnés. Du personnel de la Croix-Rouge les visite régulièrement. Quant au soldat franco-israélien, Gilad Shalit, lui, c’est un véritable otage, vraiment kidnappé, et dont la famille est sans nouvelle de lui depuis plus de quatre ans. Et personne de la Croix-Rouge n’est parvenu à la voir.

Et si le gouvernement israélien est disposé à libérer 1000 prisonniers palestiniens pour un otage juif, ce n’est pas parce que l’État Hébreu croit, comme l’affirme le gauchiste antisioniste Gérald Larose, «qu’une liberté juive vaut bien 1000 libertés arabes». C’est le contraire qui est vrai. Ce sont les terroristes sanguinaires du Hamas qui évaluent à 1000 prisonniers palestiniens (peut-être plus) le prix d’un otage israélien. Quand on sait que les djihadistes du Hamas utilisent les civils comme bouclier humain; quand on sait qu’ils n’hésitent pas à envoyer des jeunes se faire exploser dans des attentats terroristes; quand on sait que les tueurs du Hamas ont froidement massacré (en les égorgeant très souvent) les partisans du Fatah dans la bande de Gaza; quand on sait tout cela, on se rend bien compte (à moins d’être aveuglé par la haine des Juifs) que, pour tous ces barbus nazislamistes meurtriers du Hamas, la vie d’un être humain est de peu de valeur.

Pensez-vous que Gérald Larose ignore tous ces faits? Je suis sûr que non. Mais, comme toute la gauche occidentale, il les met entre parenthèses, pour ne pas être obligé de remettre en question son exécration pathologique d’Israël et des Juifs et, du même coup, son soutien au fascisme islamiste, totalitaire, terroriste et liberticide.

Je le cite : «La démocratie non plus n’a pas la même valeur. Qu’Israël élise systématiquement des gouvernements à la merci des petits partis sionistes ultraracistes, «c’est la démocratie!» Et parce que démocratique, il faut faire avec. Que la population de Gaza élise «une fois» démocratiquement et fortement majoritairement un gouvernement radical du Hamas, c’est une abomination! Ça beau être démocratique, Israël ne fera pas avec».

On atteint là vraiment le comble de la mauvaise foi et le zénith de la confusion morale! Comment peut-on honnêtement accorder le label démocratique à un régime, celui du Hamas, qui est une tyrannie obscurantiste et sanguinaire, affichant sans vergogne ses intentions génocidaires, massacrant ses opposants, brimant la moindre liberté, bafouant les droits humains les plus élémentaires et inculquant aux enfants la haine des Juifs et de l’Occident? Comment peut-on opérer de façon aussi systématique une pareille inversion du réel et des valeurs? C’est une dictature sanglante qui est considérée comme une démocratie et c’est la seule vraie démocratie de toute cette région qui est rabaissée au rang d’une entité belliqueuse et raciste! Carrément répugnant!

Pour en arriver à une équivalence aussi ignoble, il faut, comme le fait Gérald Larose et toute la gauche occidentale, exécuter de disgracieuses cabrioles idéologiques. Comme, par exemple, restreindre la démocratie à la procédure électorale. Il y a des élections, donc il y a démocratie. À ce compte là, l’Allemagne nazie, la Russie stalinienne, l’Iran des Mollahs et le Liban du Hezbollah sont d’authentiques démocraties. Parce qu’on y votait et qu’on y vote.

Une véritable démocratie, ce n’est pas seulement la tenue d’élections. Ce doit être aussi l’état de droit, le pluralisme politique réel, un système judiciaire indépendant et des libertés vraiment protégées. Rien de tout cela dans la bande de Gaza. Mais vous trouvez tout cela en Israël.

Mais, au fond, quand on analyse bien le propos de Gérald Larose (une figure emblématique de la gauche québécoise), on constate qu’à l’origine de ce soutien de la gauche au totalitarisme islamiste, il y a un refus sans équivoque de reconnaître le droit à l’existence de l’État d’Israël. Ce dernier a beau être une démocratie exemplaire, pour la gauche, il n’a aucune légitimité. Par conséquent, le projet islamiste d’anéantir l’État Hébreu et l’intention affichée des tyrans enturbannés de Téhéran et de toutes les phalanges terroristes du Moyen-Orient de parachever l’Holocauste en liquidant tous les Juifs (les nazis n’ayant pas eu le temps de finir la besogne) ne sont pas perçus comme des abominations, mais comme un programme politique, sans doute quelque peu agressif, mais parfaitement légitime par, à toutes fins pratiques, toute la gauche occidentale. Voilà pourquoi cette gauche demeure systématiquement silencieuse devant les proclamations génocidaires de la caste des Mollahs aussi bien que devant les infamies et les horreurs des régimes islamistes corrompus et barbares. Le silence est de rigueur!

Forcément! Quand on manifeste dans les rues des grandes villes occidentales côte à côte et copain-copain avec les séides du Hamas et du Hezbollah en hurlant des slogans antisémites, il va de soi qu’on doit fermer les yeux sur les pulsions terroristes de ses camarades de combat, n’est-ce pas? C’est ce que font Gérald Larose et tous ses pareils, ce qui inclut la masse des idiots utiles qui prolifèrent dans la colonie artistique et les salles de rédaction.

Dernière citation : «Quand, suivant qu’elles nous interpellent ou interpellent les autres, on accorde une valeur différente à la vie, à la liberté, à la démocratie et aux règles internationales qui régissent la paix dans le monde, on milite sérieusement pour ne plus être considéré comme une partie de la solution mais finalement comme la totalité du problème.»

Ce paragraphe devrait entrer dans une anthologie de la Bêtise et de l’Aveuglement. Car devant un cas de figure où les protagonistes «accordent une valeur différente à la vie, à la liberté, à la démocratie et aux règles internationales», il faut vraiment être déboussolé pour oser affirmer que c’est Israël qui se fourvoie. Bien au contraire! Ce que feint d’ignorer Gérald Larose, c’est que pour le Hamas (il faut lire sa charte), ou le Hezbollah, ou les Frères Musulmans, ou Al Qaida, ou toutes les brigades islamistes à travers le monde et toutes les dictatures islamistes, la vie n’a pas de valeur, la liberté est un vice occidental, la démocratie est un chancre développé par l’Occident dégénéré et les règles internationales sont des fadaises onusiennes.

C’est pour Israël (et pour l’Occident tout entier) que la vie humaine est précieuse, que la liberté est un droit humain fondamental, que la démocratie est une réalité vécue et que le droit international est pris en compte.

On a souvent l’impression désagréable qu’il est vain de combattre le mensonge haineux et la désinformation venimeuse sur Israël et le peuple juif. Parce que tous ces gens comme Gérald Larose (et ils sont légions) sont totalement assujettis au «Paradigme de Gauche» qui stipule et proclame que le Palestinien est l’Opprimé par excellence alors que le Juif israélien, lui, incarne le Bourreau, l’Exploiteur, le Fourbe, le Méchant, le Persécuteur, le Conspirateur planétaire, le Massacreur. Bref, l’archétype du Coupable! Le Bouc émissaire intemporel! Et en plus, tous ces gens-là sont gangrenés par l’antisionisme et l’antisémitisme, «la plus vieille haine du monde».

Et c’est très sécurisant, voyez-vous, d’avoir ce «prêt-à-penser» sous la main. Pour tout évènement qui survient dans le monde, cherchez le Juif! Il est présent, alors, là, vous tenez le coupable! Il ne vous reste plus qu’à hurler votre indignation et à exiger condamnation et mise en quarantaine. Et si le Juif est absent, comme dans les massacres du Darfour, les bains de sang au Sri Lanka, les persécutions et les assassinats de Chrétiens dans le monde musulman, les pendaisons d’opposants en Iran, les violences sanglantes en Birmanie, les hécatombes au Congo et les répressions en tous genres au Tibet, à Cuba, en Corée du Nord, en Chine, au Venezuela et ailleurs, alors, là, c’est tout simple, vous effacez l’évènement. Il est sans intérêt! Il ne mérite ni une pétition, ni une manifestation, ni même une mention sur les blogs de gauche!

Je suis souverainiste depuis 50 ans. Mais je suis aussi, à l’instar du chroniqueur du Figaro, Ivan Rioufol, un ami d’Israël et un «sioniste chrétien». Je me situe, c’est bien connu, plutôt à droite de l’échiquier politique. Alors, forcément, je n’adhère pas à la vulgate socialo-étatiste, écolo-pacifiste, antisioniste de la gauche québécoise, y compris la gauche souverainiste organisée (Bloc, PQ, Conseil de la Souveraineté). Par conséquent, en tant que souverainiste catholique sioniste de droite, il va sans dire que Gérald Larose et le Conseil qu’il préside ne reflètent en rien mes convictions. Et je ne suis pas le seul souverainiste dans cette situation. En s’ancrant résolument à gauche, le mouvement souverainiste québécois n’assume pas la mission de rassembleur qui devrait être la sienne.

Jacques Brassard