jeudi 27 mai 2010

LAPIDATION ET LYNCHAGE

Je vous le dis sans détour, j’ai trouvé immondes et dégueulasses les réactions des matamores progressistes, des journaleux modernistes, des guerrières féministes et des politiciennes outrées à la suite de la dernière intervention du cardinal Ouellet sur l’avortement. Toute cette meute de bravaches s’est ruée sur le prélat pour, symboliquement, le lapider et le pendre haut et court sur la place publique. Un lynchage dégoûtant! C’était à qui serait le plus…«héroïque». Vous savez, le genre : « T’as vu comment je l’ai planté, le cardinal?». Ces pauvres farauds s’imaginaient sans doute qu’ils s’en prenaient à un Staline réincarné et qu’ils risquaient la torture et le goulag. Curieux retournement : voilà les lyncheurs qui se croient courageux!

Pourtant le cardinal n’a fait qu’énoncer la doctrine de l’Église en cette matière. Il n’a innové d’aucune façon. C’est ce que Jean-Paul II, pape charismatique, n’a jamais cessé de dire et de redire. Cette position doctrinale est d’ailleurs fort bien définie dans l’Instruction Donum Vitae du 22 février 1987 :« Le fruit de la génération humaine, dit-elle, dès le premier instant de son existence, c’est-à-dire de la constitution du zygote, exige le respect inconditionnel moralement dû à l’être humain dans sa totalité corporelle et spirituelle. L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être humain innocent à la vie.»

Pourquoi cette position si solidement fondée sur l’éminente dignité de la personne humaine suscite-elle tant de cris indignés et d’injures grossières chez les partisans de l’avortement? Peut-être pour masquer la faiblesse, sur le plan éthique, de leur propre position?

Dans son livre sur Le Principe d’Humanité, Jean-Claude Guillebaud évoque le Code de Nuremberg élaboré à la suite du procès des Nazis (1946-47) qui fixait des règles et des limites à toute expérimentation sur l’homme. «Ce code, écrit-il, reformulait explicitement un principe d’appartenance. Un principe imprescriptible. Tout homme, toute femme, tout enfant--même handicapé mental, même sans conscience, même sans langage, même agonisant--est membre à part entière de l’espèce humaine. Il est titulaire, en tant que tel, d’une dignité que rien ni personne ne saurait violenter. C’est ainsi que se trouva réévaluée à la hausse l’exigence de dignité humaine. Nous vivons encore avec cette exigence. Qui pourrait accepter qu’elle soit contestée?»

Il est évident qu’à partir de ce «principe d’humanité», on en arrive à se poser la question de la dignité humaine de l’embryon. Comment peut-on logiquement et éthiquement l’en priver? C’est pourtant ce que l’on fait, les droits de la personne n’existant qu’en dehors du sein maternel. Dans le ventre de la mère, ce n’est qu’un amas de cellules. Il y a là, chez les tenants de l’avortement, une incohérence et une défectuosité sur le plan anthropologique et humaniste et ils écument de rage quand quelqu’un s’avise de leur mettre sous le nez. Ils perdent alors les pédales et ne font qu’éructer des invectives et des grossièretés.

Et sur une question aussi fondamentale, la réplique est toujours la même et elle consiste à évoquer le cas de la femme devenue enceinte à la suite d’un viol. La seule fois où j’ai abordé ce sujet avec mes petites-filles, c’est justement – et dès le départ de la discussion – ce cas qui fut avancé. Sur 30,000 avortements par année au Québec, combien de grossesses résultant d’un viol? On continue quand même d’insister pesamment sur ce cas limite et somme toute marginal.

Et contrairement aux prétentions des lyncheurs déchaînés de nos élites «modernistes», le cardinal n’a pas fait preuve de dureté et d’absence de compassion devant ces cas déchirants. Dans une émission de TVA, entendant le témoignage bouleversant d’une femme violée et qui avait, dans l’angoisse et la douleur, fini par opter pour l’avortement, il a dit : « Je comprend votre détresse et je ne vous condamne pas!».

Le dogme féministe en matière d’avortement repose sur le postulat suivant : le corps de la femme est sa propriété, donc de l’ordre de l’avoir. En conséquence, la propriétaire a le droit de disposer d’une excroissance interne de son corps. Or, écrit Jean-Claude Guillebault, «l’homme, en effet, ne POSSÈDE pas son corps, il EST son corps. » Nous voilà donc dans l’ordre de l’être et non de l’avoir. Et l’embryon, lui, est un autre être. Évidemment, l’être humain est plus qu’un corps. C’est aussi une conscience, plusieurs diront une âme.

C’est exactement ce que le cardinal Ouellet nous dit. Je vous cite un long extrait de son intervention devant la Fédération des Médecins Catholiques. Je le fais parce qu’il s’agit non seulement d’une réflexion d’une grande rigueur intellectuelle mais aussi d’une vision humaniste fortement enracinée dans la pensée gréco-latine et la tradition judéo-chrétienne, c’est-à-dire les fondements mêmes de la civilisation occidentale.

« Si on ne respecte pas la personne humaine tout simplement parce qu’elle est une personne humaine ou un être humain, on supprime le fondement des normes qui régissent la vie en société, c’est-à-dire le fondement du droit. On fait place à un autre fondement, consensuel, aléatoire, éphémère, évolutif et mouvant.

Une personne humaine a droit à la vie parce qu’elle est une personne humaine, non parce qu’elle est attendue, désirée, qu’elle ne dérange pas, qu’elle ne menace pas, parce qu’elle ne coûte pas cher, etc. Il n’y a pas de raison qui déboute la raison fondatrice, la valeur première, le pilier qui soutient tout l’édifice.

Si le droit à la vie est soumis aux intérêts subjectifs des individus, on instaure comme fondement de la vie en société le droit du plus fort, ce qui entraîne la suppression légale des grossesses non désirées, reléguant l’être humain dans le sein maternel à un statut juridique de seconde classe, pour ne pas dire inexistant.

Dans une société où on abhorre la discrimination sous toutes ses formes, on instaure la discrimination à l’égard des êtres les plus faibles, les plus incapables de se défendre. Et pour se donner bonne conscience, on argumente le déni de la dignité de personne qui mettrait à l’abri ces êtres fragiles. On les réduit au niveau d’une excroissance organique à éliminer, s’il faut assurer la santé de la mère qui se sent agressée, menacée ou simplement, en certains cas, importunée dans son plan de carrière.

Non seulement cet être humain est incapable de se défendre, mais on prive ceux et celles qui voudraient le défendre des moyens légaux pour le faire. En d’autres termes, on érige l’iniquité en système et on façonne l’opinion publique à grand renfort de pression médiatique avec la valeur suprême de l’affirmation de soi et de la liberté de choix, sans égard pour la dignité de la personne humaine.»

On peut être en désaccord avec cette position, mais il est odieux de la décrire comme extrémiste, incohérente, loufoque et saugrenue.

Vous savez combien j’apprécie la vigueur intellectuelle et la liberté de penser de certains jeunes intellectuels québécois. Les lire me remonte le moral. Mathieu Bock-Côté et Carl Bergeron sont de ceux-là. Et relativement à la lapidation et au lynchage du cardinal Ouellet, j’emprunte à Carl Bergeron (dont les éditoriaux hebdomadaires sur son blog l’Intelligence Conséquente sont si…éclairants) la conclusion de ce billet. «Évidemment, écrit-il, la culture de mort évoquée par Ouellet a beaucoup fait ricaner dans les salles de rédaction. Pourtant, il n’y a pas de quoi. La «culture de mort», ou le nihilisme, est la question philosophique capitale de la fin du XIXe siècle et de tout le XXe siècle. Les totalitarismes nazi et communiste ont été le produit de bien des choses, d’une conjoncture historique certes variable selon les nations, mais ils partageaient une même négation de la nature transcendante et de la dimension spirituelle de l’homme, de son caractère moral. En se prononçant sur l’avortement, Ouellet s’exprime sur un sujet sensible qui recèle--comme l’euthanasie, d’ailleurs--des questions immenses sur la nature morale de l’homme et les finalités de la vie humaine. Son point de vue peut être questionné et discuté--non seulement il peut, mais il doit l’être. Mais il ne peut être rangé dans le camp de l’abjection et de l’intégrisme néo-fasciste, dans le camp de l’inhumanité, comme ce fut le cas dans les médias québécois cette semaine, alors qu’il ne cessait, au contraire de tout de que fut le totalitarisme, d’interroger philosophiquement la responsabilité morale qui vient avec le don de la vie.»

Le cardinal Ouellet ne mérite pas d’être couvert de crachats et l’Église québécoise ne mérite pas non plus cette haine féroce et pathologique dont elle est l’objet. «Les Québécois hypermodernes, écrit encore Carl Bergeron, sont-ils en colère contre l’Église (puisqu’ils la connaissent si mal), ou en colère contre eux-mêmes, en se voyant confrontés à leur propre vide existentiel et moral? Chose certaine, ils ne savent ni d’où ils viennent, ni où ils vont. Instabilité qui peut les rendre bien susceptibles.» Tout est dit.

Jacques Brassard

Je vous avise que pour l’été qui vient, mon billet paraîtra aux deux semaines. Il faut dire aussi que ma femme est gravement malade et qu’elle a besoin de mon soutien. Bon été!

samedi 15 mai 2010

QUEL MONDE DÉLIRANT!

Un palmarès instructif

La question posée est la suivante : « Croyez-vous que l’activité humaine soit la principale cause du réchauffement climatique?» C’est la question d’un sondage CROP dont les résultats, instructifs et édifiants, se retrouvent dans le numéro du premier juin de l’Actualité.

Au Québec, seulement 15% de la population pensent que les êtres humains ne sont pas responsables du réchauffement climatique. En Ontario : 34%; en Alberta : 44%; au Manitoba et en Saskatchewan : 52%; et aux États-Unis :59%.

Qu’est-ce que cela signifie? Quelle conclusion doit-on tirer d’un tel coup de sonde? Pensez-y bien! 85% des Québécois sont persuadés que, nous, les humains, sommes responsables du réchauffement de la Planète Terre. Effarant! Et exorbitant! Est-ce que ça veut dire que les Canadiens anglais et les Américains sont des cancres et des abrutis incapables de comprendre la substantifique moelle de l’évangile du GIEC, la secte onusienne du climat? Et que nous, Québécois, avons reçu une grâce sanctifiante nous permettant de saisir le message réchauffiste? Bien sûr que non!

L’explication de ces résultats n’a rien à voir avec l’intelligence et l’aptitude à comprendre les phénomènes complexes des trois peuples concernés : Canadien, Québécois et Américain.

En réalité, la singularité des Québécois sur cette question (comme sur bien d’autres) s’explique par le fait que nous vivons dans une société de type totalitaire sur le plan de la pensée en matière de climat. Chez nous, au Québec, il n’y a jamais eu de débat scientifique sur l’origine du réchauffement climatique. C’est le régime de la Pensée Unique. À quelques exceptions près, il n’y a pas de scientifiques qui contestent la thèse (on pourrait dire le dogme) du GIEC. Et dans les médias et la classe politique, c’est la même réalité : une seule théorie, une seule vulgate, celle de la responsabilité humaine du réchauffement. Convenez que ça fait très…stalinien! Les quelques rares dissidents sont réduits au silence ou refoulés dans les marges.

Sauf, peut-être, dans la Vieille Capitale et ses environs où plusieurs animateurs de radio (dont Sylvain Bouchard) contestent régulièrement le dogme réchauffiste. Ce qui se reflète dans le sondage. Dans la région de Québec, il y a, en effet, 22% de réfractaires, soit 7 points de plus que la moyenne québécoise (15%).

Or, au Canada et aux États-Unis, contrairement au Québec, il existe un véritable débat parmi les scientifiques de même qu’au sein des médias et de la classe politique. Et le point de vue des hérétiques est vraiment sur la place publique.

Par conséquent, les Canadiens et les Américains sont beaucoup mieux informés et beaucoup mieux éclairés sur les enjeux et les théories climatiques que les Québécois. Ces derniers, il faut malheureusement le dire, sont, en cette matière, des ignares ahuris victimes d’un bourrage de crâne intensif et exclusif. Je trouve cela bien attristant et bien lamentable.

Il nous reste à placer notre confiance-- si l’on veut mettre fin à ce que Claude Allègre appelle une imposture climatique-- …dans le peuple américain!!!



Les mystiques du CO2

Dans un numéro de mars du Point, je tombe sur un article nous informant du grand succès d’un livre de Colin Beavan, intitulé No Impact Man et dans lequel il fait part de son expérience pour réduire à zéro son empreinte carbonique et celle de sa famille. Proprement ahurissant!

Extrait de l’article :«Il n’utilise plus de papier toilette --«chaque minute, dit-il, la consommation de papier toilette nécessite qu’on abatte l’équivalent de neuf terrains de foot dans la forêt amazonienne, je ne pouvais plus essuyer mes fesses dans un arbre»--,il a supprimé le dentifrice, remplacé par une pâte de bicarbonate de soude, obtenu un savon sans additif chimique--«j’ai dû le faire faire, car même le savon bio contient des huiles essentielles et aromatiques, qu’on retrouve dans les eaux usées, ce qui nuit aux poissons»--,il a coupé l’électricité de l’appartement familial, tenté de laver son linge à la main, en le foulant pieds nus dans la baignoire…Il a passé des heures, pédalé des kilomètres à bicyclette pour trouver les moyens de ne nourrir sa famille à trois têtes qu’avec de l’alimentation produite selon les canons de l’agriculture biologique dans un rayon de 400 kilomètres (exit le café remplacé par des plants de menthe sur le balcon, exit les fraises, l’ananas, le ketchup, le fromage, place aux choux, aux panais, aux salsifis et au potimarron tout l’hiver)…Il a arrêté de prendre le métro, de regarder la télévision, de monter en ascenseur, d’acheter de l’eau en bouteille…Sa femme et lui ont renoncé à passer les fêtes de fin d’année dans leur famille joignable seulement en avion--«Pas d’empreinte carbone, soit, l’a morigéné son père, mais as-tu songé à ton empreinte familiale?» »

J’arrête les citations. Toute cette frugalité délirante, tout cet ascétisme débile, toutes ces mortifications, tous ces renoncements, toutes ces pénitences pour…ne pas émettre de CO2, c’est vraiment d’une absurdité totale.

Autrefois, dans les grandes religions, il y avait des saints et des saintes qui menaient une vie faite de privations, de dénuement, de jeûne, de sacrifices. Mais ils poursuivaient un but dont la grandeur sublime forçait l’admiration : entrer en relation mystique avec Dieu.

Aujourd’hui, tous les Colin Beavan de ce monde, tous les écolos radicaux, tous les locavores extrémistes, s’imposent abnégations et renoncements, comme les mystiques d’antan, mais pour un objectif d’une insignifiance absolue, réduire les émissions d’un gaz à effet de serre (le CO2), inoffensif en plus. On est loin de l’union spirituelle avec Dieu recherchée par les ascètes.

Vous me direz : «ce sont des hurluberlus». Exact. Mais ils ne font qu’appliquer sans limite les principes fondamentaux de l’idéologie écolo : l’espèce humaine est une espèce nuisible et malfaisante; le mode de production capitaliste, même s’il a sorti l’humanité de la misère, doit être éradiqué ; la société de consommation, qui a fait grimper l’espérance de vie de 30 à 80 ans en quelques siècles, doit être anéantie; le CO2, un gaz pourtant utile à la vie, ne doit plus provenir de nos activités.

Voilà donc ce qu’il advient dans un monde sans transcendance. On se complait dans l’indigence de la pensée et les platitudes hystérico-carboniques du genre : « Il faut se torcher le cul comme les australopithèques.»

C’est à la fois loufoque et pathétique.

Jacques Brassard

samedi 8 mai 2010

QUERELLE AUTOUR DU DIEU ÉOLE

À Saint-Gédéon, au Lac St-Jean, une coopérative comprenant plusieurs agriculteurs pilote un projet de parc éolien en milieu rural. Cette initiative énergétique est une manifestation parmi d’autres de l’engouement récent, au sein de la société québécoise, pour la filière éolienne. Le culte du dieu Éole est très à la mode ces temps-ci et il y a un clergé zélé (recruté chez les groupes écolos) tout entier consacré à son service. Il y a beaucoup de fidèles à l’Église des Quatre-Vents : les partis politiques, les médias, les verdoyants de tous poils, les zartistes engagés. Et l’on peut voir, à travers le Québec, des communautés (municipalités, MRC) qui, face à cette nouvelle mode, sont tentées par les redevances générées par la mise en place de monstrueux vire-vent. Après tout, des investissements énergétiques valent bien une petite génuflexion devant le dieu Éole.

À prime abord, ce recours à l’éolien pourrait bien être considéré comme une bonne façon de diversifier nos sources d’énergie. C’est, on le sait, l’une des rares formes d’énergie qui trouve grâce aux yeux des écolos. Pour ces derniers, le nucléaire, c’est l’œuvre du diable; les grands et les petits barrages, ce sont des nuisances intolérables; et les centrales thermiques, ce sont des abominations. Alors, vive le Vent!

Mais devant des projets bien concrets et bien localisés d’implantation d’éoliennes, les opposants se multiplient. Et ils font partie du peuple. Moi qui fus pendant des années un des rares mécréants face à cette nouvelle foi, je me réjouis de voir que de plus en plus de citoyens manifestent leur opposition à la mise en place dans leur milieu de ces gigantesques moulins à vent. C’est le cas, par exemple, à St-Gédéon du Lac St-Jean ou des centaines de citoyens se sont regroupés et proclament leur refus de voir se dresser chez eux ces énormes totems de la rectitude écologique. Évidemment, devant cette chicane de famille, les élus marchent sur des œufs et tentent de calmer le jeu.

Forcément, on cherche à dévaloriser leur opposition en l’associant au syndrome «pas dans ma cour». Et alors? S’ils n’en veulent pas dans leur cour, c’est peut-être parce qu’ils voient, à juste titre d’ailleurs, ces tours monumentales comme une pollution visuelle insupportable. Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas ici de bucoliques et charmants moulins à vent, mais de tours gigantesques de plus de 300 pieds, équipées de pales de plus de cent pieds. Bref, des vire-vent monstrueux! Il est donc évident que ça ne peut qu’enlaidir le décor.

J’ai déjà proposé, pour tester la foi des fidèles du dieu Éole, que l’on plante des éoliennes sur les flancs du Mont-Royal et autour des belles demeures campagnardes de nos zartistes en Estrie ou dans les Laurentides. Je suis persuadé qu’il y aurait alors une sérieuse crise de la foi chez les bobos du Plateau et d’Outremont et au sein de notre ineffable élite écolo-culturelle. Pour tout ce beau monde, il est tout à fait justifié de défigurer les paysages chez les indigènes du Québec profond mais il faut de toute nécessité protéger le milieu de vie du clergé d’Éole. Dans un pareil cas de figure, nous verrions le réflexe «pas dans ma cour» cesser d’être trivial et populacier pour devenir subitement honorable et d’une grande profondeur philosophique.

Mais la dimension pollution visuelle n’est pas le seul motif pour justifier une opposition à un projet comme celui de St-Gédéon. Il y en a d’autres.

C’est d’abord une énergie qui coûte cher. Le prix de l’énergie éolienne se situe aujourd’hui à 11 cents le KWh. Trop coûteux. Actuellement, chez Hydro-Québec, le prix est nettement inférieur. Pour le bloc patrimonial, il est de 2,9 cents le KWh. L’énergie de Toulnoustouc est de 4 cents. Celle d’Eastmain, de 5 cents. La filière éolienne est donc trop coûteuse. Du simple point de vue du consommateur, ce n’est donc pas une bonne filière.

De plus, c’est une filière qui n’est pas très efficace. Son facteur d’utilisation est en moyenne de 20%. Ça signifie que sur une période de 24 heures, une éolienne ne fonctionne que 4 à 5 heures. En moyenne, bien sûr. En comparaison, une centrale hydroélectrique a un facteur d’utilisation se situant entre 70% et 90%. Et je n’invente rien. Axor, une entreprise qui possède et exploite des parcs éoliens près de Matane, nous révèle, dans un mémoire déposé devant les Régie de l’Énergie, que le facteur d’utilisation de son parc gaspésien qui, en théorie, devrait être de 25% n’est, en réalité, que de 18%. Rendez-vous compte : les vire-vent de Matane ne produisent de l’énergie que pendant 18% du temps. Il est donc tout à fait justifié de qualifier d’inefficace et de peu fiable la filière éolienne.

Comment se fait-il qu’au royaume de l’hydroélectricité, on ait décidé de privilégier une filière coûteuse, inefficace, peu fiable et qui pollue nos plus beaux paysages? La réponse est à la fois décourageante et déconcertante : pour faire plaisir aux Verts. Hydro-Québec et la classe politique savent pourtant très bien que c’est un mauvais investissement et une mauvaise allocation de ressources. Ces milliards qu’on investit dans les gros vire-vent seraient bien plus productifs dans la filière hydroélectrique (grandes et petites centrales) et la filière thermique (centrales au gaz et à la biomasse). Mais on le fait pour amadouer les écolos et se donner une image de verdoyant irréprochable. C’est cependant une posture et une défroque qui nous coûtent beaucoup trop cher. Pour tout dire, c’est du gaspillage de ressources tout aussi scandaleux, sinon plus, que toutes les dépenses inutiles de fonds publics qui font la manchette actuellement.

Le dieu Éole est bien trop frivole, trop inconstant et tout compte fait trop paresseux pour mériter les hommages qu’on lui rend et le culte qu’on lui voue présentement. Et en tant que mécréant affiché, je soutiens le groupe de citoyens de St-Gédéon qui réclame avec raison que les mâts totémiques de ce dieu si capricieux ne viennent pas encombrer nos paysages.

Le gouvernement et Hydro-Québec devraient mettre un terme aux appels d’offre pour de l’énergie éolienne. En ces temps difficiles que nous vivons, et où tout le monde convient qu’il faut s’attaquer au déficit et à la dette publiques et qu’il faut réduire substantiellement les dépenses de l’État, il est impératif, en matière d’énergie, de s’assurer de faire des investissements dans des filières productives. La filière éolienne n’en fait pas partie.

Jacques Brassard

samedi 1 mai 2010

LE PRÉLAT-COMPTABLE

Comme je ne suis plus chroniqueur au Quotidien, je peux maintenant me permettre de commenter les oracles et les remontrances du prélat anthropo-réchauffiste Claude Vileneuve qui trône à l’UQAC (Université du Québec à Chicoutimi). Sa dernière gronderie s’adressait au ministre fédéral de l’Environnement, M. Prentice. Il l’accusait de mentir parce qu’il s’attribuait le mérite d’une diminution des émissions de CO2 au Canada de 2,1%. Le prélat était offusqué parce que cette réduction était due en fait à la crise économique et non pas aux efforts du gouvernement conservateur. Et vous, êtes-vous scandalisés par ce vilain mensonge? Moi, pas pantoute! Et il y aurait eu une augmentation de 2,1% plutôt qu’une baisse que j’aurais quand même fait preuve d’une indifférence absolue…

Outré par cette épouvantable menterie, le prélat s’est alors lancé dans une harangue comptable sur le CO2. Et comme tous les écolos réchauffistes , il utilise des gros chiffres pour impressionner ses ouailles. Il n’est question que de tonnes et de mégatonnes. Puis, tout à coup, la phrase qui affole : « Les humains émettent 50 milliards de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère.» Quelle terrifiante péroraison!

Les anthropo-réchauffistes, comme notre éminent prélat chicoutimien, évitent tous de relativiser la part de CO2 dans l’atmosphère. Les sceptiques, eux, tels Claude Allègre, Marcel Leroux ou Richard Lindzen, ne manquent jamais de le faire. Non seulement ça dédramatise mais, surtout, ça démantibule le dogme du réchauffement d’origine humaine. Oubliez un instant les tonnes et les mégatonnes et prenez acte que la teneur en CO2 de l’atmosphère de la Terre est de…0,038% Et la contribution de l’être humain est de 4% du total de CO2 émis. 4% de 0,038% ! Insignifiant!

Cela fait des décennies que le prélat-gourou de l’UQAC s’évertue à nous culpabiliser et à nous enquiquiner avec notre empreinte carbone (contribution individuelle en CO2) alors que, somme toute, notre trace carbonique n’est qu’un microscopique péché très véniel. Une peccadille, quoi! Ça ne vaut vraiment pas la peine de mettre en branle un trafic «d’indulgences» (sous la forme d’achats de plants d’arbres) pour obtenir le pardon de si minuscules offenses …carboniques il va sans dire.

Le CO2 est donc un gaz relativement rare et non toxique. Il est de plus utile à la vie et même essentiel. Enfin, il n’est pas le moteur climatique que l’on prétend qu’il soit. Je viens tout juste de lire le dernier livre de Claude Allègre, un scientifique français de grande compétence qui a déjà fait une incursion en politique (il fut ministre de l’éducation dans le gouvernement socialiste de Lionel Jospin). Il a intitulé son livre : L’imposture Climatique. Imposture, c’est un mot très dur. Il s’en explique ainsi. « Je le fais sciemment et posément. Une imposture, c’est faire passer une idée pour une autre. Oui, c’est une imposture de prétendre qu’on peut prévoir le climat du globe dans un siècle, et que cette augmentation (de température) serait apocalyptique pour le monde. Les scientifiques--les vrais-- ne savent rien de cela. La deuxième imposture, c’est d’affirmer, au nom de la science, qu’il y aurait un lien entre les dégagements d’origine anthropique du CO2 et le climat. Tous les graphiques utilisés pour défendre cette idée se sont révélés, à l’examen, faux et truqués. C’est donc une imposture de la part des partis politiques verts de s’emparer de cette affirmation pour tenter de désorganiser notre société, alors que leurs leaders n’ont pour la quasi-totalité d’entre eux, aucune formation scientifique, et ne savent pas de quoi il s’agit.»

Heureusement, cette imposture climatique est enfin démasquée. Le GIEC, cet organisme politique onusien qui se prétendait le réceptacle de la science climatique, est désormais tellement discrédité qu’il convient de souhaiter son démantèlement. Les ayatollahs réchauffistes qui n’ont pas hésité à manipuler les données pour garder au CO2 son rôle de moteur climatique sont désormais disqualifiés. La fraude scientifique est avérée.

Depuis 15 ans, le taux de CO2 dans l’atmosphère continue d’augmenter (le graphique que le gourou de l’UQAC reproduit dans sa chronique est exact), mais, pour la même période, le réchauffement s’est arrêté. Mojuv Latif, pourtant membre du GIEC, annonce que «le globe va se refroidir pendant vingt ou trente ans». Cet arrêt du réchauffement est d’une très grande portée scientifique. Il signifie que la corrélation au cours du siècle dernier (corrélation intermittente, il faut le souligner : 1910-1940 et 1970-1995) entre le taux de CO2 et la température n’est pas causalité. Corrélation n’est pas causalité. Pour que ce soit le cas, il faudrait à tout le moins que la hausse de la température accompagne de façon constante et incessante la hausse du CO2. La réalité étant tout autre, il faut chercher ailleurs la cause des changements climatiques.

Le débat est donc loin d’être clos comme le prétend l’épiscopat réchauffiste dont fait partie le prélat Villeneuve. Et la communauté scientifique est maintenant profondément divisée sur le dogme du GIEC. La dissidence prend de l’ampleur. Et les hérétiques ne sont pas des «deux de pique». J’ai cité précédemment Claude Allègre. Mentionnons également, parmi les plus éminents, Richard Lindzen, Fred Singer, Marcel Leroux, Vincent Courtillot, Svenmark, Mir Shaviv, Richard Courtney, Pierre Gilles de Gennes (prix Nobel de physique). Au Canada, on peut citer Ian Clark, Timothy Ball, Tim Patterson, Graham Smith, Mitchell Taylor. Au Québec, personne! Sauf Reynald Du Berger, un géologue de l’UQAC. Mais il a dû attendre la retraite pour proclamer sa dissidence. Ici, au Québec, la science climatique est verrouillée, cadenassée. Dans les universités comme dans les médias.

Et s’il est vrai que la vérité scientifique ne se détermine pas par un vote chez les scientifiques, il n’en demeure pas moins que parmi les spécialistes américains du climat, comme nous le rappelle Claude Allègre, à la suite d’un scrutin organisé par la Société Météorologique Américaine, «50% d’entre eux ne croient pas à l’influence de l’homme sur le climat, 27% en doutent. Seuls 23% croient aux prédictions du GIEC». Le débat est clos, M. Gore?

Au Québec, il semble bien que oui. Chez-nous, ce sont les Claude Villeneuve, Hubert Reeves, Jean Lemire, Jacques Languirand, Charles Tyssère, Steeven Guilbeault qui régentent de façon totalitaire la science du climat transmuer par leurs soins en une religion anti-humaniste. Et aucun d’entre eux n’est climatologue!

Quand on voit que, partout dans le monde (aux États-Unis, en Europe, en Australie, en Asie), le dogme central du réchauffisme (l’être humain, responsable du réchauffement) est en train de s’effondrer, ici, chez nous, comme si de rien n’était, le prélat Vileneuve continue, du haut de sa chaire universitaire, de faire de la dérisoire comptabilité carbonique, toujours persuadé que le calcul méticuleux de l’empreinte carbone est une activité vitale et primordiale.

Évidemment, Monseigneur Villeneuve ne peut pas le moins du monde être atteint par le moindre doute sur la thèse (devenue dogme) du réchauffement provoqué par les émissions de CO2 de l’humanité. Sinon, c’est sa carrière, toute entière fondée sur la responsabilité humaine du réchauffement, qui perdrait subitement tout son sens et ce sont tous ces savants exercices de comptabilité carbonique qui apparaitraient comme totalement absurdes. Alors, il continue de prêcher et de calculer.

Je conclus cette «saute d’humeur» avec une citation du plus éminent climatologue américain, Richard Lindzen : « La notion d’un climat statique et immobile est étrangère à l’histoire de la Terre et de toute autre planète entourée d’une enveloppe fluide. Que le monde avancé ait donc pu succomber à l’hystérie à propos de changements de quelques dixièmes d’un degré déviant de la température globale moyenne ne manquera sans doute pas d’étonner les futures générations. Une telle hystérie reflète surtout l’illettrisme scientifique d’une grande partie du public, sa vulnérabilité à la répétition se substituant à la vérité, et l’exploitation de ces faiblesses par les politiciens, les environnementalistes et, après 20 ans de battage médiatique, par bien d’autres groupes d’intérêts.»

Jacques Brassard