jeudi 8 juillet 2010

OURANOS ET LES «PIANOTEUX»

Si vous n’avez pas lu un article de la Presse du 20 juin (signé Hélène Baril) sur les effets des changements climatiques sur Hydro-Québec tels que prédits et décrits par le consortium québécois OURANOS, vous avez manqué une ahurissante incursion dans la science-fiction.

Voici le scénario : d’abord, le climat se réchauffe; avec pour résultat d’augmenter les précipitations dans le Nord du Québec; ensuite, les réservoirs d’Hydro-Québec débordent; et « à la limite, écrit Mme Baril, d’autres réservoirs pourraient être construits pour contenir ces surplus, suggèrent-ils» (il s’agit des scientifiques d’OURANOS).

Quand j’ai lu cela, je me suis dit : «Tiens! Tiens! L’évacuateur de crues de la Grande (vous savez, l’Escalier des Géants) va enfin pouvoir servir!» À moins qu’on décide de construire, à coup de milliards, d’autres réservoirs pour emmagasiner les surplus d’eau.

Ce n’est pas tout! Comme il fera plus chaud en 2050, OURANOS nous annonce que notre facture de chauffage va baisser. Merveilleux! On passe de la science-fiction au conte de fée!

Mais qui est donc OURANOS? Il s’agit d’un consortium qui regroupe quelque 250 scientifiques et professionnels. Il dépense 12 millions de dollars par année. Et il est financé par les gouvernements (fédéral et québécois) et Hydro-Québec.

OURANOS adhère sans réserve au dogme réchauffiste. «L’action d’OURANOS, peut-on lire dans son texte de présentation, s’inscrit dans un contexte ou la contribution des activités humaines aux changements du climat et à l’amplification des changements climatiques est reconnue par la communauté scientifique internationale.» Vous avez compris? Le consensus est établi et le doute n’est plus permis sur l’origine humaine du réchauffement. Et sur quoi s’appuie cette foi inébranlable? Sur les rapports du GIEC!

On le voit, la démarche d’OURANOS n’est surtout pas de s’efforcer de mieux comprendre les causes des changements climatiques et d’explorer d’autres théories que celle du réchauffisme anthropique. Il ne faut surtout pas prendre le risque d’ébranler le dogme et l’orthodoxie climatique du GIEC.

Alors, que font-ils donc, tous ces 240 «scientifiques et professionnels»? Ils font des simulations! Ils simulent le temps qu’il fera en 2030, où en 2050, où en 2100.

Le GIEC, dont la mission est de préciser l’ampleur de la responsabilité humaine dans le réchauffement récent, a donné une importance démesurée, au sein de la climatologie orthodoxe, aux modèles informatiques et aux prédictions climatiques qui en découlent. Le problème, c’est que ces modèles ne reproduisent en rien la réalité complexe (et aussi chaotique) du climat de la Terre. Ils sont tous fondés sur le postulat, simpliste et faux, affirmant que l’augmentation de température résulte de la hausse du CO2.

Aujourd’hui, ces modèles ont été réduits en miettes par la critique émanant de plusieurs climatologues reconnus. Je pense, entre autres, à Richard Lindzen et à Marcel Leroux.

Or, c’est dans ce contexte qu’OURANOS entend «assumer la responsabilité de la simulation du climat régional au Canada». Fort bien! Mais c’est sur la base de modèles qui sont faux parce qu’ils incorporent une théorie qui est fausse. Par conséquent, si les simulations planétaires sont fausses, les simulations régionales le sont aussi.

Iles vrai qu’OURANOS se glorifie de posséder 3 superordinateurs CRAY-SX-6, mais ce n’est pas parce qu’on pianote sur le clavier de gros et puissants ordinateurs que ce qu’ils régurgitent est nécessairement conforme à la réalité climatique de l’avenir. OURANOS, au fond, c’est un club sélect de pianoteux de superordinateurs qui font des horoscopes climatiques pour le siècle à venir. Par exemple, l’horoscope d’Hydro-Québec : température à la hausse jusqu’en 2100; pluies abondantes; vous allez devoir construire de nouveaux barrages pour contenir les surplus d’eau.

De nos jours, si quelqu’un s’avisait de faire des prophéties à partir de l’examen des entrailles des poulets, comme dans l’antiquité, on trouverait cela burlesque et d’une imbécilité absolue. Mais si c’est en fouillant les entrailles d’un superordinateur, alors là, vraiment, c’est on ne peut plus sérieux et admirable. Inclinons-nous avec respect devant de si clairvoyants pianoteux!

Je vais scandaliser dans doute bien des croyants de la secte carbocentriste, mais je vous annonce sans détour que consacrer 12 millions par année pour faire de l’astrologie climatique, c’est une très mauvaise allocation de ressources, pour ne pas dire du gaspillage.

Jacques Brassard